Critiquer ou chroniquer les œuvres déjà bien ancrées dans le paysage littéraire m’ennuie. En revanche, parler des petites perles qui se cachent dans les profondeurs de l’océan, ça, j’adore. J’ai l’impression de participer à la pêche et de contribuer à leur découverte.
« La 3e guerre » fait partie de ces nacres, qu’on peut passer des heures à contempler. Pourquoi ?
D’abord, il s’agit d’un roman d’espionnage, genre très délaissé depuis quelques décennies, et qui gagnerait pourtant à être redécouvert par les temps qui courent ! Plonger dans les rouages de notre monde, même si c’est « pour de faux », apporte un recul et une base de réflexion que je juge vital à l’heure actuelle. Nous remettre à nous mêler de ce qui nous regarde (politique, économie, pouvoirs, démocratie…), devient urgent, et ce type de livre nous y aide énormément, parce qu’il nous réconcilie doucement et de façon ludique, avec notre statut de citoyen. C’est donc fort intéressant, voire d’utilité publique par moments !
Ensuite, il s’agit d’un roman d’espionnage écrit par une femme ! Et là, attention : ça change beaucoup de choses. L’action fusionne avec la finesse psychologique, ce qui enfante des personnages fascinants, attachants pour certains, abjects pour d’autres. Tous sont bien campés, tous ont une identité, et ce petit plus dote l’intrigue d’une saveur complexe et supplémentaire, digne des meilleures épices ! Par ailleurs, l’envergure du propos, son « message » prend une tout autre ampleur. On y parle d’autre chose que d’armes ou d’assassinats, de stratégies ou de missions avortées : on y parle des ondes de choc générées par les actes. On y parle du monde, des émotions, de l’humanité, de son devenir… Dans ce livre, tout est prenant, parce que le propos touche à l’universalité.
Enfin, il s’agit d’un roman d’espionnage dont l’intrigue est aussi solide que la documentation sur laquelle elle repose. L’histoire est très bien conçue, pleine de rebondissements, d’action, d’émotions et de conflits entre camps, mais dans le même temps, on apprend ! On découvre, on s’interroge, on a l’impression de se voir dans les pages, et on ne peut plus rester indifférent. Notre monde s’étend là, sous nos yeux, terriblement « vrai », et on se demande où s’arrête la fiction et où commence la réalité. Je trouve que c’est une valeur ajoutée pour un livre. C’est valable pour tous les genres, mais à fortiori avec ce type de roman.
En conclusion, »La 3e guerre » est une pépite. C’est très bien écrit (apparemment l’auteure est scénariste, c’est donc une professionnelle de l’écriture), c’est palpitant comme un film, et ça vous prend aux tripes… Que demander de plus ?… Moi je suis en train de le relire, parce que j’ai besoin de retrouver ses personnages, et de mieux décrypter les infos que l’auteure nous donne… J’encourage vivement ceux qui cherchent une lecture riche à plonger dans ce roman !
D’ailleurs, je suis heureuse d’avoir été confortée dans mon opinion par cette critique publiée par un spécialiste des polars sur Mediapart :
http://blogs.mediapart.fr/edition/la-cr … triomphait
Bonne découverte amis bookivores !