Jane Eyre de Charlotte Brontë

Résumé :

Jane Eyre est engagée comme gouvernante de la petite Adèle chez le riche Edward Rochester. Cet homme ombrageux ne tarde pas à être sensible aux charmes…

Mon avis:

J’ai adoré cette histoire si poétique et émouvante, poignante par moments. On est forcés de s’attacher à Jane, si forte face à l’adversité et l’injustice.

Dès le début de l’histoire nous sommes révoltés par la vie dénuée d’amour qui lui est infligée ! Lorsque l’on apprend qu’elle va entrer en pension, j’ai vraiment craint qu’elle ne se retrouve dans un endroit  où elle serait à nouveau traitée avec méchanceté et indifférence…

Au fur et à mesure de ma lecture je me suis sentie de plus en plus proche de ce personnage qui sait apprivoiser les gens qui l’entourent sans trop en faire.

Tout au long du livre son caractère calme et à la fois rebelle nous séduit et ce trait particulier de caractère nous donne droit à des dialogues savoureux menés avec Rochester. Que j’ai aimé son impertinence ! Cela change du caractère souvent soumis d’autres jeunes filles que l’on peut retrouver dans d’autres romans de la même époque. J’ai aussi aimé le paradoxe de son attitude envers Rochester, à qui elle tient tête sans sourciller et son attitude en face de St.John, qui la tient sous sa coupe d’une manière incompréhensible.

J’ai aussi adoré son implication dans la vie de ses proches. A sa façon, elle essaie d’influer sur les évènements de la manière qui lui paraît juste.

J’ai été soulagée de cette fin heureuse qu’elle trouve après avoir vécu tant d’épreuves ! J’aurais été enchantée d’en savoir encore plus sur son avenir.

Pour finir, que dire d’autre à part que j’ai  été séduite par l’écriture de Charlotte Brontë , fluide et moderne. Ce livre se lit très vite et on a beaucoup de mal à le lâcher une fois commencé. Je n’ai pas senti de temps morts, l’histoire est toujours prenante.

A lire sans hésiter !

L’appel de l’ange de Guillaume Musso

Résumé: Dans leur téléphone, il y avait toute leur vie.

New York. Aéroport Kennedy.
Dans la salle d’embarquement bondée, un homme et une femme se télescopent. Dispute anodine, et chacun reprend sa route.
Madeline et Jonathan ne s’étaient jamais rencontrés, ils n’auraient jamais dû se revoir. Mais en ramassant leurs affaires, ils ont échangés leurs téléphones portables. Lorsqu’ils s’aperçoivent de leur méprise, ils sont séparés par 10000 kilomètres : elle est fleuriste à Paris, il tient un restaurant à San-Fransisco.
Cédant à la curiosité, chacun explore le contenu du téléphone de l’autre. Une double indiscrétion et une révélation : leurs vies sont liées par un secret qu’ils pensaient enterrés à jamais…

Biographie de l’auteur: Guillaume Musso, né le 6 juin 1974 à Antibes est un écrivain français.

Guillaume Musso commence à écrire alors qu’il est étudiant. À l’âge de 19 ans, fasciné par les États-Unis, il séjourne quelques mois à New York où il travaille comme vendeur de crèmes glacées2.

En rentrant des États-Unis, il passe une licence de sciences économiques à l’Université de Nice, poursuit ses études à Montpellier et passe le CAPES de sciences économiques et sociales. De 1999 à 2003, il est professeur de sciences économiques et sociales au lycée Erckmann-Chatrian de Phalsbourg et formateur à l’IUFM de Lorraine. En septembre 2003, il intègre le Centre international de Valbonne où il enseignera pendant cinq ans.

En mai 2001 paraît son premier roman, Skidamarink, un thriller en forme de jeu de piste débutant par le vol de La Joconde au musée du Louvre.

Après un grave accident de voiture3, Guillaume Musso imagine en 2004 l’histoire d’un enfant revenu de la mort : Et après… ; le roman se vend à plus d’un million d’exemplaires et est traduit dans une vingtaine de langues. Le film Et après tiré du roman sort sur les écrans le 14 janvier 20094, sous la direction de Gilles Bourdos, avec John Malkovich, Romain Duris et Evangeline Lilly. Puis viennent Sauve-moi (2005), Seras-tu là (2006), Parce que je t’aime (2007) et Je reviens te chercher (2008), Que serais-je sans toi ? (2009), La Fille de papier (2010), L’Appel de l’ange (2011) et  » 7 ans après…  » (2012). Avec 1 567 500 exemplaires vendus en 20115, Guillaume Musso devient le romancier français le plus vendu. Ses livres sont traduits dans 34 langues et les ventes totales de ses romans dépassent les 10 millions d’exemplaires. Presque toutes ses histoires ont fait l’objet – ou sont en cours – d’adaptation cinématographique.

