Les Pierres du Rêve
Laurent Whale
Éditions Multivers 2016
E-book (177 pages)
http://www.livraddict.com/biblio/book.php?id=131523
« Les apparences sont souvent trompeuses, c’est une des premières règles que j’ai apprises. Alors, lorsqu’une blonde éplorée, carrossée comme un intercepteur buréen, vient vous demander assistance, vous subodorez une sacrée galère ! »
Dans ce monde où la nostalgie se meurt, la réalité n’est-elle que faux-semblants ?
Une vérité peut en cacher une autre. Les mondes parallèles se croisent et ne se ressemblent pas forcément. Nelson y plonge. Enquête. S’y noie. Y revit. Dans ce carrousel de mort, les noms tourbillonnent ; mais que sont les noms, sinon des étiquettes posées sur du vent ?
Depuis les colonies spatiales jusqu’aux cavernes de Bura-Pela, en passant par les bas-fonds de New Angeles, sa balade tragique tourne au vinaigre. Une course folle pour la vérité. Une course pour la vie. Et pourquoi vivre, si l’on ne rêve pas ?
Entre humour grinçant et règlements de comptes, Nelson promène sa nonchalance d’un autre âge à la face de ses contemporains excédés. Il y a de l’acide dans son scotch. Et ça, ça le met vraiment de mauvais poil, Nelson.
Mon avis :
Nelson Burett, détective de son état sur une planète Terre pour le moins décalée – habitant d’une Chinamérique où les mariages mixtes entre Afros et Blancs ne sont pas très bien vus par la majorité noire, fan de l’archétype du privé incarné par Humgart Bophrey dans les vieux tridis d’avant la conquête spatiale –, se trouve embringué dans une sombre histoire le jour où une cliente à la plastique très pneumatique se présente dans son bureau. Son parcours semé d’embûches et de cadavres aux quatre coins du système solaire débordera largement du cadre d’une « simple » enquête et bouleversera sa vie.
Les Pierres du Rêve, pour moi, c’est un petit collier de pépites. C’est le type de roman que j’adore : côté SF, des planètes lointaines, des formes de vie étranges (j’ai un moment pensé à Anne McCaffrey et à son « Gemme Truc » mangeur de crystal), un univers parallèle plein de clins d’œil à notre monde, d’ailleurs je n’ai pas encore trouvé tous les calembours glissés dans les moindres noms propres. Côté polar, il se trouve que je suis fan de Nestor Burma, de son humour cynique et de son regard désabusé sur le monde : ce livre avait tout pour me plaire !
J’ai dévoré cette enquête dont l’écriture rythmée reflétait bien le rythme effréné des voyages de Nelson Burett à travers la galaxie. Comme Nestor Burma, ce détective est un romantique qui cache son cœur d’artichaut sous un costume de dur sans beaucoup de succès. Le pauvre en aura vu de toutes les couleurs…
Aventures rocambolesques, humour, espace, le tout saupoudré d’un soupçon de philosophie sur notre place dans l’univers, sur ce que nous faisons subir à l’humanité et à notre planète pour les sous, toujours les sous. Un kaléidoscope difficile à décrire en détail sans gâcher le plaisir de la découverte, mais qui vaut le détour.
SF + policier : le mélange des genres passe très bien. Il se trouve que j’ai relu en début d’année les Histoires mystérieuses d’Isaac Asimov, où l’auteur expliquait dans les années 1960 qu’il avait voulu relever le défi de marier intrigue policière et science-fiction. Laurent Whale démontre lui aussi qu’on peut écrire des histoires déjantées, mais qui tiennent la route.
J’ai quand même une critique à faire à ce roman : 177 pages, c’est vraiment trop court à mon goût, tellement ce roman se lit vite.
Merci beaucoup à L@ et aux Éditions Multivers pour cet agréable moment de distraction !