C’est la panique au paisible camp de touristes de Jackalberry, au cœur de la jungle du Botswana : deux vacanciers sont retrouvés assassinés. Le coupable semble tout désigné, puisque l’un des résidents est parti à la hâte le matin même, sans laisser de traces.
L’inspecteur David Bengu, alias « Kubu », est chargé de l’enquête. Rien ne semble relier les deux meurtres, mais Kubu n’est pas au bout de ses surprises lorsqu’on découvre que le principal suspect n’est pas celui qu’il prétend être et que Goodluck Tinubu, l’une des victimes, est mort depuis trente ans !
Entre intrigues politiques, sombres histoires du passé et desseins personnels, l’inspecteur Kubu doit résoudre une affaire complexe, au péril de sa propre vie et de celle de ses proches.
Derrière Michael Stanley se cachent Michael Sears et Stanley Trollip, tous deux originaires de Johannesburg et professeurs d’université. Après Un festin de hyènes, on retrouve ici l’inspecteur Kubu pour une nouvelle enquête palpitante.
Mon avis :
Entre histoire coloniale de l’Afrique australe et actualité d’un pays indépendant, j’ai aimé cette enquête policière qui exploite un cadre original et exotique (pour moi du moins), sans tomber dans le cliché touristique. Le Botswana, ce n’est pas que les bushmen qui vivent dans le désert du Kalahari ou les expéditions de Nicolas Hulot et consorts. Au Botswana, il y a aussi des embouteillages et des meurtres. Au Botswana, ce sont les crocodiles et les éléphants qui dissimulent les preuves. C’est le mélange des progrès techniques « à l’occidentale » avec les caractéristiques uniques d’un pays qui donne à ce roman son originalité.
L’intrigue est classique mais bien troussée, avec un suspect tellement évident qu’il est tout aussi évident que ce n’est pas lui le coupable, des enquêteurs qui reconstituent un puzzle aux pièces soigneusement mélangées, plusieurs affaires qu’on devine forcément liées. Il y a un peu de Miss Marple, une pincée de Sherlock Holmes et Watson, un soupçon d’Hercule Poirot dans cet inspecteur Bengu, alias Kubu, l’hippopotame, tant pour son physique impressionnant que pour son caractère faussement placide. En le suivant dans sa vie professionnelle mais aussi privée grâce aux péripéties qui mêlent ces deux mondes, on pénètre dans la vie quotidienne botswanaise, ses traditions familiales et sa culture gastronomique. On lève aussi un pan du rideau sur une histoire coloniale pas toujours radieuse, aux événements tragiques qui ont laissé des traces bien des années plus tard.
Le style est enlevé, avec juste ce qu’il faut de mots « exotiques » pour transporter le lecteur en Afrique sans le perdre complètement (un petit glossaire à la fin joue parfaitement son rôle de filet de secours culturel), un bon équilibre entre rythme et détails pittoresques, et une jolie brochette de personnages secondaires.
Au final, j’ai passé un très agréable moment sur les pas de l’inspecteur Kubu et je remercie beaucoup les éditions JC Lattès et Livr@ddict pour ce partenariat dépaysant !
Michael Stanley
La seconde mort de Tinubu
JC Lattès, 548 p, 2011
Traduit par Nicolas Thiberville