J’ai choisi ce livre à l’aveuglette : le résumé me plaisait bien mais je ne connaissais ni l’auteur, ni les thématiques évoquées par le quatrième de couverture. J’ai eu la chance de le recevoir en partenariat avec les éditions Folio, que je remercie encore de tout cœur !
C’est l’histoire d’un groupe de musiciens au sein duquel se vit un drame, qui est la mort soudaine de la chanteuse. Depuis que le décès de Dulce a été annoncé, chacun la pleure et se remémore ses souvenirs avec elle. Dulce était la compagne de Couto avant d’épouser Gomes, un homme haut placé qui la connaissait à peine mais qui a eu le toupet de lui en faire la demande -il faut croire que les hommes riches n’ont peur de rien !
J’ai apprécié les personnages et la façon dont on entre dans leur vie : directement, sans préambule. L’immersion est immédiate. D’ailleurs dans un premier temps, le style de l’auteur m’a déconcertée. Le récit s’articule autour du processus du deuil : la stupéfaction arrive en premier, puis est suivie par le chagrin (qui constituent bien sûr les réactions classiques).
Couto et les autres membres du groupe Mama Djombo ont tout pour être sympathiques : ce sont des révoltés contre le gouvernement face auquel ils sont de bien trop « petits poissons ». Leurs bavardages portent souvent sur la corruption qui les entoure, et les vices d’un système qui maintient au pouvoir les hommes les plus malhonnêtes (cela nous rappelle peut-être quelque chose ?)
Le roman illustre parfaitement la manière dont la musique se trouve au cœur d’une vie, comment elle tisse des liens entre les êtres, des amitiés aussi bien que des amours. Les chansons composées ensemble par les membres du Mama Djombo deviennent comme une sorte de guide dans leur existence, sans compter que leur musique est mythique. Toutes les personnes qu’ils croisent en ont entendu parler, et sont même surpris de rencontrer ceux qui ont participé à cette aventure exceptionnelle du Mama Djombo.
Au cœur de ces pages, on apprend aussi (entre autres) combien c’est dur d’être loin de chez soi, on y trouve des morceaux de vie. C’est finalement le récit d’un homme qui a perdu la femme qu’il aimait du vivant de celle-ci, même si sa disparition physique met un point final à leur histoire. Elle en a épousé un autre, et par ce choix il avait dû renoncer à elle bien avant qu’elle ne meure.
Ainsi, quand un concert en hommage à Dulce doit avoir lieu, il émet le vœu d’en faire un moment crucial qui aide à réaliser que ce qui se passe n’est pas un rêve, et qu’il va falloir composer avec cette nouvelle réalité.
A travers l’expérience de Couto, on ressent toute la complexité de l’expérience de la perte. Au-delà de nos masques sociaux reste ce qui nous tient debout, ce qui nous fait avancer, ce qui fait que nous nous levons chaque matin : l’amour, le désir, la passion dévorante que nous pouvons ressentir pour un autre être.
Couto collecte ses souvenirs, ceux du temps où Dulce et lui étaient encore amants. J’ai trouvé ce voyage dans leur intimité particulièrement bien rendu. On découvre ce qu’ils partageaient, les facéties de leurs amis qui étaient peu désireux de les voir prendre des chemins opposés… Au final, ce qui lie les membres du groupe, c’est à la fois leur passion pour la musique qu’ils créent ensemble – et la fierté qu’ils en retirent-, leurs positions politiques et leur affection pour Dulce.
J’ai trouvé la narration extrêmement bien faite, puisqu’ elle nous fait ressentir les émotions des personnages, elle nous permet de deviner comment ils vivent leur vie, tellement liée à la musique à qu’elle est rythmée par celle-ci. On est immergé dans la chaleur, la moiteur dans laquelle vivent les personnages ; celle qui accentue les rapprochements entre les corps et peut – être aussi entre les esprits.
Je ne savais pas quoi attendre de ce roman, ne connaissant pas l’auteur. Au final j’ai été agréablement dépaysée par cette histoire, et j’ai trouvé beaucoup de charme à ce récit. Je le recommanderais aux lecteurs curieux, et aux amateurs de musique !