Seins et Oeufs de Mieko Kawakami

seins et oeufsAUTEUR: Mieko Kawakami (traduit du japonais par : Patrick Honnore)
TITRE: « Seins et Oeufs »
EDITEUR, ANNEE: Actes Sud, 2012
NOMBRES DE PAGES: 112 pages.

J’ai une grande affection pour la culture japonaise qui a débuté dès l’enfance (Génération Club Do’ ): J’ai grandi avec les animés et les mangas, écouté de la Jpop et autres, regardé de nombreux dramas, appris de nombreuses légendes et de faits historiques, etc… Bref, j’aime beaucoup!! Pour l’année 2016, je me suis donnée, à moi même, un challenge: Lire de la littérature japonaise contemporaine autre que Murakami.
J’ai choisi comme première lecture, « Seins et oeufs », premier roman de Mieko Kawakami.

Alors que j’ai fini ma lecture il y’a deux jours et que je rédige ma chronique, les personnages de ce livre sont toujours présents dans mes pensées. A leurs histoires, j’ai eu des échos de souvenirs passés…

RESUME:
« A quarante ans, Makiko est envahie par l’obsession de se faire refaire les seins, une lubie que sa fille de douze ans ne supporte absolument pas. Conflits mère-fille, vertiges de la puberté, les choses prennent un tour très compliqué quand l’adolescente se mure dans le silence.
Toujours plus déterminée dans ses choix, Makiko décide de rejoindre sa soeur à Tokyo ; de dix ans sa cadette, Natsu est célibataire, et c’est dans son minuscule appartement que mère et fille vont lui imposer leurs problèmes.
Alternant le récit de Natsu et le journal intime de l’adolescente, ce livre percutant, provocant et drôle explore le regard de trois générations de femmes japonaises liées par une tendresse muette face à leur propre représentation de la féminité(…) »

Midoriko a été mon premier « écho ». C’est  une jeune fille qui rentre dans sa puberté. Elle ne désire pas ses premières règles (qu’elle nomme « Première marées »), au contraire des autres filles de sa classe.
Après plusieurs recherches, Midoriko ne comprend pas le faite de se considérer comme femme car on a ses règles et donc enfanter. Quel plaisir y’a t’il à saigner une fois par mois ? Est-elle juste là pour mettre au monde des enfants ?
Ne sachant comment exprimer ce « dégoût » et son incompréhension avec sa mère, elle n’adresse la parole à personne et ne répond que par écrit avec son carnet.
Oui, beaucoup d’entre nous ont dû se poser ce genre de questions à la puberté, appréhender cette « première arrivée » et  se sentir incomprise lorsque d’autres avaient hâte de « passer cette étape ».

Makiko a été mon second « écho ». C’est une mère célibataire qui travaille en tant qu’hôtesse dans un bar. Elle a été abandonné par le père de Midoriko lorsqu’elle a annoncé sa grossesse, s’épuise physiquement dans son travail (perte de poids), et se sent mal dans son corps. C’est surtout sa poitrine qu’elle déplore: Pour elle, avoir allaiter sa fille, la fait dépérir et perdre toute sa rondeur. Makiko pense que de nouveaux seins lui apporteront de nouvelles choses dans sa vie, et se penche plus sur les divers publicités des cliniques que sur sa fille muette.
« Ils sont trop petits… Trop gros… Pas jolis soutien-gorges pour grande taille, Décolletée vide,  Ne pas vouloir allaiter et abîmer mes seins, Pouvoir allaiter dans des espaces publics sans regards malsains ou dégoûtés  etc… »
Un moment, dans notre vie, on a toute eu des rapports quelques fois compliqués avec notre poitrine, un des signes référents de la féminité.

Et il y’a Natsu, la soeur de Makiko, celle qui va se trouver au milieu de la tension entre la mère et fille. C’est une jeune femme célibataire de 30 ans, travaillant et ayant son propre appartement à Tokyo . Elle représente d’une certaine manière, une partie des jeunes femmes japonaises de la société actuelle (Beaucoup d’entre elles préfèrent mettre en avant leurs carrières que la vie de famille. En effet,  elles ne désirent pas perdre leurs postes après leurs mariages ou la naissance de leurs enfants vu le peu de crèches présents au Japon. Ce statut est mal vu par une partie de la population). Elle reste un peu en retrait par rapport aux deux autres personnages et nous narre ce qui se déroule lors de cette visite. Pourtant, j’ai eu un troisième écho avec elle mais à titre personnel.

Cette histoire se conclura après une scène « très symbolique » avec des oeufs. Mais ça, je vous laisse découvrir.

CONCLUSION:
J’ai beaucoup aimé cette lecture. Ces trois personnages m’ont vraiment touchée et fait ressortir de vieux souvenirs. Le livre se lit facilement, et on alterne très bien entre la narration de Natsu et les notes écrites de Midoriko.

Je regrette juste que le livre soit si court et que quelques questions restent sans réponse (exemple: Quel a été le déclencheur de l’obsession de Makiko pour ses seins?) et que le personnage de Natsu reste assez mystérieuse sur sa vie.

Ce livre, dont la présence d’hommes est quasi nulle, nous montre à travers trois générations, les questions que l’on peut se poser sur sa féminité quelques soient son âge, les rapports conflictuelles entre mères-filles et le statut de la femme au sein de la société (Ici au Japon, mais qu’on pourrait aussi étendre au-delà de ses frontières).

Si vous avez envie de découvrir des auteurs japonais et rechercher des livres traitant sur la féminité, je vous le conseille vivement.

Voilà, si jamais on m’appelle pour un autre concours, je suis prête…. Un jour, oui, un jour, j’irais avec Chéri et Mininous au Japon!

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