Journaux intimes de Benjamin Constant

J’avais entendu tant de louanges au sujet de Benjamin Constant et de son roman autobiographique Adolphe, que j’étais très curieuse de découvrir ses écrits ! Je remercie les éditions Folio d’avoir eu la gentillesse de m’adresser ce livre en partenariat !

Malheureusement, ce livre m’a plutôt déçue, dans le sens où je m’attendais à de plus amples développements, ou à des thèmes plus personnels. Les sujets sont souvent évoqués très rapidement, plutôt survolés.  Plutôt qu’un journal, cette œuvre ressemble à une succession de prise de notes, couvrant aussi bien la vie personnelle de l’auteur que des thèmes plus généraux tels que la musique, la littérature, etc. La forme du texte donne l’impression d’un rythme saccadé, d’une écriture hachée, dans laquelle je ne suis pas parvenue à entrer. Habituellement, je suis assez friande de journaux intimes (ceux de Sylvia Plath ou d’Antonin Artaud sont remarquables, par exemple, et je garde un bon souvenir des Confessions de Rousseau), mais cette fois-ci, je n’ai vraiment pas été séduite.
Je n’ai pas le sentiment que ces écrits donnent réellement l’occasion de mieux connaître l’auteur. Le style est parfois pompeux, le ton hautain, et très tôt dans le livre on trouve l’apparition de propos misogynes, qui ont contribué à me rebuter.

En voici une illustration : « Dîner avec quelques femmes. Ce qu’on appelle les femmes d’esprit, c’est du mouvement sans but. C’est tout à fait une construction sociale et donc artificielle. Tant qu’il y a un peu de figure, cela va. Un petit intérêt physique soutient et fait pardonner l’agitation inutile et sans résultat de tout leur être moral. Mais à 40 ans, les femmes ne sont plus faites pour la société. Il leur reste le rôle d’amies, mais d’amies dans la retraite, recevant les confidences et donnant des conseils à l’homme dont elles sont le second ou le troisième intérêt dans la vie ». Tout un programme, donc ; tissé de mépris et de préjugés nauséabonds. Peut-être excusera-t-on de tels propos en argumentant qu’à l’époque, de telles pensées étaient monnaie courante.

Cependant, le texte présente un intérêt historique certain, puisque les précisions de l’auteur évoquent très fréquemment ce qui se passe dans le cercle de ses connaissances – qui est pour le moins étendu – aussi bien du point de vue stratégique (il dîne parfois avec des invités de rang princier, notamment) que du point de vue artistique et culturel.

Même si ma lecture a été mitigée, je ne doute pas que cette publication saura intéresser les plus curieux ! Une œuvre très riche, à n’en point douter, mais bien différente des journaux plus modernes des siècles qui ont suivi l’écriture de celui-ci.

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