En octobre 2009, succédant à Philippe Claudel, Daniel Picouly, François Morel, Daniel Pennac et Éric-Emmanuel Schmitt, il est l’auteur de la « dictée d’ELA », donnant le coup d’envoi de la campagne annuelle « Mets tes baskets et bats la maladie » pour lutter contre les leucodystrophies6.

En 2012, il est nommé Chevalier de l’Ordre des arts et lettres.

Mon avis: J’ai été emballé par l’histoire, les personnages !! Ce n’est que mon 2ème roman de Guillaume Musso et je suis devenue adepte de son écriture. Cette histoire démarre comme une romance assez simple qui débute dans un aéroport avec l’échange de portables de deux personnes puis l’histoire prend une tournure assez surprenante et on se retrouve plongé dans une histoire de criminels, d’enlèvement, d’enquête et de trahison et on arrive pas à décrocher. L’histoire des deux personnages principaux m’a beaucoup touché, tous les deux des écorchés vifs qui ont un passif vraiment lourd!! J’ai beaucoup l’idée que deux personnes arrivent à se connaître par l’intermédiaire de leur téléphone, ce qui a rendu l’histoire très originale et recherchée. Ce livre m’a donné envie d’approfondir beaucoup plus avec l’écriture de Guillaume Musso.

Une place à prendre de J.K. Rowling

Résumé :

Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante : ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché pittoresque… et son lourd fardeau de secrets. Car derrière cette façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de la mort soudaine de son plus éminent notable.

Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu’alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l’occasion d’une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie.

Mon avis :

Plus besoin de présenter J.K. Rowling la célèbre maman d’Harry Potter, donc passons directement au livre. Ce gros pavé de plus de 600 pages est, noir, sordide, pesant et finalement très actuel. Ici se côtoie, la drogue, la misère, la violence,  « la politique », les mensonges, les secrets, la famille… Maintenant allons voir de plus près comment les mœurs de ce village bien comme il faut, vont se révéler suite à la mort d’un seul homme, Barry.

Tout d’abord je dois préciser que malgré que ça soit JK Rowling, j’ai failli abandonner ma lecture. Déjà parce qu’il y a énormément de personnage (je me suis bien perdue au début), et ensuite parce qu’il ne se passe pas grand-chose de bien croustillant dans un loooonnnng premier temps. Mais comme c’était un partenariat j’ai préféré persévérer et finalement je n’en suis pas mécontente, car le roman vaut vraiment le coup. Malgré quelques longueurs qui nous accompagnent tout au long du livre, et un début plutôt lent et compliqué à suivre, JK Rowling nous prouve encore une fois son talent de conteuse et son goût pour le suspense.

Je conçois que le mot suspense ici peut en étonner plus d’un, car ce n’est pas à proprement parler un roman policier, pourtant ce suspense qu’elle distille par-ci par-là, ce mystère qui entoure les protagonistes, existe réellement ici et c’est d’ailleurs ce qui a fait que j’ai continué ma lecture sans trop d’ennui. En effet, à partir du début on se rend compte que malgré les apparences et une ambiance déjà vu, il y a des zones d’ombre qui enserrent les personnages et les font souffrir ; et ceci est encore plus ressenti, avec cette ambiance lourde, violente, difficile qui pèse sur Pagford et ses environs, du coup on a envie de savoir et pour cela passer outre les quelques longueurs.

Ensuite niveau personnage et malgré qu’ils soient bien nombreux, – mais bon ensuite on s’y fait -, c’est finalement assez bien réalisé à défaut d’être vraiment fouillé. Ils ont chacun une personnalité, des désirs et des travers qui leur sont propres, et on suit très bien leur raisonnement. Maintenant je dois dire qu’ils ne m’ont pas tellement touchée. Certains parce que leurs histoires ne m’ont pas intéressée, notamment leur histoire de fesse, d’autres parce qu’ils m’étaient complètement antipathiques. Je les trouvais soit écœurant de bons sentiments, ou à l’inverse, écœurant d’être trop mauvais, et encore je ne parle pas de ceux qui ont une haute opinion d’eux même… Bref. Pour moi, tous les protagonistes sont restés loin, ils n’étaient que des personnages.

