Titre : Les chroniques des vampires, tome 1 : Entretien avec un vampire
Auteur : Anne Rice
Edition Fleuve Noir
Genre : fantastique
Résumé
De nos jours, à la Nouvelle-Orléans un jeune homme – journaliste ? écrivain ? – a été convoqué dans l’obscurité d’une chambre d’hôtel pour écouter la plus étrange histoire qui soit. Tandis que tourne le magnétophone, son mystérieux interlocuteur raconte sa vie, sa vie de vampire. Comme l’interviewer, nous nous laissons subjuguer, fasciner et entraîner à travers les siècles dans un monde sensuel et terrifiant ou l’atroce le dispute au sublime. Publié en 1976, ce véritable livre culte, 1er volet des Chroniques des vampires, renouvelle totalement l’un des mythes les plus riches et les plus ambigus du fantastique.
Mon commentaire
Les vampires principaux: Louis, Lestra, Claudia, Armand
Où ? A la Nouvelle Orléans, en Europe Centrale, puis à Paris
Quand ? De 1791 à nos jours : les vampires sont réputés pour vivre longtemps.
Voici une histoire qui m’a passionnée tant par le scénario bien construit que par l’écriture d’Anne Rice que j’ai trouvé de belle qualité.
AR prend le temps de décrire ses personnages et leurs sentiments. J’ai particulièrement aimé l’approche très sensuelle des vampires, au point de presque les toucher et de les sentir. L’ambiance surnaturelle est également bien rendue et est d’autant plus marquée lorsque le récit s’interrompt pour faire un saut dans le temps présent dans la chambre d’hôtel et le tête à tête de Louis et du journaliste.
AR conserve ici une bonne partie du mythe du vampire de Bram Stoker tout en insérant quelques légères variations.
Les vampires dorment dans des cercueils, ne sortent que la nuit et se nourrissent de sang, voici le décor planté. Mais, clin d’œil amusant, ils voyagent incognito de jour dans leurs cercueils ce qui n’a l’air de poser de problème à personne de transporter des cercueils à droite et à gauche. L’ail et les crucifix, sans effet sur les vampires, sont présentés comme de vagues objets de superstition qui rassurent les humains.
Les vampires partagent leur vie nocturne mais le monde change trop vite à leur goût et ils doivent constamment s’adapter. Ils ne sont immortels qu’en théorie, leur subsistante est fragile car non seulement ils sont terriblement vulnérables le jour mais ils peuvent également se faire éliminer par leurs semblables dans d’atroces souffrances ou décider eux-même d’en finir.
Les vampires sont toutefois des personnages ambigus, certes, mais leurs comportements ouvertement incestueux et pédophiles m’ont passablement dérangés. Par exemple lorsque Lestra appelle Claudia « ma petite chatte ». Puis lorsque Claudia ramène deux jeunes garçons comme des pâtisseries à déguster.
Les humains, quant à eux, sont présentés comme des abrutis qui ne se doutent de rien. L’auteur ne s’appesantie pas sur eux.
Les nombreuses scènes de mise à mort d’humains ne sont pas les plus impressionnantes car elles font parties du quotidien des vampires. Les scènes les plus marquantes et les plus réussies sont celles qui décrivent les souffrances des vampires qu’elles soient physiques (la faim) ou émotionnelles (la colère, la solitude, l’exil du monde des humains)
Dans la famille des vampires, Louis est un personnage à part. Il s’interroge longtemps sur ce qu’il est mais Lestra, son maître et ami, refuse de partager son savoir. Peut-être ne sait-il rien ?
Louis ne se conçoit pas comme une créature damnée et diabolique. « Je butais sans cesse sur le grand problème moral qui était le mien : étais-je ou non damné du fait de ma nature ? ». Il s’interroge également sur l’immortalité. « Combien pensez-vous qu’il y ait de vampires qui aient la trempe nécessaire pour affronter l’éternité ? » demande Armand.
Armand est fasciné par Louis qui conserve longtemps une part d’humanité. Jusqu’à ce que l’insoutenable finisse par le rendre insensible et encore plus invisible.
Selon moi, c’est pour retrouver cette sensibilité humaine qui disparait progressivement que Louis entreprend de raconter une partie de son histoire.
D’aucuns pourraient dire également qu’il le fait en guise d’expiation ou pour garder le souvenir de Claudia et de Lestra.
Claudia, vampire adulte enfermée dans un corps d’enfant pour l’éternité est monstrueuse. Sa haine de Lestra est palpable alors qu’il est difficile de savoir si finalement elle aime Louis ou ne fait que le manipuler.
Quelques bons moments du récit :
De manière fortuite, Louis observe, impuissant, sa sœur prier sur sa tombe. « Que n’aurais-je pas donné pour toucher ses cheveux argentés, pour lui murmurer mon amour, si l’aveu de mon amour n’eût pas eu pour conséquence de lâcher sur ses dernières années une horreur pire que le chagrin. Je la laissai à sa douleur… »
Puis la description de Paris et sa comparaison avec La Nouvelle-Orléans qui m’ont donné envie d’aller fouler le pavé parisien nocturne et de voir par moi-même comment La Nouvelle-Orléans conserve en elle le souvenir de sa naissance.
« Paris était la mère de La Nouvelle-Orléans. Paris avait donné à la Nouvelle-Orléans sa vie, sa première population, Paris était ce que La Nouvelle-Orléans avait pendant si longtemps essayé d’être ».
Et la suite ?…Lestra recèle un bon potentiel romanesque car nous ne connaissons rien de son passé. Je pense que le second tome qui lui est consacré peut s’avérer très interessant.
Pour terminer, voici une lecture qui m’a marqué et que je vous recommande chaudement. Ma note 18/20
Merci Harmo d’avoir organiser cette lecture commune et de m’avoir ainsi permis d’exprimer ici mon ressenti.