Last Exit to Brooklyn d’Hubert Selby Jr.

Last exit to BrooklynTitre : Last Exit to Brooklyn
Auteur : Hubert Selby Jr.
Éditeur : Albin Michel, « 10/18 », 2014 (pour la traduction française)
Traducteurs : Jean-Pierre Carasso et Jacqueline Huet
Genre : contemporain
378 pages

Difficile de résumer l’histoire de Last Exit to Brooklyn, sinon qu’en disant de cet ouvrage déculottant qu’il s’agit d’une collection de récits plutôt sordides mettant en scène divers personnages archétypaux des bas-fonds de Brooklyn – Harry le salaud, Vinny le truand, Georgette la folle et leurs comparses, réunis chez le Grec ou chacun chez soi, y (sur)vivent dans un univers halluciné où les espoirs sont déçus plus souvent qu’autrement.

Je dois dire que j’ai d’abord été un peu heurtée par cette lecture – la misère qui se dégage de ces lignes et les personnages pour la plupart complètement antipathiques ne sont pas d’un abord facile. Au début, la traduction très franco-française ne manquera pas non plus de fatiguer un peu le lecteur non hexagonal – pourtant, je dois dire qu’il était nécessaire de rendre le caractère argotique du texte original, ce que les traducteurs ont bien réussi. Et même une non-Française finit par s’y faire! La typographique particulière adoptée par Selby Jr. a même été rendue de façon non pas fidèle, mais adaptée à la langue française – laquelle comporte beaucoup plus d’élisions que l’anglais. Bref, le texte n’est pas « physiquement » facile pour tout le monde, mais il est bien fait – et on s’y laisse entraîner.

C’est la narration qui finit par l’emporter. Dans un tourbillon de paroles que n’organisent ni tirets ni guillemets, le lecteur se trouve plongé dans la misère de Tralala, les espoirs amoureux déçus de Georgette, les engueulades de Vinny et Mary… Les personnages prennent littéralement vie dans une série de tableaux sans complaisance du Brooklyn du milieu du XXe siècle. Pour ma part, je n’ai mis que peu de temps à y sombrer, ne m’en extrayant qu’avec peine. Ce n’est pas une lecture qui charme ou qui illumine la journée, mais elle n’en est pas moins marquante et nourrissante. On en ressort la tête pleine d’émotions – souvent violentes, mais ô combien humaines.

Ce roman est atypique, c’est un classique moderne s’il en est un. Considérant les thèmes abordés et l’originalité de l’écriture, il n’en est que plus remarquable de souligner que ces récits ont été publiés pour la première fois en 1964!

Posologie : doses petites ou plus fortes, prises avec régularité pour ne pas perdre le fil. Peut être segmenté selon les parties du roman, pour faire durer le plaisir. À lire absolument pour s’émerveiller du caractère innovateur de ce récit!

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