Je suis une grande fan de Fred Vargas, l’archéologue-auteur de romans policiers que j’ai découverte il y a quelques années grâce à un livre offert. J’ai déjà présenté son oeuvre en général sur notre forum, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de lire tous ses romans. Hier, je suis tombée par hasard sur un recueil de nouvelles policières, à ma connaissance les seules histoires courtes qu’elle ait publié, et je l’ai bien sûr dévoré en deux heures. Quelques mots sur cette découverte récente…
En 120 pages environ, Fred Vargas nous présente trois histoires, de la plus longue à la plus courte: « Salut et Liberté », « La nuit des brutes » et « Cinq francs pièce ». On y découvre un vieux tailleur qui s’installe sur le banc public en face du commissariat juste le jour où Adamsberg commence à recevoir les lettres anonymes d’un meurtrier impuni; une Cendrillon qui se noie le soir de Noël; un clochard vendeur d’éponges et témoin d’un meurtre en fourrure… le tout tandis qu’à côté coule la Seine.
Mon avis:
La nouvelle est un genre difficile: il faut, en un nombre limité de pages, dresser un décor, présenter des personnages et développer une intrigue. C’est d’autant plus compliqué quand il s’agit d’histoires policières, qui doivent par définition être chargées de mystère et développer un suspense qui surprenne à la fois le lecteur et les personnages. Et c’est un véritable défi quand, en plus de ça, l’auteur a accroché son public grâce à la profondeur de personnages atypiques, que ce soient les héros (Adamsberg, Danglard) ou les personnages secondaires, lesquels méritent une description poussée.
Pourtant, Vargas s’en sort haut la main. A l’exception peut-être de la première nouvelle, où j’ai trouvé le dénouement un peu brutal, elle ne compromet ni la qualité de ses intrigues, ni le relief de ses personnages. En quelques pages seulement, on apprend à connaître Adamsberg si on ne l’a jamais croisé, ou on redécouvre de nouvelles facettes de sa personnalité brumeuse s’il nous est familier; et on voyage dans la vie et la tête de nouveaux héros passagers, le tailleur ou le clochard. Les mystères sont bien entendu moins complexes que dans les romans, mais Vargas prend le temps de nous laisser savourer son petit monde parisien centré autour de la Seine. J’ai particulièrement aimé la dernière nouvelle, la plus courte, où Adamsberg est vu de l’extérieur, au travers des yeux du témoin. Pour la première fois il mène l’interrogatoire, et en quelques questions et réponses se dessinent sa méthode et son caractère si particuliers. Une façon agréable de le redécouvrir.
La question est: pour ceux qui ne connaissent pas du tout Vargas, ce petit livre très court constitue-t-il une bonne introduction ? Ce n’est pas impossible, car tous les ingrédients de son succès y sont, en condensé. Pourtant, je ne suis pas sûre de le recommander; il manque malgré tout le plaisir des longues intrigues bien ficelées, la petite touche de légende qui parsème la plupart de ses oeuvres, et la découverte en profondeur de ses personnages si typés. Je continue à penser que pour entrer dans le monde de Vargas, la meilleure porte reste « Pars vite et reviens tard ». Mais si vous avez déjà fait sa connaissance, alors jetez vous sur ce petit recueil savoureux !
J’ai jamais tenté du vargas, peut être avec ces nouvelles pourquoi pas
Ca vaut le coup de tenter, en tous cas 🙂