Chaque année, près d’un millier d’enfants tibétains fuient leur pays occupé par la Chine. Confiés à des passeurs, ils tentent de franchir à pied les cols de l’Himalaya qui mènent au Népal et doivent affronter la neige, le froid, la faim, la fatigue et le chagrin. Leur destination finale : les écoles tibétaines créées par le dalaï-lama dans le nord de l’Inde. Les parents restés au Tibet espèrent qu’ils y connaîtront la liberté, mais aussi une vie meilleure.
La scénariste et réalisatrice Maria Blumencron a accompagné six enfants dans leur périlleux exil. En donnant la parole à Little Pema, Chime, Dolker, Dhondup, Tamding et Lhakpa, ainsi qu’à leurs guides, elle témoigne avec tact et émotion de la situation dramatique du Tibet.
Mon avis
C’est en 1997 que Maria Blumencron, alors actrice, est sensibilisée à la question tibétaine ; en 1998 qu’elle décide d’accompagner des enfants tibétains vers leur terre d’exil et d’en réaliser un documentaire. Mais c’est seulement en 2000 que son projet se réalisera partiellement…
Ces enfants, c’est vers l’Inde qu’ils cheminent. L’Inde où se sont établis le dalaï-lama, chef spirituel et politique tibétain, et son gouvernement, l’Inde qui fait figure d’Eldorado pour des Tibétains écrasés sous la domination chinoise depuis des décennies. Imaginez un peuple désespéré au point de se résoudre à envoyer ses enfants au loin, sans garantie de survie, guidé par le seul espoir de leur offrir un avenir meilleur et, aussi, de préserver la culture tibétaine.
Le groupe que Maria Blumencron rencontrera à la frontière tibéto-népalaise, à près de 6000 mètres d’altitude, sera composé de plusieurs enfants, qui auront traversé l’Himalaya dans des conditions extrêmes, ainsi que de deux jeunes moines et soldat contraints à fuir l’oppression chinoise, de quelques autres jeunes adultes et de leur guide qui les auront accompagnés et portés, au propre comme au figuré.
Ce long et dangereux périple, qui les amènera à lutter contre le froid, la faim, la perte de leurs repères et la peur d’être arrêtés par les Chinois, l’auteure nous le raconte de manière très juste en retranscrivant les pensées et sentiments de chacun, en nous faisant part de ses propres doutes et erreurs aussi. Le courage des enfants, le sacrifice de ces mères qui ne reverront pour certaines jamais leur enfant, l’abnégation du guide prêt à risquer sa vie pour les mener à bon port, en font un récit poignant et bouleversant.
On ne peut bien sûr que regretter les considérations journalistiques qui mènent à ne s’intéresser qu’aux enfants, parce que les enfants génèrent plus d’émotion chez le public et que ce documentaire il fallait bien le vendre, néanmoins ce livre met des mots sur une réalité que le monde occidental préfère bien souvent ignorer tant il lui faut ménager ses liens avec la Chine…
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