Lee Anderson, un jeune homme de 26 ans arrive dans la ville de Buckton pour y travailler comme libraire. Il a obtenu le poste grâce à un ami de son frère, Clem. Lee a du quitter sa ville à cause d’une sombre histoire concernant un gosse qui aurait semble-t-il été tué par des blancs, gosse qui hante désormais les nuits de Lee. Celui-ci intègre rapidement une bande locale de jeunes aux comportements pour le moins délurés. Le personnage principal, dont les pulsions sont repoussantes, nous laisse entrevoir un dessein sombre, mais quel est-il exactement ?
J’avais envisagé de lire ce livre il y a quelques années et j’en ai de nouveau entendu parlé il y a quelques mois. Je me suis donc décidé, et voilà qui est fait. Quand j’avais lu que cet ouvrage avait causé des problèmes à son auteur, Boris Vian, je m’étais dit qu’il s’agissait d’une autre époque et que son contenu ne devait plus paraître choquant de nos jours. J’avais tort.
Ce livre est réellement dégueulasse. Le personnage principal est un type abject et ses motivations, aussi fondées soient-elles, ne font pas de lui un héros (au sens littéraire du terme). Tout au long du récit, Lee Anderson nous dégoute, tant son comportement est scandaleux, ses intentions ignobles et les moyens qu’il met en œuvre révoltants.
Au-delà de sa volonté de choquer, Boris Vian, nous livre une critique virulente de la société américaine de la fin des années 40. Il nous dépeint habilement tant la vie dans les petites villes des États-Unis que la relation houleuse entre Blancs et noirs dans cette Amérique où la ségrégation raciale est plus que jamais présente.
Néanmoins, ce sujet est très nettement occulté par l’histoire de Lee Anderson dont les actes odieux prennent le pas sur la remise en question de la société américaine. Évidemment, il en va de la volonté de l’auteur de ne pas critiquer de front.
Ce livre se lit très vite et est assez agréable malgré les propos et les scènes abjectes (je me répète mais c’est le mot le plus approprié). Il est également parsemé d’indices qui permettent de découvrir les motivations du « héros », avant que cela ne soit dit explicitement. Il faut cependant être attentif car certains de ces détails peuvent passer inaperçus. Mais attention, ce livre n’est pas à mettre entre n’importe quelles mains ! L’histoire contée ici en choquera en effet plus d’un.
Une chouette découverte, et ça tombe bien j’ai l’intégrale des œuvres de Boris Vian à ma disposition. J’enchaîne d’ailleurs avec « Les morts ont tous la même peau ».
J’ai lu son roman culte « L’écume des jours » l’année dernière et je l’avais adoré : il est à l’opposé de celui-ci, pleins de poésie, d’amours et tout en finesse. J’ai rajouté ce livre à ma Wish et bien qu’il ait l’air étrange et « abject », j’aimerais le lire…