Par contre un point qui m’a un peu gêné, c’est que l’auteure est parfois un peu trop crue dans ses descriptions, sans oublier que certains de ces personnages ont une tendance à être un peu trop vulgaire à mon goût. Alors oui cela rend le contenu très réaliste, mais voilà, un peu moins je n’aurais pas dit non. Et au passage ce dernier point explique aussi, pourquoi certains personnages sont restés très loin de moi. Vu que dans la vie de tous les jours je n’apprécie pas ces gens-là, ça n’a finalement rien d’étonnant que ça m’hérisse un peu le poil ici, mais bon.

En résumé c’est un livre assez sympathique à lire, même s’il faut s’accrocher au début ; mais quoi qu’il en soit, on n’est pas mécontent de cette lecture. Par contre un autre bémol c’est la couverture, elle fait un peu saigner des yeux, franchement je ne la trouve vraiment pas jolie, mais vraiment.

Je remercie les éditions Grasset et Livraddict pour ce partenariat.

Freedom de Jonathan Franzen

Quatrième de couverture :

Patty, Richard et Walter. Ils étaient libres. Libres de s’aimer, de se perdre, de choisir la vie dont ils rêvaient. Aujourd’hui, les espoirs l’ont cédé à l’amertume. Patty a épousé Walter et est devenue mère au foyer. Les enfants partis, Walter s’investit dans l’écologie et Patty se laisse submerger par le quotidien. Un jour Richard réapparaît et avec lui la question : avons-nous fait les bons choix ?

Biographie de l’auteur :

Né à Springfield (Illinois) en 1959, Jonathan Franzen s’est imposé comme l’un des écrivains majeurs de notre temps. Il est notamment l’auteur des Corrections, de La Vingt-Septième Ville et de La Zone d’inconfort, disponibles en Points.

Mon avis :

Lorsque j’ai reçu ce livre dans ma boite aux lettres (merci à Livraddict et aux éditions Points pour ce partenariat!) j’étais ravie et quelque peu effrayée par l’aspect « pavé » de Freedom.

Je l’ai commencé sur le champ, et est apprécié le style de l’auteur, sa capacité à nous transporter aisément dans cette Amérique pleine de contradictions. Cependant, si les deux cents premières pages ne m’ont pas posées de problème, il en fut autrement pour les six cents autres…

Ce livre est amplis de longueurs, il est alors difficile de se passionner pour des pages entières totalement descriptives de tout et de rien. Cependant, je pense avoir compris que l’auteur jour de ces longueurs, il essaye, à travers elles, de nous faire comprendre que certains moments de la vie ne sont pas utiles. Parfois certains passages ressemblent à des conversations banales et creuses que chacun d’entre nous peut avoir. Alors oui, certains passages sont creux, insignifiants et banaux, mais je les aient lu en ce sens et cela m’a facilité la tâche lorsque je commençais à m’endormir…

Jonathan Franzen nous parle de nombreux sujets, toujours, je suppose, dans le but de dépeindre un tableau le plus juste possible de la vie de cette famille américaine, mais cela rend tout de même l’histoire parfois assez confuse. Il ne faut pas oublier non plus que le livre fait près de 800 pages, alors il fallait bien que l’auteur ait des choses à dire s’il ne voulait pas être rébarbatif…
L’un des thèmes centraux, s’il ne faut en donner qu’un ce serait celui de l’environnement, très présent, abordé grâce à une passion pour les oiseaux d’un des personnages, Walter.

Pour revenir au texte lui-même, l’auteur propose une idée intéressante dans la construction de son récit. Il fait s’exprimer « l’autobiographe » et propose donc de donner parfois la parole à cette personne, qui n’est autre que Patty, qui parfois apparaît au détour d’une page, en plein milieu du texte, pour nous éclairer sur un fait, un choix.

Voici un extrait qui illustre mes propos : « De retour à St. Paul, elle continua à plonger dans le puits sans fond du mal-être, et il n’y avait plus d’e-mails de Richard. L’autobiographe aimerait pouvoir dire que Patty ne lui envoya plus d’e-mails non plus, mais il devrait maintenant être clair que sa propension à l’erreur, à la souffrance et à l’auto-flagellation était sans limites ».

