Le grand Quoi de Dave Eggers

Lorsqu’il est contraint de fuir Marial Bai, son village natal au Soudan, traqué par les miliciens armés par Khartoum, Valentino a à peine huit ans. Comme des milliers d’autres enfants, le jeune Soudanais va parcourir à pied des centaines de kilomètres à travers l’Ethiopie puis le Kenya à la recherche d’un lieu de paix, pour échapper au destin de bien de ses compatriotes : enfant soldat ou esclave. Valentino passera ensuite plus de dix ans dans des camps de réfugiés avant d’obtenir un visa pour l’Amérique, envisagé comme le paradis. Mais dans la jungle urbaine des Etats-Unis, il devra faire face à un nouvel obstacle, le racisme.

C’est Dave Eggers, l’américain, qui porte à l’écrit le fruit de ses échanges avec Valentino l’Africain. Ce n’est pas Valentino qui écrit, mais c’est bien ses paroles qu’on lit. Roman d’apprentissage et épopée à la fois, ce livre nous mène au fond du Soudan, de l’Ethiopie, du Kenya, au gré des aventures du jeune Achak, qui changera de nom plusieurs fois au fil de ses pérégrinations pour s’appeler finalement Valentino. C’est sur les routes d’Afrique puis dans des camps de réfugiés, en pleine guerre civile au Soudan, traqués par les miliciens et les rebelles, que Valentino vit son enfance, son adolescence et devient adulte. Il y voit des gens assassinés, ses camarades mourir de faim ou dévorés par les lions, il y apprend l’atrocité. Mais comme tous les enfants, il possède une force que les adultes ne soupçonnent pas, et malgré toutes les horreurs, il y apprend l’amitié, la solidarité, l’amour aussi. Et on apprend beaucoup, et avec émotion, en le lisant : les horreurs commises au Soudan, la gestion des camps de réfugiés, les Enfants perdus envoyés en masse aux Etats-Unis.

L’écriture est impertinente, spontanée et juste, et la construction du roman est originale. Il débute sur le cambriolage de l’appartement de Valentino, qui est pris en otage et surveillé par un enfant, Michael. C’est à lui que Valentino commence mentalement à raconter son histoire. Puis à Julian, l’employé de l’hôpital qui le fait patienter jusqu’à ses examens, puis à toutes les autres personnes qu’il croisera jusqu’à la fin du livre. En fait le livre ne se déroule que sur une journée : du cambriolage au début de la journée de travail de Valentino à 5h30, il ne s’écoule que quelques heures. Pourtant le livre est long, principalement fait de flashbacks.

J’ai aimé ce livre car il m’a beaucoup appris, j’ignorais tout ou presque de la guerre au Soudan, car j’étais encore bien petite quand tout cela s’est déroulé. J’ai mis tout de même pas mal de temps pour le lire… Est-ce la construction du livre, parfois un peu lourde, la longueur du texte ? Ou peut-être plutôt le besoin de souffler après avoir traversé aux côtés d’Achak les horreurs de la guerre ?

Une chose est certaine, ce n’est pas un livre qu’on prend plaisir à lire, ce n’est pas un livre qui détend, ce n’est pas un livre qui fait du bien. Pas au moral en tous cas, car c’est un livre utile, voire indispensable, qui fait du bien à la mémoire collective de l’humanité. Merci à Valentino et à Dave Eggers de m’avoir transmis l’histoire des Enfants perdus.

Merci à Livraddict et aux Editions Folio pour m’avoir permis de découvrir ce livre lors d’un partenariat !

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