Merci à Livraddict et aux éditions Calmann-Lévy pour ce partenariat.
Présentation de l’éditeur : Elle s’appelait Henrietta Lacks, mais les savants n’ont retenu de son nom que deux syllabes : HeLa. Elle travaillait dans les champs de tabac du Sud des États-Unis où besognaient ses ancêtres esclaves, mais ses cellules, prélevées à son insu, sont devenues l’un des outils les plus précieux de la médecine moderne. Emportée par un cancer foudroyant, en 1951, à l’âge de 31 ans, elle a contribué sans le savoir à la mise au point du vaccin contre la polio, au décryptage des tumeurs et des virus, à la mesure des effets de la bombe atomique, et à des avancées telles que la fécondation in vitro, le clonage ou la thérapie génique.
Mon avis : Dans La vie immortelle d’Henrietta Lacks, Rebecca Skloot retrace deux parcours, celui de cette jeune femme noire née dans un milieu pauvre et ostracisé, décédée dans sa prime jeunesse d’un cancer du col de l’utérus, et le sien, celui de la journaliste qui retisse la toile de l’histoire à mesure des rencontres avec les médecins et les membres de la famille. L’un et l’autre sont semés d’embûches. Henrietta est trop fière pour se plaindre, et sa famille, trop enfermée dans l’injustice subie pour souhaiter en parler, ce qui complique grandement le travail de l’auteure.
La vie immortelle… se situe à mi-parcours entre oeuvre journalistique et roman, et s’il faut saluer les qualités documentaires de l’ouvrage, ses qualités littéraires, louées par le Figaro (entre autres) ne sont pas à la hauteur des éloges, conséquence nécessaire – à mon avis – d’une volonté de conserver une certaine objectivité sur les événements.
Sur le plan purement journalistique, La vie immortelle… fait l’effet d’un travail extrêmement bien documenté sur l’existence d’Henrietta Lacks qui, ironie du sort, engendre, en quelque sorte, deux descendances : une progéniture socialement démunie, d’une part ; et un héritage moléculaire florissant, d’autre part, puisque les cellules d’Henrietta se trouvent aujourd’hui dans tous les labos du monde et se vendent à prix d’or. A ce propos, on peut applaudir Rebecca Skloot, qui, en excellente journaliste scientifique, parvient à mettre le discours médical à la portée du lecteur. Après avoir lu ce livre, la mitochondrie n’aura plus de secret pour vous.
Le grand défaut de ce livre ne lui est, à mon sens, pas intrinsèque, mais résulte de la couverture médiatique dont il a fait l’objet. La vie immortelle… est une œuvre qui suscite l’intérêt du lecteur, se lit bien, en bref, qui a toutes les qualités d’un excellent document pédagogique. L’ouvrage interroge, pose des problèmes sociaux, ethiques aussi bien que législatifs, sans susciter la confusion ni provoquer l’ennui. Par contre, il me semble que lui assigner l’étiquette d’ « objet littéraire » est une erreur, erreur qui a entraîné chez moi une forme de déception, liée au fait que le livre n’avait pas les qualités littéraires que je m’attendais à y trouver.
Je conclurai en disant que j’ai éprouvé beaucoup d’intérêt à la lectuer de La vie immortelle…, et que c’est un ouvrage documentaire tout à fait passionant.