Compte-rendu du Book Club
Animale, Victor Dixen
25 lecteurs ont participé à ce Book Club.
Le récit obtient la moyenne de 3.86 / 5
Les points forts du roman sont, de l’avis général :
– La réécriture originale à partir d’un conte peu exploité
– L’héroïne attachante
– Deux personnages féminins que l’on a envie de suivre ( Blonde et Gabrielle)
– Les personnages secondaires bien campés
– La plume de l’auteur, fluide, qui entraine le lecteur
– La période historique, peu connue mais adaptée au récit
– L’aspect « légende scandinave » qui plait
– Une histoire aboutie
– L’histoire des Bersekers
– Le mélange de réalité et fiction
Les points faibles ressentis par certains lecteurs :
– Un récit moins envoûtant que le prologue, qui donnait une ambiance plus sombre
– Des longueurs, notamment l’épisode du cirque
– Une préférence très nette pour la première partie du récit, la suite étant moins captivante (problème de rythme)
– L’attachement trop rapide de Blonde et Gaspard / quelques invraisemblances comme l’attirance de Gabrielle pour un monstre
– Une fin trop attendue
Globalement l’ensemble des lecteurs auraient aimé en savoir davantage sur les hommes-ours, les Bersekers et , notamment, suivre de plus près Sven.
I – Les personnages :
Blonde :
– Le personnage de Blonde a semblé peu crédible à certains lecteurs, sont côté naïf sans doute, agaçant. A contrario, d’autres se sont attachés à l’héroïne, la trouvant courageuse, à la fois forte et fragile.
– Son évolution a été perçue comme intéressante, pas trop rapide. On parle ici d’une adolescente ce qui peut expliquer certaines réactions. On apprécie la femme qu’elle est devenue.
– Les avis sont partagés mais l’idée revient souvent que le personnage de Gabrielle fait de l’ombre à Blonde, qui se trouve en retrait .
Gabrielle :
– De façon générale ce personnage a fasciné les lecteurs, même certains n’ont pas adhéré à son amour pour Sven.
– Elle plait par son côté « femme forte » qui dirige les Bersekers.
– En revanche son attitude vis-à-vis de Valrémy intrigue et on parle de son côté brutal, notamment dans l’annonce abrupte qu’elle fait de son départ avec un homme-ours.
– Les flash-back et autres temps forts où elle apparait donnent du rythme au récit
Gaspard :
– on lui reproche un petit côté « ingénu » qui dérange. A contrario certains lecteurs le trouvent courageux, dévoué, prêt à se sacrifier.
– L’auteur, de l’avis général, n’a pas assez exploité ses talents de tailleur de pierre malgré l’occasion qui en est donnée lors de son séjour en Italie
– On parle de sa dimension symbolique : l’idée est évoquée qu’il aurait pu être un soldat, de façon à développer le thème de la rédemption dans sa relation à Blonde / Au contraire d’autres lecteurs pensent que le choix de ce métier est voulu car symbolique ( la pierre = élément religieux mais aussi référence aux fondations sur lesquelles on bâtit), il faut qu’il reste un être pur, le seul qui ne serait pas touché par la cruauté.
Valrémy :
– C’est le personnage le plus détesté dans le récit.
– On lui reconnait pourtant des circonstances atténuantes au vu du départ de Gabrielle avec un homme ours (on rappelle notamment qu’il a cherché Gabrielle à en devenir fou avant de rentrer et de trouver sa lettre dans laquelle elle lui signifie son départ)
Sven :
– Il est dommage que ce personnage n’ait pas été plus exploité. L’image des hommes ours a passionné les lecteurs qui auraient aimé en savoir plus.
– On a apprécié son côté humain et sa volonté de ne pas s’enfermer dans la bestialité.
Les autres personnages :
– On évoque le rôle des sœurs, en demi-teinte, détenant un secret mais également attachées à Blonde malgré les apparences.
– Maitre Ferrière est le second personnage le plus détesté.
– Madame Lune est citée à deux reprises pour sa douceur et le fait qu’elle ne juge pas. C’est un personnage intéressant.
II – L’intrigue :
Animale est un récit qui se révèle complexe. Même s’il part d’un conte connu de tous, il remonte aux origines, en citant d’ailleurs à l’intérieur du roman, le créateur de Boucle d’or, Robert Sutey.
La discussion du Book club a permis de mettre en lumière des aspects intéressants et très travaillés par l’auteur, ce qui en fait un roman où la symbolique est importante.
– L’idée que personne n’est ce qu’il parait :
• Blonde et Gabrielle apparaissent semblables et en même temps en opposition. L’une est une femme-animale, qui s’illustre par sa douceur, l’autre est une femme normale qui rejoint des hommes-ours et les dirige sur l’ile.
• Sven est un homme-animal qui refuse sa bestialité et se montre doux et prévenant envers Gabrielle
• Valrémy dévoile sa cruauté en défigurant Gabrielle et sombre du côté obscur
• Certains prêtres, hommes de Dieu, sont abjects comme celui qui brûle le repaire des Bersekers
• Le Vatican lui-même cache de lourds secrets
• Les sœurs qui élèvent Blonde de révèlent double dans leur attitude, certaines cachant le secret de la petite fille, ou connaissant ses origines. Leur attitude envers Blonde est ambigüe, pourtant elles la protègent.
Il semble donc qu’il y ait opposition entre ceux qui sont des hommes mais perdent leur humanité pour tomber dans le mensonge et la cruauté et ceux qui sont des bêtes mais se révèlent meilleurs.
– La symbolique religieuse :
• Curieusement c’est lorsque Blonde enlève ses lunettes fabriquées à partir de vitraux qu’elle voit vraiment (doit-on y voir une dénonciation de l’Eglise qui, à l’époque encore, aveugle ses ouailles ?)
• Gaspard est un tailleur de pierre (voir symbolique de ce matériaux) et lorsqu’il sculpte Blonde l’iconographie religieuse surgit avec la Lumière
• Il est aussi un être pur par lequel elle sera sauvée
– Les couples :
• C’est le couple Gabrielle/Sven qui remporte les suffrages car a une histoire plus complexe, rythmée et intrigante.
• Les lecteurs auraient aimé que Blonde rejoigne le Nord afin de se rapprocher de ses origines. Son idylle avec Gaspard a semblé plus convenue.
– La période historique :
• C’est un choix judicieux de l’auteur car cette période est peu connue des lecteurs généralement et cela a donné envie à certains d’aller plus loin dans la découverte de ces soldats abandonnés lors de la campagne napoléonienne
• Il fallait une période sombre et en même temps dominée encore par l’Eglise. L’histoire aurait peut-être pu être placée au Moyen âge pour la croyance en des créatures inhumaines. Pourtant on reconnait que l’on n’aurait pas pu alors évoquer les asiles, les expériences scientifiques faites sur les personnes différentes.
III – Le style de l’auteur :
On apprécie la façon dont l’auteur s’est approprié l’histoire. L’idée de mêler différentes narration n’alourdit pas le récit, au contraire. Les lecteurs ont beaucoup aimé ce changement de rythme. Le journal intime de Blonde a toutefois paru surprenant.
C’est un style très visuel, par lequel on plonge dans l’histoire.
Le prologue est très travaillé et donne un souffle lyrique à ce début de roman. Il induit le lecteur en erreur en évoquant les grondements que l’on attribue aux Bersekers alors que le véritable danger est la guerre, la cruauté des hommes.
Tout cela a donné envie aux participants de lire d’autres écrits de Victor Dixen, notamment la suite de Animale ou encore Phobos qui remporte un certain succès.
Rédigé par Unchocolatdansmonroman