J’ai séjourné en hôpital psychiatrique. Pas de quoi fouetter un chat sauf lorsque, comme moi, vous êtes fils de stars. Par crainte du scandale, mes parents m’ont expédié loin d’Hollywood, dans la vieille Europe. Les meilleurs spécialistes m’ont déclaré guéri. En vérité, la thérapie a échoué. Les songes ont repris, plus dangereux que jamais. Malgré moi, je me trouve mêlé aux intrigues de puissants Rêveurs. Des gens charmants et bien décidés à m’éliminer, mais avec élégance. M’entêter serait totalement déraisonnable. Pourtant, deux plaies à vif m’empêchent de tourner la page… La première est une fille. La seconde, une soif de vengeance. Je m’appelle Walter Krowley. Vous tenez mon journal intime. Prenez-en soin. Ce livre pourrait devenir mon testament…
Mon avis :
Tout d’abord, ce livre est un plaisir en tant qu’objet. Compact, un peu lourd (le poids du bon papier, j’adore), avec une couverture onirique à souhait, c’était déjà un plaisir au sortir de l’enveloppe. Plus une magnifique dédicace – rouge sang, faut-il trouver ça inquiétant, comme entrée en matière ?
Mais l’essentiel, c’est quand même l’histoire. Celle de Walter Krowley est du genre qui donne le vertige, mais un vertige sacrément addictif. Entre éveil et rêve, c’est parfois difficile de faire la différence, et chaque chapitre réserve une nouvelle surprise. À Doowylloh comme à Sellexurb, rien n’est facile pour le Rêveur débutant qui apprend les règles sur le tas… pour ne pas les respecter, la plupart du temps. Dans le monde des rêves, Walter Krowley est complètement incapable de suivre des consignes sans se mettre dans la panade. D’ailleurs, quand il suit les consignes aussi, il se met dans la panade. Et quand il se réveille, ce n’est pas dit qu’il en soit sorti…
J’ai autant aimé la relation explosive de Krow avec Banshee que son introspection au fil de ses rencontres avec tous ceux qui peuplent le monde des rêves, la quête sans fin du graal des Oniromanciens. Mais à quoi peuvent bien ressembler tous ces personnages quand ils ne dorment pas ? D’un bout à l’autre cette histoire est parfaitement déjantée, un peu effrayante, et surtout éminemment poétique, avec un langage pour le moins imagé qui lui donne son rythme enlevé, sinon échevelé. À lire avant d’aller s’endormir, pour voir d’un autre œil l’univers de nos propres rêves. Mais il faut s’y prendre assez tôt, parce que le risque est élevé de ne pas pouvoir le lâcher avant la dernière page.
Merci beaucoup à Anthelme Hauchecorne, à L’Atelier Mosésu et à L@ pour ce superbe partenariat, un vrai cadeau de Noël avant l’heure !