Hex est un petit bijou de la littérature horrifique, probablement un chef-d’œuvre même, qui ne trouvera pas de concurrent de sitôt. Je le classerais sans hésiter dans le top 5 des livres qui m’ont le plus terrifiée de ma vie. Peut-être même en 2eme place, juste après Simetierre de Stephen King. Sérieusement, je n’osais plus tourner la tête ni me déplacer dans le noir ! J’avais peur que continuer la lecture de ce livre m’empêche de dormir !
Dans ce roman totalement novateur, on découvre le mode de vie d’une communauté repliée sur elle-même et vivant selon ses propres règles : celle de Black Spring. Les habitants y vivent sous la menace d’une sorcière qui a été brûlée au XVIIème siècle, Katherine Van Wyler. On raconte qu’elle peut ramener les morts à la vie. De son vivant, elle a été traitée en bouc émissaire et torturée psychologiquement avant son exécution.
A présent, elle continue à être présente, à se déplacer. Si elle est provoquée, elle peut provoquer des décès (tels que des suicides ou des crises cardiaques). Pour l’empêcher de répandre ses malédictions et de mettre le mauvais œil sur tout ce qui bouge, on lui a cousu les yeux et la bouche, il y a bien longtemps, et dans des circonstances méconnues.
Il est interdit de lui parler, interdit de la toucher, sous peine de sanctions dont personne n’a envie de connaître le détail. Une organisation nommée Hex surveille ses allées et venues, par le biais de caméras de surveillance. Une application rend compte de tout évènement concernant la sorcière.
La narration se concentre sur la famille Grant, composée du docteur Steve Grant, de sa femme Jocelyn, et de leurs deux enfants : Tyler et Matt ; sans oublier leur chien Fletcher. Tyler recense sur le net les plus petits évènements concernant la sorcière. Tous sont très attachants, des personnages qui essaient de jongler entre vie de famille et stoïcisme face au surnaturel.
Il y a un peu de Sa majesté des mouches dans cette histoire. Probablement quelques clins d’oeils à Simetierre également.
On y voit une communauté faire preuve ponctuellement de sauvagerie par simple peur des représailles d’une force surnaturelle. Ca vous rappelle quelque chose ? Ce n’est pas surprenant. C’est exactement ce qui se passe avec toutes les religions.
Ce récit soulève une foule de questions, et nous invite à réfléchir sur nos dérives et sur nous –mêmes. Sur notre humanité, sur nos spiritualités.
Qu’est-ce que nous a appris la Bible ? Que nous apprennent les drames de notre époque moderne, à chaque attentat et à chaque crime commis au nom de Dieu ? Exactement la même chose : l’esprit humain est prêt à justifier toutes les horreurs pourvu que la menace au-dessus de sa tête, réelle ou factice, soit suffisamment terrifiante.
Nous nous croyons évolués, nous nous croyons civilisés, mais le sommes-nous vraiment ?
Dès que les individus se rassemblent en une foule, qu’un phénomène de masse peut se produire, nous avons la capacité de basculer dans la folie – décuplée si elle est collective.
Thomas Olde Heuvelt fait explicitement le parallèle entre le comportement de ces personnes terrifiées par la sorcière, et celui de ceux qui appliquent la charia. La peur est comme un mal rampant, un virus susceptible de faire remonter à la surface tous nos penchants les plus abjects.
Ici, le mal est en nous, en Black Spring, en l’humain. La sorcière n’est qu’un catalyseur, un déclencheur.
J’ai été ravie d’apprendre en lisant les remerciements que l’auteur avait été fortement inspiré par Sacrées sorcières de Roald Dahl, qui l’a durablement traumatisé durant son enfance ( bienvenue au club ! Je me sens moins seule !). Roald Dahl est un écrivain extrêmement brillant et talentueux, qui a beaucoup d’esprit, et je le recommande chaudement ! Il aurait certainement été très fier de voir son influence sur une telle œuvre, dommage qu’il ne soit plus là pour voir ça !
En conclusion, Hex est un livre fascinant, addictif et terrifiant. Je pourrais le relire juste après l’avoir terminé, si je m’écoutais. Je l’ai adoré, vraiment adoré, je ne pourrais vous le recommander assez.