« Peindre pour ne rien troubler n’a aucun intérêt, c’est même atrocement ennuyeux. Oh, et puis s’ils veulent du Lippi, qu’ils s’adressent à Pipo, il fait ça très bien. Ou pis, à Ghirlandaio. A tous ces minables petits copieurs du passé. Je veux d’abord que ça me plaise à moi, que ça ne reproduise pas ce qu’on a tous déjà vu. On ne nous demande tout de même pas de refaire toujours pareil qu’avant nous. Mais je suis né, moi ! En aucun cas pour recopier sans faire de vagues. Je suis né pour qu’on me remarque par quelque chose de vraiment remarquable. Donc d’inédit. Sinon, ça n’est pas la peine. Je ne vais pas vivre comme mes ancêtres sous prétexte que je suis né après ou qu’ils étaient là avant. Où serait le progrès alors ? Vivre comme tout le monde ! Non, merci. On me demande sans cesse de lisser ma peinture et ma vie. Non. »
Troisième tome de sa saga sur « le siècle de Florence », Sophie Chauveau nous présente ensuite Leonardo di Vinci. On connaît le peintre, l’inventeur, le scientifique, le génie, mais Sophie nous présente ici l’homme, ses envies, sa créativité, ses passions, son inventivité. Du bâtard réfugié à Florence admirant Botticelli, il deviendra aimé des rois de France jusqu’à s’éteindre dans la ville royale d’Amboise. Mais Léonard a été boudé à Florence, rejeté à Rome et a fui Milan entre temps. A croire que les villes Italiennes ne le comprenaient pas. Il faut dire que seules la curiosité et la découverte l’animent. Ainsi une chose décidée est alors révolue, et ne peut plus le satisfaire. Léonard peine donc à finir ses peinture et ses mécènes grondent pour avoir leur commandes. Ajouté à cela ses déboires sexuels et sa mauvaise réputation est faite et ne le quittera plus. Il rêve pourtant de grandeur et de reconnaissance. Mais ne l’obtiendra jamais, en Italie en tout cas. Oh, il en a fait des chefs-d’œuvre comme cette fresque du dernier repas du Christ à Milan. Ou cette Lisa que seuls quelques peintres ont pu voir car seuls capables d’en comprendre la beauté et la nouveauté. Mais ce sont ses travaux inachevés qui le passionnent : ce cheval en bronze promis au Duc de Milan si grand que les techniques pour couler le bronze ne sont pas assez développées pour le réaliser, l’anatomie de l’homme qu’il n’a jamais fini de comprendre, et son grand rêve, oui ce rêve qu’il aura toute sa vie, de faire voler les hommes un jour. Il a mené sa vie tambour battant, et bien que ces confrères reconnaissent en lui le plus grand des leurs, surtout Botticelli, il ne vivra, lui et les siens, dans l’opulence qu’à la fin de sa vie.
L’auteur a utilisé un style bien particulier qui me fait penser à des chevaux au triple galop, avançant sans cesse et sans cesse, sans se poser ni respirer. Style qui correspond très bien au personnage d’ailleurs. Elle mélange les phrases nominales et verbales, accentuant cet effet de vitesse. Et une fois encore l’auteur a mis sa puissance narrative au service de l’histoire avec un grand H. Car Léonard a fait parti de l’Histoire et a fait l’Histoire. Sophie Chauveau, à travers la vie de son personnage, nous parle de cette Histoire ainsi que de la vie quotidienne de ceux qui ont vécu à cette époque. Et cela, sans en faire trop, car ce n’est que le contexte. Et cela n’a pas manqué : une fois de plus Sophie Chauveau m’a séduite.
C’est donc avec bonheur et délectation que j’ai retrouvé Sophie Chauveau. J’avais adoré la passion Lippi et Le rêve Botticelli, et là encore ce dernier opus ne m’a pas déçu.
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