Le pavillon des cancéreux d’Alexandre Soljenitsyne

Je remercie Livraddict et les éditions Robert Laffont pour ce partenariat.

Présentation de l’éditeur :

Le Pavillon des cancéreux, c’est le quotidien du bâtiment numéro treize de l’hôpital de Tachkent, celui où quelques hommes alités souffrent d’un mal que l’on dit incurable. En s’y installant, Roussanov, haut fonctionnaire du Parti, ne voit pas d’un bon œil d’être contraint de partager sa chambre avec des patients de moindre valeur comme Kostoglotov, un ancien prisonnier du goulag. Mais très vite, il va se rendre compte que tous les titres et les passe-droits dont il usait dans la vie réelle ne lui serviront à rien. Il est mis dans la salle commune et doit se soumettre aux traitements. Comme les autres, il va vivre le combat de l’homme face à la vision de sa mort et son dénuement devant la vanité de sa vie passée. Dans cette salle d’hôpital, on vit désormais de l’intérieur l’angoisse de chacun des sept personnages qui y sont enfermés, qu’on pourrait voir comme un échantillonnage de la société russe au moment dit du  » dégel « , juste après la mort de Staline. Le lieu vit presque en autarcie, pourtant, il est plein des bruits du monde et hanté par la guerre et le communisme. Au-delà des malades, on découvre peu à peu le personnel médical : Zoé, une jeune infirmière, Véra, le médecin, Lioudmila, la chirurgienne et la difficulté de leurs décisions, leur impuissance et leurs interrogations face à des traitements encore incertains. Imaginé en 1955, rédigé dix ans plus tard, Le Pavillon des cancéreux est l’œuvre la plus accessible de Soljenitsyne et sans conteste celle où il est le plus fidèle à la grande tradition du réalisme russe du XIXe siècle.

Mon avis :

Les hommes et les femmes qui entrent au pavillon des cancéreux, pavillon numéro treize, ironie du sort, n’ont aucune garantie d’en sortir un jour. A l’intérieur, la tumeur, le cancer, quel que soit le nom que l’on veut lui donner, semble remettre tout le monde d’accord. L’égalité entre les hommes qui constitue l’objectif du communisme paraît enfin atteinte. Toutefois, les hommes qui entrent là y entrent avec un passé, le récit de leur parcours individuel fonde la description, critique, d’une époque et d’une société. Au cœur de l’ouvrage, la liberté bien sûr, tant chérie des hommes et complètement absente du monde construit par Lénine puis par Staline. Cette liberté, elle est aussi absente du pavillon des cancéreux, où un corps médical sincère et sûr de son fait prend les décisions à la place des patients, sans leur communiquer la moindre information sur leur état de santé, et où on envoie les mourants s’éteindre à l’extérieur au profit des statistiques d’un système qui n’admet aucune faille.
Tout au long du roman, l’atmosphère est pesante. Il faut dire que le cancer est dans cette œuvre un personnage à part entière, dont la présence est loin d’égayer l’ambiance. Le pavillon des cancéreux étant un pavé (plus de 750 pages dans l’édition lue), sa lecture a pu parfois s’avérer pénible, tout simplement parce que les sujets abordés ne sont pas réjouissants.
La lecture éprouvante d’une œuvre intelligente, marquante, et admirablement bien construite.

Divergent de Veronica Roth

J’ai lu ce livre dans le cadre d’une LC organisée par Juliah, et qui est prévue soit pour le 26 novembre, soit pour le 14 janvier(il y a deux sessions).

Synopsis:

Dans le Chicago dystopique de Béatrice, la société est divisée en cinq factions, chacune dédiée à la culture d’une vertu : les Sincères, les Altruistes, les Audacieux, les Fraternels, et les Erudits. Sur un jour désigné de chaque année, tous les adolescents âgés de seize ans doivent choisir la faction à laquelle ils consacreront le reste de leur vie. Pour Béatrice, la décision est entre rester avec sa famille et être qui elle est, les deux sont incompatibles. Alors, elle fait un choix qui surprend tout le monde, y compris elle-même.
Mais Tris a aussi un secret, celui qu’elle a caché à tout le monde parce qu’elle a été averti qu’il peut signifier la mort. Et comme elle découvre un conflit croissant qui menace de percer cette société en apparence parfaite, elle apprend aussi que son secret pourrait l’aider à sauver ceux qu’elle aime. . . ou pourrait la détruire.

