La vérité sur l’affaire Harry Québert de Joel Dickers

Dans la tempête de la rentrée littéraire, beaucoup de vent mais très peu de survivants, pour lesquels les médias s’emballent jusqu’à parfois rendre les lecteurs méfiants, voire carrément hostiles envers ces rescapés littéraires. Ce qui serait somme toute dommage et ne rendrait pas à Harry Québert ce qui revient à Joël Dickers et à son roman, La vérité sur l’affaire Harry Québert, polar romantico-obscur revu à la sauce américaine.

Car au-delà de l’intrigue puissante qui ne ménage ni le suspens, ni le mystère jusqu’aux dernières pages, c’est de l’Amérique d’aujourd’hui et de la place accordée à l’écriture et à l’écrivain dont nous parle Dickers. L’auteur nous dresse le portrait d’une société aux ambitions démesurées, obsédées par l’argent et la réussite sociale et s’interroge sur le devenir des valeurs morales. Au fil des pages, on n’a de cesse de se demander ce qui outrage le plus cette Amérique faussement prude la mort violente d’une gamine de 15 ans ou sa relation passionnée avec un homme de 20 ans son ainé. Rien ne vaut d’ailleurs les personnages de Roy Barnaski, éditeur véreux, bouffi de pouvoir et de supériorité et pour le coup, sans morale aucune, et son homologue avocat, Benjamin Roth, prêt aux pires bassesses pour faire sortir Québert de prison et empocher le pactole des dommages et intérêts au passage. Parce qu’il faut le dire, les seconds rôles parfaitement dessinés dans le roman ont la part belle. On ne se remet pas comme ça d’un coup de fil à Mme Goldman mère.

Dickers mêle avec brio les ficelles de l’intrigue policière et de la satire sociale d’une Amérique décadente sur fonds de littérature, car quelques soient les talents d’anthropologue de l’auteur, La vérité sur l’affaire Harry Québert reste une affaire d’écriture entre deux écrivains, le maître et l’élève. Exploitant à merveilles l’immensité des failles humaines dans toute leur diversité, Joël Dickers nous offre un roman aux mille facettes, aussi abouties les unes que les autres.

Retour à Brooklyn de Hubert Selby Jr

Résumé

Dans ce livre, l’auteur américain Selby montre ce que l’Amérique cache au plus profond de se quartiers. Avec son style « à la mitraillette » il assassine le rêve américain qui n’est déjà plus qu’un cauchemar. « Retour à Booklyn est un chef d’œuvre, un roman noir servi par une écriture sèche et désespérée d’une rare puissance.

Mon avis

L’histoire est connue, le livre très peu. En effet, comme la plupart des gens, j’ai déjà vu l’adaptation cinématographique de ce roman par le talentueux Darren Aronofsky intitulé « Requiem for a dream ».
Normalement, je préfère lire le livre avant de succomber au film. Mais pour une fois j’ai fait l’inverse et heureusement pour moi car cela m’a permis de persévérer dans cette histoire.

Ce livre raconte la descente aux enfers, à travers la dépendance (de manière générale) de 4 personnages. Il y a Harry Goldfarb, sa petite amie Marion, son meilleur ami Tyron et la mère d’Harry, Sara Goldfarb. Le récit nous raconte la chute de Sara d’un côté et celle d’Harry, Marion et Tyron de l’autre. Pour Sara c’est la télévision puis l’obsession de maigrir pour pouvoir passer à la télévision, qui vont la faire quitter la vie réelle et l’emmener dans un monde fait de pilules bleues, violettes, vertes… Quant à Harry, Tyron et Marion se sont toutes sortes de drogues illicites qui vont font faire basculer leu paradis artificiel en spirale destructrice. Le basculement de leur vie se fait de façon impitoyable avec un engrenage qui ne cessera qu’à travers des issues tragiques (internement en hôpital psychiatrique avec des élétrochocs, amputation, prostitution et prison). L’auteur n’hésite pas à maltraiter ses personnages.
Cette vison de la dépendance est très noire, froide, dure et fatale.
Dans mon travail, je croise des personnes dépendantes et heureusement pour elles, leur histoire ne s’achève pas ainsi. Je pense que le but de ce livre est vraiment de marqué les personnes par des choses chocs pour montrer jusqu’où, peut éventuellement, amener la dépendance.

