Merci aux éditions Baudelaire de m’avoir permis de lire Les passagers de la pluie, de Claire Jeannerod Chastan. Merci à elles d’avoir joint à leur envoi le dossier de presse du livre, qui a retenu mon attention.
Présentation de l’éditeur : « David ouvrit la porte et l’odeur le saisit, comme la veille au bord du gué ce relent de poudre à canon et de silex battu. Une lumière hésitante d’aube noyée se levait sur la campagne brune et grise. La rivière hors de son lit avait rejoint les eaux ruisselantes, les eaux jaillissantes, les eaux dormantes et stagnantes, pour ne former plus qu’un immense lac sur lequel flottait la maison comme une île. De la terre gorgée sous les montagnes assommées de pluie, des ravins sonores et de leurs sources renaissantes, des arbres froids inondés jusqu’à mi-tronc, montaient par milliers des petits bruits de goutte à goutte, de ventouses, de succion, de baisers mouillés. L’air saturé d’eau contenait la menace des pluies prochaines, à peine retenues pour un semblant de répit matinal. David resta figé devant ce spectacle, frissonnant sur le seuil au paillasson mouillé. Puis il entendit, à des voix derrière la porte, à des bruits de vaisselle et de chaises déplacées, que du monde s’était levé et s’activait dans la cuisine. »
Mon avis : Avec Les Passagers de la pluie, Claire Jeannerod Chastan signe un drôle de roman gigogne qui mélange habilement les genres et les histoires. L’histoire s’ouvre sur la triste vie de Béatrice qui s’ennuie auprès de son mari, jusqu’à ce que se produise l’inattendu.
Béatrice, comme une dizaine d’autres personnes, va se trouver coincée dans une maison isolée suite à l’avènement de pluies torrentielles et des inondations qui s’ensuivent.
Après le récit de sa vie morne en province s’ouvre celui de la rencontre improbable d’individus d’horizons différents qui tentent, ensemble d’assurer leur survie. L’histoire prend encore un nouveau tour lorsque l’on apprend que ces personnes sont, malgré elles, les candidates d’un jeu de télé-réalité. Ce dernier rebondissement est peu plausible et un brin retors, mais si on l’admet, il donne à la narration un tour encore différent. Alors, comme les naturalistes, qui prétendaient placer leur personnage dans le laboratoire de leurs romans pour mieux observer le comportement humain, l’auteur place ses personnages au cœur du drame, et les examine, sans juger ni intervenir, au contraire de ce que fait la production de l’émission qui, elle, juge, intervient, et flatte pour séduire. Ce qu’elle ignore encore, c’est qu’elle aussi, évolue sous un autre regard attentif.
J’ai découvert avec plaisir Claire Jeannerod Chastan. Elle n’en fait pas trop, manie très bien le discours indirect libre dans une prose fluide et agréable. La lecture des passagers de la pluie a été un plaisir.