Mon avis :

Au début, le résumé ne me plaisait pas trop, et je n’avais pas prévu d’achter Divergent. Mais les milliers d’avis positifs sur le forum m’ont fait changer d’avis, j’ai laissé mes préjugés de côté et j’ai acheté ce roman. Et bien on peut dire que je n’ai pas été déçu. J’ai beaucoup aimé ce livre. Je trouve que l’idée des factions est très bonne, et je trouve l’histoire originale, qui ne ressemble en rien aux livres de jeunesse habituels. On s’attache très vite aux personnages, et l’auteur développe avec brio les sentiments dans son livre, ce qui fait que l’on accroche très bien à l’histoire. Pour ma part, je ne pouvais pas m’arrêter de lire, tellement j’avais envie de connaître la suite, car le livre est bourré de rebondissements.

Pour en savoir plus :

En bref, ce livre est pour moi un gros coup de coeur. Je le conseille à tous ceux qui ne l’ont pas encore lus, ou qui aiment les dystopies. Je lui ai d’ailleurs mit un 9.5/10.

Pour en savoir plus :

Le lien vers la fiche du livre
Le lien vers la fiche de l’auteur
Le lien vers la LC organisée par Juliah
Le lien vers le topic qui est consacré à Divergent sur le forum

La Mécanique du Coeur de Mathias Malzieu

Résumé

Edimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde. Lorsque Jack naît, son cœur gelé se brise immédiatement. La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve.
Depuis lors, il doit prendre soin d’en remonter chaque matin le mécanisme. Mais gare aux passions ! Le regard de braise d’une petite chanteuse andalouse va mettre le cœur de Jack à rude épreuve…

Avis

J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge « Je vide ma bibliothèque ».

Les premières pages, dans lesquelles le héros nous raconte sa naissance, sont … surprenantes et déstabilisantes. Mais très rapidement la magie s’opère et il devient alors très difficile d’interrompre sa lecture.

Jack, Madeleine, Miss Acacia, mais aussi Méliès, Anne et Luna : tous ces personnages, que l’on croirait tout droit sortis de l’univers de Tim Burton nous entraînent avec ravissement dans leur folle aventure. Ces personnages fascinants et les situations loufoques dans lesquelles ils se trouvent font tout le charme de ce livre, par ailleurs très émouvant.

Comment en effet ne pas être ému par l’histoire de Jack, ce drôle de petit personnage avec une horloge à la place du cœur, prêt à tout quitter par amour, au péril de sa vie ? Malgré les difficultés et les moqueries dont il fait l’objet, en raison de sa particularité, Jack va se laisser porter par cet amour, au demeurant beaucoup trop fort pour lui.

La scène de la rencontre entre Jack et Miss Acacia, avec le véritable coup de foudre éprouvé par Jack est tout simplement sublime. Mais au-delà de la romance, on découvre rapidement que les passions amoureuses peuvent se révéler destructrices. La mécanique du cœur est un conte, mais un conte qui parle aussi de la cruauté de la vie.

Ce livre a été une très bonne découverte et j’ai adoré l’univers de Mathias Malzieu. Une fois ma lecture achevée, j’ai eu envie de découvrir l’album musical de la Mécanique du Cœur, que j’ai également adoré.

L’oiseau des ténèbres de Michael Connelly

Résumé

Le procès ultra-médiatisé d’un producteur célèbre tient en haleine le gotha de Los Angeles. L’inspecteur Harry Bosch s’est juré de confondre cette ordure à la barre. Mais voici qu’il est lui-même soupçonné par Terry McCaleb, ex-profiler du FBI, du meurtre sadique d’un petit malfrat. Un duel acharné commence alors entre les deux hommes, pourtant liés par une estime mutuelle. Un duel dont personne ne sortira indemne…

Avis

Je remercie les éditions Le Livre de Poche et le site Livraddict pour m’avoir permis de lire ce livre, que j’ai tout simplement adoré, en tant que fan absolue de Michael Connelly et de l’inspecteur Harry Bosch.

