Andrea Schacht
Der dunkle Spiegel
Ed. Blanvalet
2003, broché, 368 pages
Toujours mon auteure « coup de cœur » dans le domaine historico-policier : Der dunkle Spiegel est le 1er tome de la série qui m’a permis de découvrir Andrea Schacht, et c’est un vrai bonheur !
4e de couverture
Cologne, an 1376 de notre Seigneur
Les femmes indépendantes du couvent des béguines de l’Eigelstein seraient-elles des hérétiques et des empoisonneuses ? La jeune béguine Almut Bossart, fille d’un riche maître bâtisseur de la ville, s’emploie avec ardeur à résoudre un mystérieux meurtre dans la maison du marchand de vins Hermann de Lipa. Ce n’est pas tout à fait de gaieté de cœur, car elle est elle-même soupçonnée par l’Inquisiteur…
Résumé
Almut Bossart n’a qu’une vingtaine d’années, mais elle est déjà veuve. Elle a choisi pour conserver son indépendance de devenir béguine, et mène une vie de piété et de service moins stricte que les vœux religieux.
Toutefois, cette relative indépendance des femmes regroupées dans un béguinage est mal vue par certains milieux, notamment ecclésiastiques. Les conflits entre l’empereur et la papauté ajoutent à la tension politique qui règne à Cologne à cette époque.
Un inquisiteur zélé saute donc sur l’occasion pour accuser Almut d’avoir empoisonné un jeune noble bourguignon accueilli chez un marchand de vins bien en vue. Déterminée à prouver son innocence, Almut ne voit qu’une solution pour échapper aux poursuites : trouver le coupable de ce meurtre.
Elle se retrouve secondée dans son entreprise par le père Ivo, confesseur et ami de la famille de la victime. Initialement méfiante envers le bénédictin, elle accorde vite sa confiance à ce moine atypique, érudit aux manières brusques, armé d’un profond sens de la justice et d’une solide connaissance des affaires du monde séculier.
Elle peut également compter sur le soutien d’une alliée inattendue, métisse d’origine mauresque qui oppose aux médisants une force d’esprit et un sens de la provocation bien utiles… et qui s’avère être sa demi-sœur !
Avec l’appui de sa communauté, en particulier de sa supérieure et d’une adolescente sourde-muette dont le sens de l’odorat compense le handicap, Almut élucide le meurtre, non sans avoir échappé de justesse à une tentative d’assassinat.
Mon impression
La série des aventures de la béguine Almut, dont c’est le 1er volume, place le flair d’une accorte Sherlock Holmes en robe grise dans le contexte du Moyen-Âge. L’héroïne est une jeune veuve de bonne famille, qui a décidé de ne pas se remarier et a choisi pour cela le béguinage qui lui permet de vivre sans dépendre d’un homme, mais sans être cloîtrée dans un monastère. Sa liberté de mouvement, son caractère indépendant, son intelligence, sa culture et sa curiosité « de jeune chat » lui permettent d’évoluer pratiquement à volonté dans la ville, de rencontrer des personnages de tous âges et de tous milieux, et surtout de se retrouver mêlée à de sanglants mystères qu’elle élucide au fil des tomes avec l’aide du père Ivo, moine bénédictin contre son gré qui cherche à se libérer de vœux prononcés sous la contrainte. Initialement placée sous le signe de la confrontation, leur relation évolue au fur et à mesure qu’ils apprennent à se connaître et se sauvent mutuellement la vie. Ils finiront par s’avouer leurs sentiments, mais il faudra quelques aventures avant qu’ils puissent s’unir… et s’assurer une progéniture digne de reprendre le flambeau des péripéties parentales.
Ces tribulations nous donnent l’occasion de découvrir divers aspects de l’époque : les troubles politiques et leurs répercussions locales, la hiérarchie sociale d’une grande cité, le statut de la femme – sous certains aspects plus favorable qu’à des époques ultérieures au plan social, économique ou professionnel –, les béguines, ces « religieuses dans le monde » dont l’action caritative passait entre autres par l’éducation des plus pauvres, l’architecture avec la construction de la fameuse cathédrale de Cologne, la foi chrétienne omniprésente et les superstitions, la tolérance plus ou moins grande envers les différences, l’état de la science et la place de l’histoire antique aussi. Tous les pans de la culture occidentale sont représentés dans la Cologne du XIVe siècle.
Comme dans Rheines Gold, j’ai adoré la solide charpente historique de ce roman autant que le suspens bien mené de l’enquête. Fan de Sherlock Holmes, j’ai retrouvé dans le duo Almut-Ivo le sens de l’observation et de la déduction, l’attachement aux menus détails et l’art de démêler des écheveaux d’indices apparemment dénués de lien, l’intelligence et l’intérêt pour la science face à la superstition. S’y ajoute l’importance des relations humaines, avec des héros non exempts de défauts qui les rendent d’autant plus attachants. Almut a l’art de trop parler, Ivo celui de trop se taire, mais ensemble ils jettent dans ce premier volume les bases d’une confiance qui ira en s’approfondissant au fil des aventures.
Le style enlevé d’Andrea Schacht fait certainement partie des choses qui m’ont fait apprécier la lecture en allemand et m’ont aidée à progresser. Les descriptions sont précises sans être envahissantes, le langage imagé et plein d’humour, bref, tout ce qu’il faut pour se laisser emporter par le récit en oubliant qu’on lit dans une langue étrangère…
Une collection que je suis impatiente de compléter !
pour le Challenge Polars historiques de samlor (2/6)
Tu me donnes sacrément envie!! J’aime bien ton résumé, il fait ressortir tout ce que j’essaye de mettre en avant dans mon dossier que je fais sur le polar historique.