Book Club – Décembre 2024
Résumé :
Dans l’univers hostile du Grand Nord, personne ne vous entend crier.
Détective et criminologue à Lyon, Teddy Schaffran apprend que le corps de sa fille a été découvert dans une ville minière très isolée du Grand Nord québécois, Norferville. Morgane a été sauvagement mutilée, abandonnée dans la neige non loin d’une réserve autochtone. Sans réfléchir, Teddy plaque tout pour se rendre sur place, bien décidé à comprendre ce qui s’est passé.
Là-bas, Léonie Rock, une flic métisse, est mise sur l’affaire. Elle est alors contrainte de renouer avec cet endroit coupé de tout où elle est née et où, adolescente, trois inconnus l’ont violée. Un retour vers son enfer, alors que les températures frôlent les -20°C.
Ensemble, ces deux êtres éprouvés par la vie vont se démener pour trouver des réponses malgré l’inhospitalité de la nature et des hommes.
Participant.e.s : Pandarose, brijoudu93, domi_troizarsouilles, Winaria, LaureenBrocorens, Cleem27, Lutetia95, Babadam, Julie27, Lilame, atick, LY1461, Rachel_27, Niobee, FluR, Maa.
Compte rendu :
De façon globale, les participants au BC s’accordent à dire que le gros point fort de ce roman était son ambiance de froid, d’hiver : très réussi, puisque c’était justement le thème choisi !
À part ce point principal, les avis convergent plutôt bien.
N.B. : toute référence à un genre particulier, et notamment au masculin, est réputée renvoyer à tout autre genre, sauf autre précision.
Sur les personnages
Malgré un côté un peu cliché (ou classique) des deux personnages principaux – Teddy l’ex-flic (criminologue) bourru, cabossé, pas tout à fait légitime, et Léonie la femme forte mais sensible dans un monde principalement masculin -, ils ont été trouvés touchants, avec une petite préférence pour Teddy, qui a fait penser les lecteurs qui connaissaient déjà F. Thilliez à son héros récurrent Sharko. Certains auraient toutefois aimé les voir plus étoffés, qu’ils aient plus d’ampleur, pour qu’ils soient vraiment attachants, mais sans que ça gêne la lecture.
Leur idylle cependant a fait l’unanimité : elle n’avait pas lieu d’être, et n’apporte rien à l’histoire !
Quant aux personnages secondaires, ils n’ont pas convaincu (du tout). Le sergent Liotta en tant que « méchant n° 1 » était trop prévisible ; Maya était touchante mais a été trop vite abandonnée ; et Patrick, qui touchait vaguement au début malgré un côté très cliché, a été tellement peu exploité que certains l’avaient carrément oublié !
Sur l’intrigue / les révélations / le rythme
Pour les connaisseurs de l’auteur comme pour ceux qui le découvraient, l’enquête même est LE point faible du roman. Certes, il y a de nombreux rebondissements et retournements de situation, mais ils sont trop souvent prévisibles, et leur nombre élevé finit par les décrédibiliser. Ainsi, l’intrigue laisse le sentiment d’être peu intéressante, voire improbable sur certains aspects. Les connaisseurs relèvent en outre que les autres romans de F. Thilliez sont plus fouillés, plus complexes, plus « scientifiques » aussi, et ces différents aspects (en tout ou en partie) semblent leur avoir manqué.
On notera aussi certaines « facilités » d’écriture, qui entretiennent le suspense mais sont tellement prévisibles : par exemple, dès qu’une perturbation climatique est annoncée, on peut être certain que nos personnages vont foncer dedans!
Cependant, malgré cette grosse faiblesse qu’est l’enquête, la majorité des lecteurs ont indiqué qu’ils ont poursuivi leur lecture grâce au bon rythme du livre, dû notamment aux chapitres courts qui maintiennent la tension sans lasser.
