Les menaces qui pèsent sur Basse-Fosse sont nombreuses et variées… Les multiples guerres ont déjà ravi leur quota d’hommes, mais nul fléau ne fût plus redoutable et meurtrier que la grande peste qui prit la vie, sans distinction d’âge, de classe sociale ou de sexe, de milliers d’habitants de la cité. Fort heureusement, le bouclier magique créé par le Héron protège de nouveau la population. Jusqu’au jour où une nouvelle menace va poindre dans Basse-Fosse…
Des enfants disparaissent pour être retrouvés plus tard, le corps inanimé, dans de sombres ruelles. Prévôt, un ancien enquêteur au service de la Couronne, destitué de ses fonctions pour une mystérieuse raison, est devenu un dealer craint et respecté et le fournisseur principal de tout Basse-Fosse. Accro lui-même au souffle de farfadet, il va se retrouver mêlé à cette sombre affaire. Son enquête pour retrouver l’assassin va le replonger au cœur d’un sombre passé…
Certes, on ne peut pas dire que l’histoire de l’anti-héros tombé en disgrâce mais dont l’aide s’avère nécessaire pour sauver la situation soit vraiment originale, loin de là… Mais cela n’empêche pas non plus de passer un très bon moment en compagnie de cette gueule cassée qu’est Prévôt ! Daniel Polansky joue au contraire sur la noirceur et l’ambiguïté de son personnage. Les valeurs nobles côtoient les instincts les plus vils et les plus sombres chez cet homme qui a connu la misère, la faim et la violence d’une vie passée dans la rue et c’est justement ce qui le rend intéressant. La soif de justice se mêle au goût du sang, le rendant impitoyable envers ses ennemis.
J’ai aimé également ce décor médiéval austère et crasseux, où le danger guette à chaque coin de rue. La tension engendrée par les meurtres bouillonne et ne cesse de croître au fur et à mesure que l’enquête avance, s’emparant du lecteur avec une redoutable efficacité… On se promène avec aisance entre les différents cercles de la ville, des plus pauvres aux plus nobles, mais liés tous deux par un même goût pour l’alcool et la drogue. L’écriture de Daniel Polansky est agréable, fluide, presque trop littéraire pour ce décor brut, sale et hostile. Si « Le baiser du rasoir » n’est pas spécialement un coup de cœur, j’ai néanmoins passé un très bon moment de lecture.
Je tiens à remercier les éditions Folio et Livraddict pour ce partenariat.