Si j’ai accroché au Steampunk grâce à Tim Powers et à ses Voies d’Anubis, c’est bien Neal Stephenson qui m’a converti au Cyberpunk. J’avais pourtant lu – et apprécié – Neuromancien et Mona Lisa s’éclate, tous deux écrits par William Gibson (un pape du genre), mais c’est la séquence d’introduction de Snow Crash, totalement ébouriffante et menée à du 200 à l’heure, qui a provoqué le déclic.
Neal Stephenson réussit dans cet opus à amalgamer deux concepts à la rencontre improbable, l’univers virtuel informatique et la civilisation sumérienne, première à avoir inventé l’écriture. Le point de rencontre de ces deux idées est la notion de virus, aussi bien biologique qu’informatique.
Stephenson n’hésite jamais à prendre le temps d’expliquer en détail les concepts qu’il a imaginés et est doté d’un humour très pince-sans-rire. Ainsi, le personnage principal, Hiro Protagoniste (sic), programmeur réputé, est livreur de pizza pour CosaNostra, la branche commerciale de la Mafia dans le monde réel. Il est aussi l’un des créateurs du Métavers, un gigantesque univers virtuel auquel plusieurs millions de personnes peuvent se connecter.
Un jour, il rencontre Y.T., une jeune kourrière de 15 ans, dont le travail consiste à transporter des colis en planche à roulettes futuriste. Y.T., dont le nom se prononce presque comme « Whitey » (Blanche-Neige), est d’origine aléoutienne.
La mère de Y.T. travaille pour le gouvernement américain. Quand elle s’est engagée à son service, elle lui a donné tous les droits sur sa vie : sa maison est truffée de micros et de caméras espions. Espionnée 24 heures sur 24, elle doit respecter une réglementation kafkaïenne et changeante, et passe régulièrement au détecteur de mensonges. Un exemple truculent de nouvelle réglementation, concernant l’utilisation du papier toilette, est d’ailleurs donné dans le chapitre 37.
Tous deux vont s’attaquer aux trafiquants d’une nouvelle drogue, le Snow Crash, qui commence à faire des ravages, aussi bien dans le monde réel que dans le monde virtuel…
Extraits choisis:
Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des choses qui se passent dans la plupart des églises chrétiennes n’ont absolument rien à voir avec la vraie religion. Les gens intelligents s’en aperçoivent tôt ou tard, et ils en concluent que les cent pour cent tout entiers c’est de la crotte de bique, ce qui explique que l’athéisme, dans l’esprit de la majorité des gens, soit synonyme d’intelligence.
A CosaNostra, il n’y a pas d’esprit de compétition. Ce serait contraire à l’éthique de la Mafia. On ne bosse pas plus dur parce qu’on est en concurrence avec quelqu’un, à l’autre bout de la rue, qui pratique la même opération, on bosse plus dur parce qu’on joue le tout pour le tout. On joue son nom, son honneur, sa famille, sa vie.
Si elle bousille cette mission, ça signifie qu’elle trahit Dieu, qui peut exister ou ne pas exister et qui, de toute manière, est capable de pardonner. Mais la Mafia existe bel et bien, et ses critères d’obéissance sont plus élevés.
Hop, ajouté à la WL ! Est-ce que les personnages sont aussi intéressants que l’écriture semble l’être ou bien est-ce que l’univers et les péripéties font l’essentiel de l’oeuvre ?