Merci à Livraddict et aux Editions Le Livre de Poche de m’avoir permis de découvrir la pièce de Philippe Claudel, Parle-moi d’amour.
Quatrième de couverture :
Femme
Les enfants ! Comme si tu les connaissais ! Tu t’en es préoccupé de tes enfants ?
Homme
J’ai toujours eu leurs photos sur mon bureau !
Femme
Et c’est en les regardant en photo que tu les as élevés peut-être ? C’est toi qui les as torchés ? Tu t’es réveillé la nuit lorsqu’ils étaient malades ? Tu les as consolés quand ils pleuraient ? Tu les as emmenés au zoo, au cirque, au jardin d’enfants, au Luxembourg pousser des bateaux, faire du poney ?
Homme Chaque année je faisais le père Noël !
Femme
Tu l’as fait deux fois ! Et en plus tellement mal qu’ils t’ont reconnu tout de suite ! Et les anniversaires ? Tu étais là pour les anniversaires avec les copines et copains qui dévastaient systématiquement l’appartement, se gavaient de bonbons et vomissaient ensuite leurs chamallows dans tous les coins ? C’est toi qui t’es fait engueuler par les instituteurs, les professeurs, les principaux, les proviseurs ?
Mon avis :
Elle : cinquantenaire bobo, ex-hippie mystique, femme au foyer, amatrice de design moderne, tient salon pour des auteurs underground sans le sou, éduque ses enfants façon Dolto.
Lui : cinquantenaire bobo, a fait carrière, a fait carrière, a fait carrière, a fait carrière, a fait carrière, a fait carrière, a fait carrière, a fait carrière, a fait carrière, a fait carrière.
Ils rentrent d’un dîner en compagnie des collègues de monsieur, la dispute éclate entre ces deux êtres qui, bien qu’ils vivent ensemble, ne se comprennent plus depuis des années. Pas étonnant qu’ils aient accumulé tant de rancœur et d’aigreur. Tous les domaines de la vie quotidienne y passent et les comptes sont soldés, études, espoirs de carrière déçus ou comblés, éducation des enfants, adultère… Du grand théâtre de boulevard avec une montée de ton progressive et avec ça, un portrait satyrique d’une bourgeoisie parisienne et de ses préoccupations oscillant entre conservatisme et libéralisme. Les dialogues sont ciselés, les piques taillées en pointes ne manquent jamais leur cible. C’est l’escalade, on passe de l’agacement aux reproches, les insultes finissent par fuser, la rupture semble inévitable, et pourtant… Cette France-là est inamovible, et puis, ce ne serait pas du théâtre de boulevard si ça se finissait mal.
Une pièce savoureuse en un acte, courte, qui parle au lecteur. On rit, parfois jaune, mais souvent de bon cœur. En refermant le livre, je n’ai qu’une envie, voir cet amusant Vaudeville représenté sur scène. Peut-être n’en garderais-je pas un souvenir impérissable, car la pièce est, somme toute, classique, mais je suis certaine de m’amuser.
Ton avis me donne envie de le lire, il a l’air bien !
Je suis tout à fait d’accord avec toi : un bon boulevard ! J’avais vu des extraits de la création avec Michel Leeb et Caroline Silhol, ils avaient l’air de camper leur rôle à merveille… J’aurais tant voulu aller les voir !