Cela faisait longtemps que je m’étais promis de lire cette histoire pour enfants, puisque c’est celle qui a inspiré l’un des films les plus marquants de mon enfance. J’étais curieuse de voir si le récit était identique au film ou non, si l’histoire était de taille à titiller l’imaginaire d’un adulte, et je n’ai pas été déçue. Je pense que considérer le récit sous cet angle est aussi ce qui peut intriguer d’autres lecteurs que moi-même.
Ceux qui ont vu Saving Mr Banks savent que l’adaptation de Walt Disney, qui est passée à la postérité, n’est pas des plus fidèles. Pour commencer, le personnage principal est assez différent dans le roman : en réalité, Mary Poppins est plutôt stricte, et même sévère. C’est une femme hautaine, parfois presque méprisante mais pour autant, elle reste sympathique car ses petites colères paraissent amusantes aux yeux du lecteur. Certains éléments de l’histoire diffèrent également : par exemple, la famille Banks ne compte pas deux, mais quatre enfants : Michaël, Jane, John et Barbara.
Le roman est infiniment plus riche que le film, du moins les anecdotes y sont plus nombreuses, teintées d’étrange et de merveilleux. Découvrir le monde intérieur de Mary est un voyage des plus agréables. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : là où se rend Mary, une certaine magie est présente dans le même lieu, et au même moment.
Cette nounou si unique semble rendre possible une immersion dans un monde merveilleux, sous – jacent au monde réel. On la voit un jour se promener dans une illustration, accompagnée d’un ami ; leurs vêtements soudainement devenus plus luxueux, de nouveaux détails s’ajoutant au décor initial dans le second plan. La seconde d’avant, Bébert s’excusait de ne pouvoir lui payer de gâteaux pour cause de difficultés financières ; et voilà qu’un pique-nique des plus raffinés se trouve à leur disposition, ainsi qu’un garçon pour les servir.
Un autre jour, elle se rend avec les enfants dont les soins lui ont été confiés dans une confiserie, acheter du pain d’épices. En plus d’être tenue par une vieille dame et ses deux filles, toutes les trois étranges et excentriques, la boutique a la particularité de disparaître sitôt que les visiteurs s’en sont éloignés, comme si la connaissance de ce lieu était totalement ésotérique.
Quant aux jumeaux, John et Barbara, ils parlent le langage des oiseaux et conversent avec ceux –ci. Ce serait selon les rumeurs un privilège lié à leur jeune âge (leurs dents de lait n’ayant pas encore pas encore poussé), un don voué à s’envoler avec le temps. Et pourtant, Mary aussi peut dialoguer avec les oiseaux (même si elle est adulte), telle une magicienne d’un autre monde.
Auprès d’elle, chaque journée semble extraordinaire et paraît comporter son lot d’évènements inattendus. Les enfants vivront à ses côtés toutes sortes d’autres évènements extraordinaires. Malheureusement pour eux, lorsque le vent tourne elle est forcée de provisoirement les quitter. Elle se laisse porter dans les airs avec son parapluie, et promet de revenir les voir tantôt. Un rendez-vous qui pourrait bien également tenter le lecteur, aussi intrigué que les enfants par cette étrange créature.