En résumé, je peux dire que cette lecture fut longue et parfois difficile, mais qu’elle n’en fut pas pour autant déplaisante. Les personnages ne sont ni caricaturaux ni attachants, ils sont tout simplement dépeints avec beaucoup de réalisme. Cela m’a donné l’impression de pouvoir toucher les personnages, de pouvoir les comprendre, car au fond, ils sont comme nous, ce ne sont ni des héros, ni des lâches, ce sont des Hommes.

La Zone du Dehors d’Alain Damasio

Allez zou, je lance ce brouillon insatisfaisant (et insatisfait, féminin quoi) ne serait-ce que pour avoir d’autres avis (même si j’ai pas eu le droit de publier les « débats » miam précédant)… en espérant ne pas décourager trop de bonnes volontés à la lecture.

Quatrième de couverture
2084, Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Souriez, vous êtes gérés !
Le citoyen ne s’opprime plus : il se fabrique. À la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu’on forme, tout simplement. Au cœur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur espace, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulgurant Slift que rien ne bloque ni ne borne, ils iront au bout de leur volution. En perdant beaucoup. En gagnant tout.

Premier roman, La Zone du Dehors est un livre de combat contre nos sociétés de contrôle. Celles que nos gouvernements, nos multinationales, nos technologies et nos médias nous tissent aux fibres, tranquillement. Avec notre plus complice consentement. Peut-être est-il temps d’apprendre à boxer chaos debout contre le swing de la norme ?

 

Ma lecture
C’est une lecture choisie, et pas une rencontre hasardeuse cette fois. Trop tôt ou trop tard pour investir son contexte !

LZD est beaucoup de choses, alors pour le plaisir de la subversion, organisons ce chaos (sic) !

Un manifeste.
Dans le postface de la première édition, l’auteur définit son but : « comment et pourquoi se rebeller ». Vaste programme pour 650 pages et un format poche ! Alors, même si je sais qu’un style lyrique ou emphatique rend plus lisible une chronique, vous voilà exposés à lire mes sempiternels ergotements (mais chacun est libre ! vous trouverez tout en bas de la présentation un paragraphe plus lisible). Parce que à ce sujet, me vla bien mitigée, force m’est de l’avouer malgré ma bonne volonté sous influence.

Pour plagier on pourra rétorquer que se rebeller c’est bêler deux fois. Alors pour ce qui est du comment, oui. Joli manuel de combat. Harangue efficace des troupes, stratégies de management de projet dynamique, sur plus d’un an de travaux pratiques. Mais est-ce vraiment l’esprit ? Se centrer sur quelques personnages « leaders » constitue un piège infaillible pour décrire une action que l’on veut librement collective. Quand la différence entre puissance et pouvoir devient distinction entre pouvoir et autorité. Quand le charisme devient légitimité, qu’une liberté balise celle des autres.
Quand au pourquoi. Commençons aussi par les déceptions. On saisit avec virulence les tenants de la révolte individuelle. Les racines de la volonté de changement, la force vitale que Damasio cherche à exprimer. Ca oui, on y reviendra. Mais pour quoi ? Si l’idée semble forte, on appréhende peu à peu qu’elle ne se suffise que dans la rébellion justement. Le monde à combattre est bien plus construit, plus convaincant et dépaysant que l’ébauche de monde à construire. Voulu peut-être. Mais l’utopie finale (censée se déployer sur une année, soit au moins autant que les péripéties précédentes) ne séduit pas, est brouillonne et finalement ne donne plus rien à penser, rêver , développer et réinventer.  Au-delà de ses écueils mis en exergue par l’auteur même (un prix de la liberté certes à admettre, mais ressemblant ici à une cacophonie caricaturale de déviance), certains aspects évitent soigneusement d’être pensés, ce qui est décevant, mais fait de ce système un idéal malsain et ingénu. C’est qu’un roman hein ! la question méritait au moins d’être posée, mais l’ambition du manuel de politique défaille du coup.
La volte devient un succédané de révolte, se construisant davantage contre que pour… Et s’achever sur un retour à la confrontation sonne moins sur un final que sur un piétinement, il n’y a pas d’explosion vigoureuse de l’être absolu, juste des frictions dont l’acmé n’est que celle de l’arrivée des effets spéciaux au cinéma, qui permettent de mettre flammes et rougeoiements dans la guérilla.
A l’opposé, le glissement de la coercition au contrôle (pas du tout science-fictif) et le théorème du carcéroviscéral sont très stimulants, avec des degrés de lecture variés (à la faveur de l’imbrication des points de vue et des nuances de celui de Capt). Je n’ai pu que recommandé ce livre à un ami qui passait des concours et me demandaient des références pour mettre en perspective la démocratie. Y a pas à dire, Damasio en face de Tocqueville  ça claque !

