Marie se sent perdue. Son mari, ses enfants sont le dernier fil qui la relie à la vie.
Ce fragile équilibre est bouleversé le jour où elle rencontre les « kosovars », ces réfugiés dont nul ne se soucie et qui errent, abandonnés, aux confins de la ville.
Négligeant sa famille, Marie décide de leur porter secours.
Et de tout leur donner : nourriture, vêtements, temps, argent, elle ne garde rien pour elle. Entraînée par une force irrésistible, elle s’expose à tous les dangers, y compris celui d’y laisser sa peau.
Avec ce roman, Olivier Adam nous rappelle que la violence qui frappe les plus faibles est l’affaire de chacun. Et trace le portrait inoubliable d’une femme dépassée par la force de ses sentiments.
Mon avis
Je viens tout juste de fermer cette tornade émotionnelle. Et si j’ai l’impression que mes idées ne sont pas encore suffisamment ordrées pour donner un avis clair et constructif. Je le fais tout de même car je pense que ce qui dois le plus transparaitre dans cet avis, c’est le trouble émotionnel dans le quel cet écrit m’a plongée.
J’ai bien plus qu’aimé. Olivier Adam a un tallent incroyable, je ne me lasse pas de le lire, j’en redemande.
J’ai retrouvé ici, l’atmosphère qui m’avait conquise dans « Falaises » et dans le recueil de nouvelles « Passer l’hiver » (Il y a aussi des similitudes avec d’autres romans d’Adam, mais c’est à ceux-ci que m’a le plus fait pensé « A l’abri de rien »).
Il ne s’agit pas d’une histoire sur les requérants d’asile. Ils sont bien là dans le récit, mais le roman tourne autour d’une tout autre chose. Nous suivons ici une partie de la vie de Marie et de sa famille, avec certains flashback sur sa jeunesse. Nous la voyons se perdre, glisser au-delà des frontière de la raison. Marie reste hermétique aux supplications de ses enfants et de son mari. Elle les aiment pourtant, intensément, mais elle est comme anesthésiée par la peur et la douleur.
Le style de l’écriture est aussi un point positif. L’auteur a une façon bien à lui de transmettre les émotions des personnages ainsi que les atmosphères des lieux. Une façon un peu froide mais non moins profondément humaine. Nous sommes loin du mélodrame, pourtant le thème s’y prêterai bien.
Une autre caractéristique de la plume d’Adam est sa façon de décrire, que ce soit les personnages ou les lieux. Il le fait d’une façon simple et loin des clichés, très loin de la superficialité. Les lieux par exemple se voient décrits à travers les odeurs, les gouts, l’humidité de l’air, les bruits et le touché. A travers cela nous créons nos propres images, sous forme de brefs arrêts sur image, jamais très net, un peu comme dans un rêve.
J’en reste sans voix. Encore une fois, Oliver Adam sait trouver les mots justes, sans fioritures, ceux qui disent la perte, la peur, la force des plus faibles, et celle de la folie. Adam est définitivement un de mes auteurs favoris, si ce n’ai LE favori…
Extraits
« Papa disait toujours que j’étais un ciel de mer du Nord. Versatile. Imprévisible. Capable de passer en un clin d’œil du rire aux larmes, du gris charbon au bleu azur. »
« Elle me montrait des photos et ça lui faisait du bien. Ca lui faisait du bien parce qu’ils revivaient, ses morts ses fantômes, parce que le pire c’était de les ranger dans les tiroirs. »
« Qui était-il au fond ? Que cachait-il sous ces couches de silence, la bonté de son regard ? Je n’ai jamais su. On ne sait jamais de toute manière. Jamais rien de personne. Du fond des choses à l’intérieur de chacun. Tout n’est toujours que surfaces, orées, lisières. »
« Il se retenait de venir se lover contre moi et ça m’a déchiré de sentir cette retenue chez lui, cette distance. La peur qu’il avait de me perdre. Et cette façon qu’il avait de lire en moi comme dans un livre, de sentir quand ça n’allait plus, que je commençais à dérailler, que la terre se fissurait sous mes pieds. Je crois que la plupart du temps, il sentait le vent se lever bien avant moi.