A mon goût, le style est très haché lors des paroles d’Harry, Marion et Tyron. Le récit est composé d’un seul bloc,  sans sauts de lignes, ni de paragraphes. Mieux vaut être bien accroché à l’histoire pour ne pas en perdre le fl.
Malgré ça, c’est un livre captivant et émouvant. Je recommande donc très fortement la lecture de ce livre trop peu connu.

Dracula de Bram Stoker

Tout le monde connaît plus ou moins l’histoire de Dracula, le plus célèbre des vampires sans forcément avoir lu le livre de Bram Stoker… Pour moi qui ne connaissais que la figure du méchant romantique de l’adaptation cinématographique de F.F. Coppola, je dois reconnaître que le vampire d’origine, imaginé par Bram Stoker, est bien différent, même si cette incarnation du mal reste tout autant effrayante et fascinante.

Dans le roman, ce n’est pas la volonté de retrouver son amour perdu qui pousse le comte à rejoindre l’Angleterre et à faire sienne la malheureuse Mina, mais bel et bien le désir d’élargir son terrain de chasse et de développer son pouvoir maléfique. Dracula apparaît comme un monstre tout ce qu’il y a de plus terrifiant et angoissant. Il fascine et révulse avec la même intensité. Il n’épargne personne et traite avec la même cruauté les femmes et les enfants. Le plus intéressant reste peut-être ce mystère qui entoure jusqu’au bout le comte. Jamais il n’est donné au lecteur la possibilité d’entrer pleinement dans l’intimité et dans l’esprit de Dracula. On ne le découvre que par la description qu’en font les paysans superstitieux de Transylvanie, ou les différents protagonistes du roman. Finalement, seul le professeur Van Helsing, le doyen du groupe, se révèle capable d’apporter une définition à la condition de vampire. Il est le référent  et le pilier du groupe, celui par qui l’acceptation d’une autre réalité peut voir le jour. Il est l‘érudit qui détruit peu à peu les barrières des sceptiques. C’est également l’adversaire principal du comte, le seul à pouvoir l’affronter à armes égales car il a su tirer profit des superstitions pour trouver les points faibles du démon.

Bram Stoker nous offre une vision très manichéenne du monde, où le mal s’incarne dans un démon nocturne, solitaire, meurtrier, renié par dieu. A l’inverse, les personnages qui l’affrontent sont extrêmement pieux, animés des plus pures intentions et prêts à se sacrifier pour sauver l’humanité. C’est ainsi que s’engage un combat sans merci, dans lequel l’innocente Mina sera l’enjeu…

J’ai trouvé le roman dense et passionnant et apprécié cette plongée dans le XIXème siècle londonien dominé par sa rationalité et ses valeurs courtoises, contraint d’accepter l’inimaginable. La construction narrative est originale, puisque l’on découvre les faits grâce aux journaux intimes (pas si intimes que ça d’ailleurs!) de Jonathan Harker, de Mina et du docteur Seward, ainsi que par le biais de diverses correspondances ou d’articles de presse. Ainsi, les témoignages se recoupent et enrichissent le nombre d’informations et d’interprétations. Seul bémol, la fin trop vite expédiée à mon goût. J’aurais préféré prolonger un peu plus le plaisir de lecture! Je suis ravie en tout cas d’avoir découvert cette œuvre majeure de la littérature fantastique qui continue à soulever bon nombre de question et d’interrogation après sa lecture…

Un gros merci aux éditions J’ai Lu et à Livraddict pour ce partenariat!

Sur la route de Jack Kerouac

Résumé :

Le livre raconte les tribulations et les voyages de Sal Paradise (Jack Kerouac) et de son  ami Dean Moriarty (Neal Cassidy).

Mon avis :

Je n’ai malheureusement pas grand chose à dire de ce livre. Je suis complètement passée à côté de cette histoire. Je n’ai pas aimé le style d’écriture, les situations ou les dialogues parfois sans queue ni tête. Ce genre d’histoire ne doit pas être mon genre de lecture.

Malgré l’engouement pour ce livre, symbole de le Beat generation, je n’ai pas su apprécier les pérégrinations des personnages et les rebondissements de leurs  vies complètement dissolues. Je n’ai pas été sensible à leurs errances et à leur recherche d’un but.

Je n’ai pas non plus été sensible à la personnalité des héros et Sal m’a semblé beaucoup trop soumis à Dean et effacé. Son manque de caractère m’a agacée.

