K. est instituteur. Dès leur première rencontrer, il va aimer, désirer Sumire. Sans espoir de retour. Pour elle, ne compte que la littérature. Pourtant, un jour, une tornade amoureuse emporte la jeune fille quand son chemin croise celui de Miu. Cette femme mariée, plus âgée qu’elle, d’une beauté sophistiquée, va l’engager comme secrétaire particulière par amitié. Séduite jusqu’à l’obsession, Sumire accepte de l’accompagner en Europe. Elle correspond par lettres avec K., l’amoureux solitaire, puis, une nuit, un coup de fil le réveille : c’est Miu qui lui demande de la rejoindre en Grèce le plus vite possible. Sumire a disparu…
Mon avis:
K., le narrateur, aime Sumire, qui aime Miu. Ce qui pourrait ressembler à un triangle amoureux va bien au-delà de ce simple artefact narratif. Tout comme la disparition de Sumire ne constitue pas l’intrigue principale du roman.
De quoi, alors, est-il question? De la frontière entre rêve et réalité, de personnages qui s’efforcent d’investir leur existence tout en ayant conscience de ne pas pouvoir le faire. De la quête de soi et de la perte de soi ou d’une partie de soi. Du mystère qu’est la définition de soi. De la difficulté, comme l’écrit Sumire, à réconcilier le moi réflexif, celui qui comprend et analyse, avec le moi qui m’échappe.
Roman métaphysique, alors? Un peu, mais aussi, roman poétique, délicat, humain. Les références nombreuses à la littérature et à la musique un cocon éthéré où les personnages échangent, souvent dans la douceur, des points de vue divers, des questionnements à la fois naïfs et cruciaux. Et comme toujours avec Murakami, on ne sait pas exactement à quel moment le glissement s’opère, quand est-ce qu’on quitte la réalité pour basculer dans l’onirique. Et on s’en moque, on a simplement envie de se laisser porter.
Il est notable que pour une fois, l’auteur choisit un narrateur-personnage. Le roman est plus linéaire que d’autres écrits comme Kafka sur le rivage ou 1Q84, par exemple, dans lesquels les personnages suivent chacun leur trajectoire avant de finir par se croiser. Dans les amants du Spoutnik, c’est K., l’instituteur tranquille, qui nous livre un récit fluide.
Idéal pour rêver, s’évader, sans quitter son fauteuil, aux confins du rêve.