Book Club – Juin 2020
Compte-rendu par Ichmagbücher
Les avis sur ce roman sont tranchés : on aime ou on n’aime pas. Quatorze lecteurs ont aimé, voire le considère comme un chef d’œuvre, un lecteur est mitigé quand un autre est allé au bout avec souffrance, et trois se sont épargnés cette peine en abandonnant leur lecture. Trois participants n’avaient pas terminé leur lecture au moment de la discussion. Beaucoup qualifie cette histoire d’exigeante.
A commencer par le style d’Alain Damasio. S’il n’a pas toujours plu, tout le monde s’accorde sur le haut niveau de linguistique. L’auteur offre une véritable démonstration de la maîtrise et de la richesse de la langue française (notons une joute verbale impressionnante) en adaptant sa plume à chaque personnalité. Cette exercice permet de distinguer les personnages entre eux, en plus du système original de symboles associés à chacun. La narration de Golgoth est celle qui a le plus dérangé, tout comme son personnage est le plus controversé. Il faut dire que l’homme lui-même est un rustre sexiste, mais dont l’évolution est indéniable. Fort, il doit l’être pour toute la horde puisqu’il est à sa tête. Les lecteurs ont aimé le concept de groupe, de solidarité, d’unité qui en ressort, tout en maintenant l’individualité de chaque membre. Plusieurs Livraddictiens ont eu l’impression d’être un membre à part entière de ce groupe soudé.
Pietro et Sov sont les narrateurs les plus récurrents, ce qui en font les plus appréciés de la bande. Certains participants regrettent l’inégalité du partage de narration, quelques personnages n’intervenant que très peu quand d’autres semblent monopoliser la parole. Les lecteurs ont des avis partagés sur tous les autres personnages, aimés ou détestés par les uns et les autres. Malgré une liste des symboles attribués aux personnages en début de roman (même si une lectrice était passée à côté et a tenté de deviner qui était qui), l’organisation de la Horde est complexe et la présentation arrive tardivement dans le récit.
La plume de l’auteur n’est pas seulement immersive, elle pose de nombreuses questions et développe des réflexions (notamment sur la mémoire et l’oubli). Peut-être un peu trop philosophiques et métaphysiques pour certains Livraddictiens qui ont trouvé que l’auteur digressait de plus en plus au fil des chapitres, et se sentaient perdus dans le récit, notamment avec les nombreux sauts dans le temps. De plus, le changement de temps dans la narration n’aide pas et installe la confusion. Pour d’autres, l’écriture est même anxiogène. Alain Damasio utilise des mots soutenus, invente un vocabulaire sans l’expliquer. Des lecteurs ont joué le jeu, se laissant porter par le rythme (considéré lent et ennuyeux par quelques participants), d’autres ont fini par lâcher avec l’accumulation de termes inconnus. Le style est parfois perçu comme plombant et déprimant.
Le champ lexical du vent crée tout un univers spécifique à cet élément, une culture fascinante qui donne lieu à une philosophie, des études, des architectures, des paysages façonnés par ce vent, tantôt doux, tantôt violent. Malgré des explications, certains lecteurs n’ont pas saisi les nuances entre les différentes formes de vent et l’incompréhension accompagnait certains phénomènes étranges (tels que la pluie de méduses). Si la créativité de l’auteur n’est pas à démontrer, les participants se sont interrogés sur la planète sur laquelle se déroule l’histoire. De plus, le genre auquel attribué le roman a été discuté, entre science-fiction et fantasy ou même fantastique. Au final, il en ressort que c’est un livre atypique qui ne peut être classé.
Le livre s’ouvre directement dans le vif du sujet. Pour la plupart des Livraddictiens, l’intrigue est remplie d’action et les rebondissements s’enchaînent, bien que quelques passages contemplatifs contrebalancent et instillent des moments plus calmes. Malgré deux périodes de rencontre où la horde n’est pas seule, certains ont ressenti une impression de huis-clos, renforcée par les événements et l’ambiance. Quelques lecteurs déplorent un manque de clarté et de bases au début du récit et n’ont pas été embarqués par le cheminement du livre et de la Horde.
Le dénouement n’a pas remporté tous les suffrages. En effet, des lecteurs l’ont vu venir et en ont été déçus. Même si ce sont surtout les questions qui restent en suspens à la fin qui sont sources de frustration. Pour d’autres, la chute était inattendue et a eu son effet. Et encore pour certains membres, bien que la fin soit convenue, la quête était plus importante que le but.
Une musique a été composée pour accompagner le livre au fil des chapitres. La plupart des participants ne l’ont pas écoutée, d’autres sont intéressés. Certains l’ont laissé défiler pendant ou après leur lecture, le style est perçu comme original mais particulier, bien qu’en phase avec le récit.
L’adaptation BD n’attire pas particulièrement, même ceux qui considèrent le roman comme un ovni. Certains ne sont pas convaincus qu’un tel livre puisse être réduit à quelques tomes et auraient davantage préféré un roman graphique. D’autre sont curieux et trouveraient cette lecture utile pour la représentation des concepts confus et incompris dans le roman. Pour les lecteurs de la BD, si les dessins sont beaux, ils ont plutôt été déçus.
La lecture de La Horde du Contrevent est une première découverte de l’auteur pour la majorité des lecteurs. Certains ont lu ou souhaitent lire La Zone du dehors et Les Furtifs.
Recommandations :
Romans de SF francophones :
- Le déchronologue de Stéphane Beauverger
- Exodes de Jean-Marc Ligny / post-apo francophone
- Solar Blast de Delphine Laurent
- Destination Providence de Charly Reinhardt / space opera
- U4 – Saga de Vincent Villeminot, Yves Grevet, Florence Hinckel, Carole Trébor, narration à 4 voix / dystopie, pandémie
- La Planète des singes de Pierre Boulle
- Cygnis de Vincent Gessler / plume poétique
BD de SF francophone :
- Bug – saga d’Enki Bilal
- Kanopé – duologie de Louise Joor / post-apo écologique
- Les mondes d’Aldébaran – Saga de Léo / colonisation d’autres planètes
Romans de narration à plusieurs voix :
- Mon nom est Rouge de Orhan Pamuk / polar historique
- Je suis fille de rage de Jean-Laurent Del Socorro / fantastique historique
- Royaume de vent et de colère de Jean-Laurent Del Socorro / fantastique historique
Autres romans :
- Nefs de Pangée de Christian Chavassieux / horde, groupe : place de la femme, religion
- Les Cantos d’Hypérion – Saga de Dan Simmons / space-opera US, densité de lecture
- La maison dans laquelle de Mariam Petrosyan / fantastique Arménie, intense
- Illuminae – Saga de Jay Kristoff / SF Asutralie, mise en page particulière
Auteurs de SF francophone :
Merci au participant(e)s : Ninicoucou, Catysprint, Lizana, Ichmagbücher, LittleGuizmo, Grominou, Tchae, Aryia, Maa, Miyuki-Panda, ilonaisreading, Julie27, yex, Riz-deux-ZzZ, Roxann, Guenièvre, Celystine, MiaMiu, Papillon_ParMotsEtParVont, Maymar, MahaultMots, Louise M, Mana_, MyFloXyBabY, Acerola.
Et surtout merci à Ichmagbücher pour la rédaction du compte-rendu !