Idée originale que d’écrire le journal de son corps, un journal où on ne raconte pas son quotidien mais où l’on est à l’écoute de son corps, de ses changements et de ses sensations. Il a été écrit initialement pour pallier l’angoisse et l’hypocondrie de son auteur qui reviennent régulièrement. Il y note de 13 à 87 ans ses réflexions et perceptions, aussi simples que celles de se baigner, se gratter, avoir mal ou peur. Ses préoccupations évoluent avec l’âge et l’érosion de son corps ; la crainte d’Alzheimer remplace par exemple le désir charnel de l’adolescence.
Malgré une enfance difficile marquée incontestablement par la perte d’être chers et une mère dépourvue d’amour, il a gardé en mémoire les conseils de ses bienfaiteurs pour devenir au final un homme très actif qui a réussi sa vie. A la manière d’une madeleine de Proust, l’odeur et le goût des tartines du raisiné de sa nourrice Violette suffisent à raviver sa mémoire. On y trouve même à la fin un lexique avec les principaux thèmes abordés pour en retrouver les pages. Il s’agit d’un bon premier roman pour découvrir Daniel Pennac et s’interroger à son tour sur nos sensations.