Bref, je ne retiens rien de positif de ce livre que j’ai eu bien du mal à finir. J’ai même dû survoler certains passages pour en venir à bout.

Une grosse déception.

Discordance de Anna Jörgensdotter

Le résumé :

Cinq frères et sœurs grandissent dans une petite communauté suédoise au pied du mont Kungsberg : deux frères, Edwin et Otto, et trois sœurs, Karin et Sofia, qui restent inséparables jusqu’à à ce que l amour puis la mort les sépare, tandis qu Emilia sillonne les rues à bicyclette en rêvant d évasion.
Tout commence en 1938, lorsque une maison prend feu, celle de Mlle Filipsson, femme singulière venue d’on ne sait où. Edwin est le seul à la pleurer. Un an plus tard, c’est l Europe entière qui s’embrase. Le jour même de l’invasion de la Pologne, une petite fille naît, et Karin, sa mère, agonise… Chacun des membres de la fratrie poursuit sa vie, entre rêves et désillusions. Au long de deux décennies, Anna Jorgensdötter nous livre un roman choral semé d’amour et de drames, marqué par les disparités entre hommes et femmes dans une société en mutation.

Mon avis :

Alors au tout début ce livre me plaisait assez, cependant au bout de quelques dizaines de pages, il a fini par vite me déplaire par son manque de peps.

Déjà pour commencer, j’ai trouvé les personnages inintéressants. Enfin au début je les aimais bien malgré le côté fade de chacun, mais au final et pour diverses raisons, ils ont tous fini par m’ennuyer ou alors m’exaspérer, y compris le seul personnage qui avait un brin d’intérêt pour moi, à savoir Emilia.
Au début je l’appréciais par son côté rêveuse, solitaire… mais par la suite qu’est-ce qu’elle a pu me fatiguer par son côté « coincé » sans raison. Je vous jure que ces passages étaient justes saoulant à lire, et encore plus les passages où elle se sent étrangère à son corps quand on lui parle ou lui pose des questions. Sincèrement, j’ai trouvé cela sérieusement exagéré en plus d’être prodigieusement soporifique ; et comme noël n’était pas fini pendant ma lecture, je peux vous affirmer qu’Emilia n’est pas le pire ! La vie des autres protagonistes est loin d’être aussi passionnante, je vous assure, surtout qu’elle reste assez superficielle. Quoi qu’il soit niveau personnage, je n’ai rien ressenti de sensationnel.

Ensuite l’autre vrai point négatif du livre est l’écriture. Déjà elle est plutôt plate, tout comme l’histoire elle manque de piment, d’un côté attractif, mais en plus elle possède des choses… bizarres. On se demande ce qu’elles font là… Exemple d’un passage page 174 :

« Elle prend une microscopique bouchée de gâteau ; c’est à peine si on la voit mâcher – l’a-t-elle avalée tout rond ? Oui, des bouchées aussi minuscules peuvent s’avaler tout rond. »

Sérieusement, dites-moi où est l’intérêt de cette « réflexion » ? Pourquoi vouloir savoir si elle a avalé les bouchées de gâteau tout rond ? Ça ne sert à rien, et qu’est-ce qu’on s’en fout en prime ! Sans compter que ça ne mène nulle part, alors… (?) Et le pire, c’est qu’ j’ai trouvé que le texte était truffé de chose comme ça. Alors si pour certain ça a du charme, en ce qui me concerne j’avoue que non, ça m’a juste ennuyée un petit peu plus.

Toutefois tout n’est pas à jeter dans ce livre non plus, la dernière partie est la moins la mauvaise et la moins lente à mon goût, ce qui n’est déjà pas si mal, car j’en n’aurais pas mis mes mains à couper. Elle casse la routine de l’histoire, elle développe la vie de Lillemor, et on n’a quelques toutes petites surprises pas désagréables. En clair c’est la meilleur, dommage quand même qu’il faille lire toutes les pages précédentes…

En résume et même si l’ambiance d’une époque est assez bien rendue, ce n’est pas un livre que je conseille. Maintenant il se peut aussi que je n’étais pas dans une bonne période pour le lire, donc le mieux c’est de voir par vous-même.

Je remercie quand même au passage les éditions JC Lattès et Livraddict pour ce partenariat.