À travers son journal intime, Antonin Carvagnac, nous raconte l’histoire de sa famille avec en personnages principaux :
-Le puisatier, père du narrateur, surnommé le Tigre est un homme, un vrai. Le type d’homme qui fait rêver tant de femmes. Un homme de terrain, un ingénieur qui n’hésite pas à risquer sa vie pour sauver des ouvriers. Un homme idéaliste qui trouve une solution réaliste pour décontaminer la planète. Un homme de poigne, prêt à défendre ses idées envers et contre tous. Un homme droit, fidèle à sa femme et à sa famille. Un homme d’honneur qui accepte des années de prison pour le sauvetage de son projet.
-Le narrateur, cloué dans un fauteuil roulant qu’il hait, replié sur lui-même, discret, passionné par le maniement des images devant ses écrans, adule son père. Si son handicap l’empêche d’être un homme de terrain, il possède néanmoins ces mêmes qualités de droiture et d’honneur qui le poussent à tout faire pour préserver le projet du puisatier.
-Le Prince, extrait de Citadelle de Saint-Exupéry, qui « sculpte la pensée ».
La réflexion philosophique :
L’auteur précise dans une interview :
« Ici, je travaille dans la tranquillité et couper des verres est une opération qui laisse l’esprit libre et qui donne envie à l’artisan de se raconter une histoire. »
Cela ressort dans cet ouvrage. L’auteur nous communique ses réflexions sur l’environnement, la démocratie, l’Europe, le handicap, l’injustice, le pouvoir des industriels… Je n’ai malheureusement pas trouvé d’interview qui confirme ce sentiment. Mais je suis persuadée que ce livre relève plus d’une réflexion intellectuelle sur le monde actuel que de fiction pure.
» Je voudrais vous offrir un livre qui n’a pas quitté ma table de chevet depuis des années. Une façon de mieux nous connaître. » (Page 37)
À travers Nielsen, c’est l’auteur qui parle de Citadelle de Saint-Exupéry. Ce livre ne quitte en effet pas sa table de chevet et c’est donc une part de lui-même qu’il nous offre avec toutes les citations du Prince qui parcourent le roman.
Mon avis :
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte. Tout y est sujet à réflexion. Publié il y a bientôt 15 ans, il est toujours autant d’actualité. L’auteur m’inspire également beaucoup de respect, une vie bien remplie, pleine de passion pour le travail manuel comme intellectuel.
Je vais rajouter de ce pas dans ma wish-liste les autres oeuvres du même auteur ainsi que Citadelle que je ne pourrais sans doute pas feuilleter sans me reporter au puisatier.
À lire absolument !!
Quelques citations :
» L’assemblée s’accorde au moins sur un point, celui de dire que la planète est moribonde, voire condamnée. Elle rêve comme moi d’un trou sans fond ouvert sur le néant, d’une bouche d’enfer dans laquelle on pourrait précipiter les résidus inassimilables qui nous détériorent la vie. »
« Le prince dit : « J’interdis que l’on interroge, sachant qu’il n’est jamais de réponse qui désaltère. Celui qui interroge, ce qu’il cherche d’abord c’est l’abîme. » »
« Reste à savoir si la vérité est à préférer au mensonge en toutes circonstances. »
» Toutes les chaînes d’Europe sont envahies par ce dernier tour de scrutin. Les candidats reniflent le linge sale de l’ennemi, exhibent souillures et odeurs nauséabondes de l’adversaire pour grappiller les points manquants. C’est lamentable ! Sous des dehors chevaleresques et à coups de grandes promesses solubles dans l’eau, les deux hommes repeignent l’Europe. »
» Il est un temps où l’homme se fatigue de se mentir à lui-même, de s’illusionner de faux-semblants, de trafiquer la réalité pour la rendre acceptable. »