Un concept
J’ai donc plus envie d’aller faire des roulades toute seule dans un buisson d’épines que d’un salto collectif dans l’ombre de Damasio (quoi, le personnage s’appelle Capt ? zut je me suis fourvoyée, les dehors de l’auteur prennent une ampleur frappante).
Et pourtant, pourtant (je n’aiimeuh que toi), je ne peux qu’adhérer au concept. J’avais peur de m’engluer dans un angélisme bon enfant. L’homme est bon, la vie est belle. Mais non, Damasio fait vivre ses aspirations. Il mobilise des penseurs, des pensées, prend un plaisir évident à contraindre l’esprit à sortir de ses gonds. Il séduit, fascine, joue avec les désirs, l’envie, en mettant tant des siens et en ouvrant l’espace de tous. La vigueur de l’instinct qui fulgure ce livre. L’appétit de sensualité (avec tous les sens que ce terme recouvre toujours pour moi : la mobilisation de tous les sens, pas seulement dans un sens d’excitation sexuelle) qui gorge la réalité des personnages.
Je n’ai pas trouvé le livre complexe ou percutant comme d’autres lecteurs. Peut-être que ces thèmes étant déjà pour moi des obsessions sont trop familières, et sans doutes mes déceptions et critiques partent également de là. Il reste salvateur, une ode à cet être indissoluble trop souvent contraint, une quête des Dehors, même s’il faut éviter de croire que ceux de l’auteur sont nécessairement les nôtres… Je ne sais pas dire ce dont je lui suis redevable pour la vigueur du cri.

Un roman
Une histoire relativement entraînante, même si elle sert globalement de prétexte au manifeste et au concept. Dès lors elle offre peu de surprises. Les personnages sont intéressants, voire vivifiants. Mais Damasio se concentre sur lui Capt, et du coup, en refusant de le perdre -puisqu’il incarne l’homme du dehors- l’histoire s’essoufle à lui courir après au lieu d’en profiter pour donner à d’autres personnages la dimension grandiose qu’ils appellent. Un peu frustrée, y en a dont j’aurais volontiers accompagné les galipettes voltes. L’individualité de la lutte, la liberté de l’être, auraient pu s’exprimer sans se minimiser à l’aune d’une aura supérieure. Et du coup, je ne peux m’empêcher de remarquer (à desseins -huhu-) que le rôle de la femme est un personnage secondaire au sens propre(Bdcht – cqfd -omg wtf ?). Il y en a une, c’est la copine, la muse, l’icône, mais juste une femme quoi, même si à la grâce du concept elle devient elle aussi l’incarnation d’un fantasme parfait, sensible, sensuel, intelligent, elle n’est pas acteur à proprement parlé. Je saluerais néanmoins la cohérence et l’humilité de la romance dans cet ouvrage. La liberté de n’en pas faire un absolu pour une fois, mais la légèreté de rencontres, qui pour distinctes en densité et valeur n’en sont pas moins légitimes et éloquents témoins de la victoire de la vitalité et de la spontanéité sur le consensus [mode manifeste OFF].

Question écriture… c’est d’une inventivité, d’une liberté encore, d’une pétulance dense, véhémente. S’y superposent de malicieuses références en tous genres, des citations ostentatoires foisonnant dans la richesse des raisonnements, aux allusions discrètes qui relèvent d’un plaisir de l’écriture communicatif ! Le vocabulaire, la syntaxe, font sens. Et bien sûr, la force de certaines phrases, aiguisées, lucides, axiomatiques, des citations à garder à garder devant les yeux pour projeter leur acuité sur le monde.
Un roman de SF qui ne sacrifie ni à la qualité esthétique ni à la distraction, ni à l’admiration intellectuelle et littéraire.

Paragraphe presque lisible pour fainéants ou perspicaces
En bref : j’ai beaucoup aimé, si si ! Une qualité d’écriture rare et jouissive, des personnages intéressants, même si seul le personnage principal a suffisamment de place pour nous questionner comme toute psychologie le devrait, un manifeste séduisant et un concept salvateur. LZD cherche encore trop à éveiller pour ne pas rester dans la pédagogie, et du coup passe à côté de ce qui devrait être sa force libertaire, d’autant qu’il ne parvient pas à édifier sur ses analyses acérées et sa colère envoûtante et passe donc, à mon humble avis, à côté de la claque qu’il devrait être pour respecter l’énoncé proposé.