En outre, tout le monde soulève que c’était très intéressant de profiter de cette enquête pour sensibiliser le lecteur au drame des femmes autochtones des Premières Nations : exploitées sexuellement, sans avenir, ou disparues sans que personne ne s’intéresse à elles, si ce n’est leur famille de toute façon complètement démunie, ou quelques rares associations.
Et on peut dire que « ça marche », même si notre lectrice québécoise a noté quelques incohérences, notamment avec des termes sur les institutions locales, qui montrent une recherche documentaire de la part de l’auteur, mais sont mal utilisés ; ou bien certains clichés sur les noms des personnages qui seraient typiquement québécois (mais ne le sont pas !) ; sans même parler des dialogues !
Sur l’ambiance
C’est là, comme dit plus haut, LE point fort du roman !
Les participants au BC le disent parfaitement, j’en cite quelques-uns tant c’est explicite : « j’ai couru, j’ai eu froid (très froid) avec les protagonistes, je me suis même surprise à avoir du mal à respirer parce que les personnages couraient rapidement dans un froid glacial » (brijoudu93) ; « L’écriture m’a bien immergée dans le froid glacial et l’inhospitalité du Grand Nord québécois » (winaria) ; « C’est un véritable voyage dans un environnement hostile & froid qui est très immersif. » (Lutetia95) ; « (…) tout ce blanc, ce froid du Grand Nord canadien qui nous glace et nous laisse prisonnier au sein de Norferville. » (Babadam)
Glacé, inhospitalier, froid, blanc, immersif, avec en plus une sensation de huis-clos : tout est dit !
=> Sur la fin
Elle a plutôt déçu la majorité des lecteurs, car trop prévisible, et le côté romance entre Teddy et Léonie (qui ici semble devenir sérieuse !) a vraiment déplu. Pas de grande révélation donc, mais la plupart relèvent toutefois que c’est cohérent avec tout ce qui précède, même si quelques chapitres supplémentaires sur l’histoire de Léonie, en mettant un peu moins Liotta dans la ligne de mire, auraient été bienvenus.
Et, last but not least : plus d’un lecteur qui ne connaissait pas encore F. Thilliez se dit intéressé à le découvrir davantage, notamment dans ses séries Sharko et/ou Hennebelle !
Pour aller plus loin :
Les lecteurs qui connaissaient déjà l’auteur le recommandent, tandis que les « découvreurs » ont désormais envie de le lire davantage. Dans la saga Sharko et(/ou) Hennebelle, les titres ne sont pas tous égaux, paraît-il, mais la plupart sont au moins bons. On nous recommande en particulier : Pandemia
Sinon, en-dehors de Franck Thilliez, on a de nombreuses propositions :
Sur le Grand Nord canadien :
Une saison pour les ombres de R.J. Ellory
Les murailles d’Erika Soucy
Yukonnaise de Mylène Gilbert-Dumas
Widjigo d’Estelle Faye (fantastique)
Sur le drame vécu par les autochtones des Premières Nations :
Le dernier festin des vaincus d’Estelle Tharreau (il fait partie de la sélection prix Livraddict 2024 – catégorie Policier
Cheval indien de Richard Wagamese
Kukum de Michel Jean
Pour l’honneur de tous les miens d’Amanda Skenandore
Sur le Grand Nord – côté américain (hors Canada) :
Les enfants du blizzard de Melanie Benjamin
Sans retour de Tom Clearlake
Sur le (Grand) Nord – côté européen, et plus généralement le froid / l’hiver / la montagne en hiver :
Glacé de Bernard Minier
La petite ville des grands rêves de Frederik Backman
Personne ne meurt à Longyearbyen de Morgan Audic
Tu me manqueras demain de Heine Bakkeid
Abimes de Sonja Delzongle
Imaqa de Flemming Jensen
Le chalet de Catherine Cooper
La saga Le chant du Grand Nord de Nicolas Vanier
La saga Qaanaaq Adriensen de Mo Malö
La fileuse d’argent de Naomi Novik (fantasy)
Merci à domi_troizarsouilles pour le compte-rendu !