Alors qu’il vient de terminer son service militaire, Ora découvre que son fils Ofer, avec qui elle avait prévu de partir pour une longue randonnée en Galilée, s’est porté volontaire pour une mission à haut risque au bord de la frontière palestinienne. C’est plus qu’elle ne peut en supporter… Et plutôt que de rester plusieurs semaines, seule, à se ronger les sangs, cette mère de famille téméraire décide de prendre la route, sac au dos, et de se couper du reste du monde. Enfin, pas de tout le monde, puisqu’elle entraîne avec elle dans cette fuite insensée Avram, son amour de jeunesse, qui est aussi le père biologique d’Ofer, mais qui n’a jamais reconnu sa paternité et jamais vu son fils en 21 ans. C’est ainsi que nos deux amis se retrouvent sur les routes d’Israël, l’une fuyant l’annonce potentielle d’une nouvelle qui l’anéantirait et l’autre, sorti de force de sa tanière et renouant doucement avec le monde. Une marche pour l’espoir, propice aux confidences, et qui mettra à nu deux âmes martyrisées, profondément blessées par la vie, qui ne demandent qu’à se libérer du poids de leurs tourments…
Comment ne pas être complètement bouleversé par la détresse de cette mère déboussolée, qui s’imagine que la vie de son fils dépend de sa fuite en avant et de sa capacité à mettre le plus de distance possible avec les mauvaises nouvelles ? Pour ma part, je me suis totalement laissée submerger par les émotions d’Ora, cette femme capable de passer du rire aux larmes, de l’insouciance à la peur et de l’espoir au plus grand désarroi en une fraction de seconde ! Une femme simple, naturelle et terriblement attachante qui nous ouvre les portes de son cœur avec la plus grande générosité. Impossible de rester insensible quand elle parle avec passion de sa famille et de ses fils, où lorsqu’elle nous plonge dans sa jeunesse heureuse et tourmentée aux côtés d’Ilan et d’Avram. On navigue sans cesse entre passé et présent, souvenirs et transmission de la mémoire. Les narrateurs se succèdent et se croisent sans jamais se heurter. L’écriture de David Grossman est magnifique et entraînante. 800 pages qui se dévorent et dressent à la fois le portrait d’une femme, d’une mère, mais aussi celui d’un pays, d’un peuple qui a longtemps souffert et qui souffre encore… Un texte sublime qui me donne envie d’approfondir ma connaissance de cet auteur !
Je tiens à remercier vivement Livraddict et les éditions Points pour ce partenariat !
Pas mal d’émotions, j’ai l’impression.
Un beau billet.