Je remercie vivement Livraddict et les éditions POINTS! J’ai véritablement dégusté ce roman!
Ce roman met en scène une famille noble après la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à nos jours.
Il débute avec le décès de Jean-André, le patriarche et la suite du récit sera une succession de scènes de vie. Nous suivons les enfants du défunt, André et Marguerite, ainsi que leur famille et proches au cours de leur vie.
Nous nous retrouvons face aux bassesses familiales, les mensonges, l’hypocrisie, les mesquineries, l’importance du statut social, les non-dits pour sauver les apparences…
Derrière ces scènes de vie est illustrée la chute de cette famille aristocrate au fur et à mesure que l’Histoire avance et que la modernité s’impose : l’après Seconde Guerre Mondiale, la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, mai 68, la place de l’Eglise dans une société qui évolue, la contraception, l’avortement, le chômage, le Sida…
Nous refermons le livre sur un décès, celui du fils du patriarche.
Ainsi la boucle est bouclée, nous avons suivi une génération et leurs efforts pour maintenir leur rang.
J’ai beaucoup apprécié la plume de l’auteur, qui est vraiment remarquable : on croirait lire un roman du XIXème siècle ! Le vocabulaire est pensé et recherché ce qui crée une certaine distance, voulue il me semble, entre le lecteur et les personnages.
J’ai pris beaucoup de plaisir à voir évoluer cette famille, à suivre les enfants, petits-enfants, à voir leur domaine et leur fortune évoluer.
Je conseille ce roman à tout lecteur qui a envie de passer un agréable moment de lecture !
Un petit plus bien utile : l’arbre généalogique en début de récit !!
Quelques passages :
p 401 « Notre décadence économique n’est qu’une apparence dans notre pudeur, ou notre fierté, habille notre décadence morale. Nous mourons, vois-tu, de la haute idée que nous avons de nous-mêmes, de notre supériorité intellectuelle que rien ne saurait entamer. Pourtant nous ne sommes ni cultivés ni curieux, nous ne sommes capables ni d’un sentiment spontané ni de réelles affection. Notre politesse nous pousse à des ridicules dont nous ne sommes même pas conscients. Nous pensons faire croire à l’autre que nous l’exhaussons par notre humble déférence, et nous nous flattons de nos stratagèmes. Nous sommes seulement incapables de sincérité et de justesse. Nous sonnons faux. »
p402 « Nous nous croyons les conservateurs de valeurs dont, disons-nous, le monde a besoin, sans même nous interroger sur leur pertinence […] Nous voulons transformer le monde, sans penser que c’est nous qui avons besoin d’être transformés. »
« Nous nous asseyons sur les fantasmes de la gloire familiale, sur les morts accumulés des générations passées, en pensant qu’ils nous élèvent, qu’ils nous donnent du monde un vaste panorama : nous ne sommes assis que sur un tas de ruines. »