La couleur du bonheur de Wei-Wei

Résumé :
Mei-Li quitte tout pour rejoindre sa fille, Bai-Lan, et ses petits-enfants. Le gendre ? Envoyé en camp de rééducation par le régime maoïste. Ensemble, les deux femmes affrontent la misère et les persécutions. Cuisinière hors pair, conteuse de talent, Mei-Li ramène la joie dans cette famille brisée. Sa méthode : infusions au gingembre, cueillette de plantes médicinales et histoires abracadabrantes !

Mon avis :
J’ai adoré ce livre, qui m’a permis de me plonger avec un bonheur infini dans l’histoire de la Chine, que je connais peu, et encore moins les conditions de vie des années 1920 à 1984. Le début m’a un peu rappelé Mulan et les scènes de préparation à voir la marieuse, dans le livre Mei-Li est préparée à se marier avec un fiancé qu’elle n’a jamais vu auparavant et qu’on a promis jeune, beau, etc., elle aura une désagréable surprise. Les personnages m’ont beaucoup plu, très vivants, plausibles (pour la belle-mère de Mei-Li, je suis passée de l’exaspération devant ses remarques vipérines à la tristesse et la pitié au fil du livre). Tourner la dernière page m’a laissée triste, sans être sur ma faim, car Wei-Wei m’a transportée en Chine en quelques pages.

Par son style, déjà. De longues descriptions des objets, des actions, comme pour planter un décor, des traditions, des dialogues aux phrases simples et courtes, je me suis rapidement retrouvée immergée dans ces temps successifs, dans cet univers bien particulier, la Chine maoïste. Comme par exemple, la tradition des pieds bandés, de son sens, de la méthode pour y parvenir, des pieds de Mei-Li et de leur influence sur son mariage, du mariage en lui-même, et surtout la signification du titre, cette couleur du bonheur.

La mention de « temps successifs » est importante car elle rejoint la structure du livre, qui m’a étonnée. Je m’attendais à une grande linéarité, passer dans l’ordre de l’enfance de Mei-Li à son mariage, puis la naissance et l’enfance de sa fille Bai-Lan, etc. J’ai été plutôt surprise, et en bien, par le choix de l’auteur. Les chapitres impairs (même s’ils ne sont pas numérotés, ou peut-être car il y a des symboles chinois en guise de titres) forment le récit à la première personne de Mei-Li, s’adressant à Fan-Fan, sa petite-fille, commençant par sa préparation au mariage, son arrivée chez ses beaux-parents, etc. Ceux pairs commencent en 1953, lorsque Mei-Li rejoint Bai-Lan pour son mariage et passent à la troisième personne, prenant Fan-Fan parfois pour narratrice, parfois Ming-Ming son frère aîné, surtout Mei-Li, d’un des chapitres de ce type à l’autre il peut se passer cinq, dix ans. Cette structure assez peu linéaire aurait pu m’ennuyer, m’énerver, me faire passer d’une page à l’autre en me focalisant trop sur l’année, l’âge des personnages, etc. Il n’en a rien été, et ce détail a participé à la magie de l’oeuvre. Quand sommes-nous maintenant ? Vais-je découvrir un pan de la vie de la petite-fille, du petit-fils ? Mei-Li, la grand-mère merveilleuse, va-t-elle me régaler d’une nouvelle description de lieu, de tradition ?

La fin a contribué à cette magie lorsque les deux temps n’en ont fait plus qu’un, donnant son sens à cette « bitemporalité », de manière adorablement poétique, un peu triste, et rejoignant également le titre, lui redonnant le sens qu’on lui connaît depuis les premières pages, bouclant la boucle, un beau symbole d’infini pour une lecture surprise, plaisir et passion.

Ma hâte à rentrer en France augmente encore davantage pour pouvoir découvrir les autres titres de Wei-Wei dont la plume m’a séduite sans doute aucun avec celui-ci !

Merci mille fois à Livraddict et aux Editions Points de m’avoir sélectionnée pour ce partenariat !

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2 commentaires

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  1. J’adore ce genre de livre, romancé mais au travers desquels on apprend des choses sur une culture différente.
    Ta critique donne envie, je le note donc sur ma LAL.