Merci à Livraddict et aux éditions Atria pour la lecture de Mémoires d’un tas de charbon.
Présentation de l’éditeur:
À la nouvelle du décès du dernier de ses amis d’enfance, Manu éprouve le besoin d’écrire ses mémoires. Il raconte l’année de ses treize ans ; il raconte ses amis Jaku, Belette et Deschamps ; il raconte surtout l’enlèvement de Tiphaine, six ans, un soir de 14 Juillet. Deschamps dit alors savoir que c’est l’œuvre d’un marginal du nom d’Adam Rose… Ils décident de lui rendre visite mais Rose tente de s’enfuir… Chaque jour, enlèvements, viols, homicides, tortures et autres monstruosités défraient la chronique. Quels monstres se cachent derrière ces crimes dont les mobiles nous paraissent souvent si dérisoires ? Voilà le propos défendu par l’auteur, Thierry Declercq. Ici pas de héros, mais des personnages simples et profondément humains. Il plante le décor, une petite ville du Nord de la France et il observe, sans jugement, avec même une sorte d’affection, les monstres qui évoluent là, incognito, parmi les gens du commun : une voisine cupide, un ami fragile, un autre trahi, un amant éconduit, un gamin battu… des monstres en devenir…
Mon avis:
Peut-être faut-il lire aussi avec affection et sans jugement.
Au cours de ma lecture, j’ai croisé ceci:
« Le goût de la fumée me donnait la nausée et les premières choses que je fis furent de me brosser les dents et de prendre une bouteille d’eau fraîche dans le réfrigérateur. Je l’ai vidée d’un trait. Je suis passé à l’étage »(p.71)
« Et peu importe son aspect décrépit: qu’à la place des sièges ne restaient que des amas informes et rouillés; que le tableau de bord reposât sur le plancher et que deux vitres fussent brisées. »(p.78)
Je me demande ce qui justifie dans le premier extrait le passage du passé simple au passé composé, et dans le second, la coordination de trois propositions subordonnées complétives sous la portée du même verbe, l’une à l’imparfait de l’indicatif, l’autre à l’imparfait du subjonctif. L’orthographe m’a également posé problème et à plusieurs reprises, l’accord verbal m’a semble hasardeux, en particulier lorsqu’il s’agissait de formes au participe-passé. Je m’interroge sur l’emploi du subjonctif imparfait et du conditionnel passé première forme dans un texte écrit en langage familier, empruntant même parfois au registre vulgaire.
J’ai l’air de pinailler. C’est peut-être effectivement le cas, mais j’appartiens à une catégorie de lecteurs chatouilleux qu’une langue mal maîtrisée rebute. Le texte est jalonné d’erreurs du même acabit que celles que je viens de relever et cela a constitué pour moi un véritable obstacle à l’accès à l’histoire.
Celle-ci, centrée autour de l’enlèvement et du meurtre d’une petite fille au sein d’une petite communauté, ne m’a pas enthousiasmée, mais il m’est difficile de déterminer si cela est lié à la présence de nombreuses difficultés syntaxiques ou à autre chose. Peut-être l’auteur parvient-il à construire un rythme narratif, qui m’aura échappé. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas « rentrée » dans l’histoire.
Je pense que c’est regrettable, car on sent qu’il y a là une véritable envie de raconter, et une certaine capacité à se mettre dans la peau de personnages variés et à construire des points de vue différents sur le monde et les choses, ce qui place le lecteur dans la position d’un spectateur neutre. En effet, l’auteur envisage l’enlèvement de la petite fille du point de vue de plusieurs personnages qui ont chacun vécu l’événement à leur manière et on est rendu témoin de logiques et de calculs parfois froids ou cruels sans être invités à juger. La trame narrative n’est pas linéaire, du fait de ces différentes focalisations, mais elle demeure suffisamment saillante pour que le lecteur ne s’y perde pas et navigue dans l’histoire avec une certaine aisance. En revanche, certains passages m’ont parfois parus superflus: les faits se sont déroulés au cours de l’enfance du premier narrateur, et c’est la mort d’un de ses camarades de l’époque qui ravive les souvenirs, malgré cela, le lien entre passé et présent n’est pas exploité, ou alors ça m’a échappé.
Mémoires d’un tas de charbon m’a fait l’effet d’un livre maladroit, en devenir, dans lequel une partie du travail de correction et d’édition reste à faire.
Et la couverture! Elle m’a plu, c’est ce qui m’a amenée à lire le livre. Comme quoi…
Dommage, le résumé avait l’air prometteur.