Une vie psychosomatique, de Carl Watson

Merci à Livraddict et aux éditions Vagabonde de m’avoir permis de lire ce livre.

Présentation de l’éditeur : « J’ai vu toutes mes relations d’autrefois devenir des hommes d’affaires, des employés, des artistes, des poivrots et des contremaîtres de l’information. Moi, je ne voulais pas. Je ne voulais pas de ce genre de mort. Mais quelle différence finalement avec ma dévotion d’esclave pour le fantasme ? Je peux penser à toutes sortes de justifications rationnelles. Je peux attaquer n’importe quelle émotion sous n’importe quel angle, mais je ne peux plus juger de la nature de ce que je ressens ou de l’intensité de mes sentiments. »
Le chemin qu’emprunte cette histoire ressemble à celui du mouvement des nuages, ou à celui d’une boule de flipper qui, une fois catapultée, parcourt un chemin indéfini : un homme erre dans les rues, prisonnier de rêves violents, durs et absolus, dérouté ici par une ombre, un souvenir, là par un étrange assemblage de façades. Et il finit par échouer dans un endroit inconnu où il ne songeait pas à se rendre.

Mon avis : Une trentaine de pages, c’est le temps qu’il m’a fallu pour pénétrer le récit douloureux et labyrinthique de Carl Watson. Une fois cette étape franchie, j’ai enfin pu apprécié la poésie trash de ce roman d’une violence rare et pure. C’est la vie et la mort qui nous parlent à travers la libération des mots et des fluides, la haine et l’amour qui jaillissent en même temps dans un mélange de sécrétions à la fois sales et inaltérées, répugnantes et sincères.
Entre élévation et nausée, le lecteur plonge dans une ambiance gluante et fétide. La saleté s’écoule dans les égouts, la violence se déverse dans l’humain à l’image des excrétions et mucosités qui parcourent son corps, les pensées courent au même rythme dans l’esprit.
Un livre dans lequel on se perd, dans lequel on oublie où l’on en est tant les images s’enchevêtrent. On est bousculé, malmené même, d’une scène à une autre. Les séquences s’enchaînent, on n’en retient que les textures et les odeurs, toujours au bord du vertige.
Un livre pour lecteur averti, cristallin et nauséabond, qui sort des sentiers battus pour mieux nous traîner dans la boue.
Carl Watson est un auteur à suivre, Vagabonde, une maison à découvrir… Et chapeau bas pour le traducteur !

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