Merci aux éditions Nil et à Livraddict de m’avoir permis de découvrir ce livre et cet auteur.
Qu’est-ce qui différencie une intelligence supérieure d’une intelligence extraordinaire ? Dans un café de Puente Viejo, gros bourg endormi d’Argentine, deux adolescents disputent une partie d’échecs. L’un d’eux est Gustavo Roderer, nouveau venu dans la ville ; l’autre est le narrateur, champion d’échecs de la région. Contre toute attente, Roderer gagne. Sans plaisir apparent, avec ce commentaire : « Les échecs, c’était juste une expérience ; un modèle. A un petit niveau, bien sûr ». Ce mélange de mépris et d’indifférence restera fiché comme une flèche empoisonnée dans l’orgueil de son adversaire. S’établit pourtant entre les deux adolescents une relation singulière, dépourvue d’affection, où s’affrontent leurs intelligences. Le narrateur, brillant élève bien inséré dans la société, rencontre partout le succès. Enfermé chez lui, incapable d’aimer, Roderer est dévoré par sa quête obsessionnelle d’une philosophie radicalement nouvelle. L’un est contraint de partir pour la guerre des Malouines, l’autre tâte des drogues pour développer ses capacités. Quand l’un mène une vie amoureuse épanouie, l’autre est en butte à l’incompréhension de tous et réduit au chagrin la jeune fille qui l’aime. Mais lorsque le narrateur croit triompher intellectuellement de Roderer et tenir sa vengeance, il ne fait que précipiter vers la mort son ennemi le plus accompli. S’interrogeant sur une préoccupation vieille comme l’humanité, l’intelligence, Guillermo Martínez élabore un récit d’inspiration borgésienne, mélange subtil et dérangeant de romanesque et de métaphysique.
Mon avis :
Qu’est-ce que l’intelligence ? C’est la question qui pourrait résumer le livre de Guillermo Martinez. Pour le narrateur, l’intelligence passe par une reconnaissance sociale et est valorisée par l’obtention de diplômes. Pour Gustavo Roderer, dont il est le rival, et, probablement le seul ami, l’intelligence c’est le dépassement de la raison.
Loin d’apporter une réponse à cet épineux problème, l’ouvrage nous place au cœur du dilemme, en détaillant le parcours de ces deux étonnants personnages.
La trame pourrait laisser penser que la lecture du livre s’avère difficile ou rébarbative, mais ça n’est pas le cas. Le récit est très fluide est reste parfaitement accessible. Les échanges entre les protagonistes sont rythmés. Ils sont aussi riches en références et font appel à la culture générale du lecteur, mais, encore une fois, le fait de ne pas connaître sur le bout des doigts la philosophie Kantienne n’est pas une entrave.
Le format de cet ouvrage, qui se situe à la frontière entre roman et essai, dans la mesure où il relate le parcours intellectuel des deux protagonistes au rythme des éléments qui jalonnent leur existence, me semble une richesse, même s’il conduira certains lecteurs à passer leur chemin.
ça fait du bien de confronter les points de vue. Je partage ton idée du dilemne !