Les mille et une vies de Billy Milligan de Daniel Keyes

billy milligan Ce livre a été lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et le Livre de Poche, que je remercie tous deux pour cette découverte.

Résumé:

Quand la police de l’Ohio arrête l’auteur présumé de trois, voire quatre, viols de jeunes femmes, elle pense que l’affaire est entendue : les victimes reconnaissent formellement le coupable, et celui-ci possède chez lui la totalité de ce qui leur a été volé. Pourtant, ce dernier nie farouchement. Son étrange comportement amène ses avocats commis d’office à demander une expertise psychiatrique. Et c’est ainsi que tout commence… On découvre que William Stanley Milligan possède ce que l’on appelle une personnalité multiple, une affection psychologique très rare. Il est tour à tour Arthur, un Londonien raffiné, cultivé, plutôt méprisant, Ragen, un Yougoslave brutal d’une force prodigieuse, expert en armes à feu, et bien d’autres. En tout, vingt-quatre personnalités d’âge, de caractère, et même de sexe différents !

Mon avis:

L’histoire de Billy Milligan aurait pu être une fiction bien ficelée, mais c’est en fait le récit d’une vie incroyable qui se lit d’une traite. Difficile de refermer le livre une fois qu’on a commencé à s’immerger dans l’univers si particulier de cet homme, ou plutôt de ces hommes et femmes qui occupent un même corps.

La préface du livre est très utile et bien faite (ce qui n’est pas toujours le cas). Daniel Keyes y décrit  le contexte dans lequel il convient de placer l’histoire qui va suivre : comment il en est venu à écrire un livre sur Milligan et ce que Milligan représente au niveau des Etats-Unis.

Dans la première partie récit, on fait connaissance avec Billy Milligan et les personnalités qui l’habitent au travers du regard des différents avocats, psychiatres et infirmiers qui croisent son chemin. On arrive d’ailleurs très bien à s’identifier à ces différents protagonistes qui passent pour la plupart du scepticisme à la certitude que Billy souffre de personnalité multiple, grâce à une figure de style de Daniel Keyes qui ne dévoile les preuves de l’existence de Tommi, Allen, Arthur et les autres «colocataires » que progressivement. L’avantage de ce point de vue extérieur est aussi de permettre de réussir à visualiser et identifier sans trop de difficultés les nombreuses personnalités, sans les mettre toutes en même temps sur le devant de la scène, ce qui provoquerait certainement des confusions quant au rôle et aux traits de chacun.

La deuxième partie raconte la vie complète de Milligan. Et quelle vie! C’est à ce moment que l’on comprend à quel point le rythme moins poussé de la première partie à bien aidé à se familiariser avec tout ce petit monde, qui représente tout de même deux dizaines d’identités.

Il est possible de consulter le glossaire à la fin du livre si l’on est perdu, mais je déconseille tout de même de le lire dès le début : cela gâche un peu le sentiment de curiosité qui naît à l’apparition d’un nouvel occupant dans la tête de Billy. Au fur et à mesure, il devient impossible de continuer à visualiser Milligan tel qu’il est et on l’imagine sous des traits différents à chaque fois qu’une de ses personnalités prends le contrôle. Keyes utilise un vocabulaire simple, qui ne se perd jamais dans une quelconque prose psychiatrique, et on peut ainsi se plonger plus facilement dans les étranges dialogues qui peuplent le récit.

La dernière partie, plus courte, reprend là où la première s’est arrêtée, et a clairement été écrite pour tenter d’apitoyer le lecteur sur le sort de Milligan. Et à vrai dire, on se laisse facilement prendre au « piège ». On finit le livre dans un mélange de colère et de tristesse devant l’attitude du monde extérieur, en ayant néanmoins conscience que l’on n’aurait peut-être réagi de la même façon.

On met également le doigt sur un des seuls points que l’on peut reprocher à Keyes : un parti-pris du coté de Milligan. Mais reconnaissons tout de même que l’objectivité ne fait vraiment défaut que dans cette dernière partie.

Pour conclure, je dirais que les 1001 Vies de Billy Milligan est un très bon livre. Une histoire passionnante, presque incroyable et qui aurait pu facilement sombrer dans le sensationnalisme à la Pierre Bellemare. Heureusement, Daniel Keyes évite cet écueil et livre dans un style simple sans être niais l’une des biographies les plus captivantes que j’aie pu lire.

Ma note : 8.5/10

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