La confrontation entre l’ex-agent Terry Mac Caleb et l’inspecteur Harry Bosch est tout simplement exceptionnelle.

Mc Caleb, retraité et heureux père de famille est sollicité par une ancienne collègue pour lui venir en aide sur une enquête sordide. Dans le même temps, l’inspecteur Harry Bosch est le témoin clé dans le procès d’un célèbre producteur accusé du meurtre d’une actrice.

Rapidement, des soupçons naissent dans l’esprit de Mc Caleb : son ami aurait-il pu commettre l’irréparable, animé par un désir de vengeance ?

Ce qui m’a particulièrement plu dans ce roman est que l’auteur nous révèle les faiblesses et surtout la fragilité des personnages, qui de ce fait sont extrêmement touchants. C’est d’ailleurs ce qui m’a toujours plu dans les romans de Michael Connelly : l’aspect « humain » des enquêtes.

Mc Caleb, traumatisé par sa dernière enquête, mais ayant trouvé une stabilité familiale, est tiraillé entre son instinct d’enquêteur et l’amitié qui le lie à Harry Bosch.

Harry Bosch quant à lui apparaît comme étant extrêmement torturé, stressé par un procès qui le met sur le devant de la scène, affecté par le départ de sa femme et hanté par d’anciennes enquêtes.

Ce roman nous permet, plus que dans tout les autres romans de Michael Connelly, de comprendre à quel point les enquêtes peuvent affecter le mental des agents concernés.

J’ai également beaucoup aimé l’enquête en elle-même, qui nous permet notamment de découvrir l’univers du peintre Hieyronymus Bosch et qui pousse le lecteur à aller voir les tableaux cités, et notamment le Jardin des Délices.

Avec L’oiseau des Ténèbres, Michael nous prouve une nouvelle fois tout son talent !

La trilogie berlinoise de Philip Kerr

Titre : La trilogie berlinoise
Auteur : Philip Kerr
Editions du Masque
Genre : Enquête Policière

4ème de couverture :

Publiés pour la première fois dans les années 1989-1991, L’été de cristal, La pâle figure et Un requiem allemand évoquent l’ambiance du IIIe Reich en 1936 et 1938, et ses décombres en 1947. Ils ont pour héros Bernie Gunther, ex-commissaire de la police berlinoise devenu détective privé. Désabusé et courageux, perspicace et insolent, Bernie est à l’Allemagne nazie ce que Phil Marlowe était à la Californie de la fin des années 30 : un homme solitaire témoin de la cupidité et de la cruauté humaines, qui nous tend le miroir d’un lieu et d’une époque. Des rues de Berlin  » nettoyées  » pour offrir une image idyllique aux visiteurs des Jeux olympiques, à celles de Vienne la corrompue, théâtre après la guerre d’un ballet de tractations pour le moins démoralisant, Bernie va enquêter au milieu d’actrices et de prostituées, de psychiatres et de banquiers, de producteurs de cinéma et de publicitaires. Mais là où la Trilogie se démarque d’un film noir hollywoodien, c’est que les rôles principaux y sont tenus par des vedettes en chair et en os : Heydrich, Himmler et Goering…

Mon avis:

L’histoire commence dans une Allemagne où le nazisme est en plein essor : Berlin 1936 –  veille des Jeux Olympiques. Puis, Berlin 1938 – les Sudètes viennent d’être envahies. Pour terminer : Berlin Vienne 1947 – les pays vaincus sont sous l’autorité des nations anglaise, américaine, russe et française. Les dernières pages se déroulent au moment du blocus de Berlin par l’armée rouge.

Nous suivons Bernhard Gunther, brillant enquêteur allemand, insouciant, intuitif et intègre.
En 1936, refusant les compromissions, Gunther vient de quitter la police allemande, pour devenir détective privé. Puis en 1938, grâce à son excellente réputation, il est recruté par le général Heydrich afin de déjouer un complot qui touche l’état major allemand.
Lorsque nous le retrouvons en 1947, Gunther est physiquement diminué et amaigri par 6 mois de camp de prisonniers russe. Son humour est devenu triste. Sa mission : prouver l’innocence d’un de ses anciens condisciples accusé du meurtre d’un agent américain.

