Merci à Folio et à Livraddict de m’avoir permis de découvrir En Sibérie, de Colin Thubron.
Présentation de l’éditeur: La Sibérie : un immense nulle part, plus grand que les États-Unis et à peu près inconnu. Une terre dévastée que peuplent, entre usines en ruine et déchets nucléaires, des popes illuminés, des chamans égarés, des rescapés du Goulag – autant de fantômes s’acharnant à vivre malgré tout. Le célèbre écrivain-voyageur mêle le passé au présent, les paysages aux rencontres, pour nous offrir le portrait poignant d’une terre aux allures de prison.
Mon avis: Ce livre est un voyage extraordinaire au coeur d’une contrée dont les différents visages se mêlent et se fondent pour ne plus faire qu’un dans la crise sociale et identitaire. Car en Sibérie, davantage que l’exploration d’une région, est une galerie de portraits, à peine esquissés pour certains, plus travaillés pour d’autres qui ont en commun la détresse humaine. Que la crise traversée par les uns ou les autres soit économique ou religieuse, chacun peine à faire le deuil d’un idéal déchu auquel il ne parvient pas à substituer un autre modèle, que ce soit à l’échelle, politique, du pays, ou à l’échelle personnelle, de l’individu..
C’est pourquoi ce récit de voyage ne lasse pas, parce que le narrateur sait s’effacer lorsque c’est nécessaire, ou au contraire, confronter ses propres représentations à celle de l’autre, remettant en permanence l’homme au centre de sa réflexion.
On peut s’interroger sur la portée de ce livre, sur sa valeur de témoignage… J’y vois plutôt un questionnement identitaire, quasi-fonctionnel, car chacun s’efforce, tant bien que mal, à définir ou à (re)définir le rôle de cette Sibérie multiple et méconnue. On est tenté de répondre à la lecture du livre que, malheureusement, le délabrement idéologique, avec tout ce qu’il entraîne, constitue le socle commun de cette vaste contrée sinistrée.