A la lecture de ce livre, je me suis surprise à vérifier à plusieurs reprises la nationalité de l’auteur tant cette plongée dans l’Allemagne nazie me semblait bien documentée, notamment en ce qui concerne les méandres de la trop réputée administration allemande
Nous traversons les évènements historiques et rencontrons des personnages aux noms tristement célèbres comme : Heydrich, Himmler, Goebbels.

L’auteur prend plaisir à nous perdre dans l’enchevêtrement de ses enquêtes mais je m’y suis tellement perdue que je ne suis pas sûre d’avoir toujours très bien compris.

Ce qui est certain, c’est que dans chacune de ces enquêtes nous assistons à un jeu de chats et de souris, jusqu’à ce que les souris se transforment en gros rats hideux.
P228 / « Quand vous adoptez un chat pour attraper les souris à la cuisine, vous ne pouvez pas l’empêcher d’aller courir après les rats du grenier. »

Nous baignons dans le sang de l’histoire. Tortures, assassinats, disparitions….Les cadavres sont nombreux, les morts sanglantes et écœurantes.
L’honneur et la loyauté côtoient le chantage, la corruption et la menace au dépend de la morale.

On découvre qu’après les Allemands, Américains et Russes ne sont pas plus gentils avec leurs conflits d’intérêt et les stratégies de leurs organisations secrètes.
P787 : Les russes « vous collent contre un mur pour vous fusiller ou bien vous décorent de l’ordre de Lénine. »
Les américains « condamnent nos vieux camarades [nazis] à la pendaison un jour et le lendemain ils les recrutent dans leurs services de renseignements. »Les français sont présentés comme des hypocrites.

Berlin
J’ai aimé parcourir Berlin d’avant guerre,découvrir l’ambiance de cette époque : Wannsee et son grand lac, la Porte de Brandebourg, l’avenue « Unter den Linden », le Kurfürstendamm, le squelette du Reichstag, la Friedrichstrasse, la Potsdammerplatz.

P122 / « Il doit y avoir en Allemagne un plus grand nombre d’orchestres de cuivres que d’automobiles. »
J’ai appris au passage que Vienne avait été également une ville occupée par les alliés.

L’auteur fait une halte à Dachau , camps d’internement nazis.
La page 250 : « lorsque l’homme redevient une bête … » fait écho en moi aux phrases de Primo Levi  dans son livre « Si c’est un homme » lu et chroniqué le mois dernier.

Philip Kerr évoque également la honte et la culpabilité que portent en eux les Allemands.
P826 / « Comment avez-vous pu laisser faire çà ? Comment avez-vous pu tolérer de telles horreurs ? Sans doute, pendant plusieurs générations, quand ils croiseront notre regard, les citoyens des autres nations nous poseront-ils la même question muette. »

L’alcool est souvent présent de ce livre. Que ce soit un mauvais alcool de pommes de terre, un whisky ou une vodka, il réconforte, réchauffe, requinque, rassure.
P 16 / « Je ne bois ce truc que pour me laver les dents, mais je suis trop paresseux pour le recracher »
P75 / « Elle me servit une dose suffisante pour y faire tremper un dentier ».

Gunther s’intéresse aussi aux femmes. Elles sont tentatrices, manipulatrices, prostituées mais souvent victimes. Gunther les respecte cependant toujours quelle qu’elles soient.

P115 / « Ses cheveux paraissaient aussi naturels qu’un défilé au pas de l’oie dans Wilhelmstrasse ».
« Autour de moi, les faux-cils battaient avec tant de véhémence pour attirer mon attention que j’avais l’impression d’être en plein courant d’air. »
P283 / « lorsqu’une femme dépasse la cinquantaine, son âge n’a plus d’intérêt pour personne, sauf pour elle. Alors que pour les hommes, c’est exactement le contraire. »

En conclusion :

Un récit dense, parfois trop compliqué pour moi. Ce livre m’a intéressé sans vraiment me passionner. J’en retiens surtout l’ambiance qui est étonnante de réalisme.
Ma note 8/10

Je remercie Franckie pour l’organisation de cette lecture commune.