Cléo, de Fred Bernard

Je ne suis pas la plus belle
mais pas mal quand même,
je ne suis pas sotte
mais je dis des bêtises,
je ne suis pas folle
mais je dis des sottises,
je n’ai pas trente ans
et je suis une reine.
En amour,
j’ai l’impression d’avoir fait le tour,
mais je cherche mon roi.
Je suis une fille comme les autres ?
Peut-être…

Je n’avais encore jamais lu de roman graphique… Cela n’a rien à voir avec une BD au sens classique du terme. Ici on se rapproche plus du roman que des codes BD traditionnels. Je lis rarement des BD, mais un peu d’ouverture d’esprit n’a jamais fait de mal à personne, d’où ce choix de lecture.

Le contraste entre la couverture colorée avec une Cléo un brin espiègle et l’intérieur du livre, très sombre, est surprenant dans un premier temps, mais l’on s’aperçoit vite que ces dessins crayonnés sont parfaitement adaptés au propos et à l’état d’esprit du personnage principal, le tout dans des cases aux bords arrondis.

Une histoire qui n’est absolument pas destinée aux enfants…
Ce roman est loin d’être tout public en raison de la noirceur des illustrations, mais aussi de l’histoire elle-même. Même si Cléo semble au départ bien dans sa peau et enjouée, cette immersion dans son intimité révèle rapidement des failles. Pourtant, le trait et le ton sont légers, avec de nombreuses pointes d’humour. L’auteur fait toutefois quelques choix résolument gonflés, comme la représentation des parents de Cléo en Thot et Horus…
Les références musicales qui ponctuent les cases sont, quant à elles, excellentes !

D’après la quatrième de couverture, ce roman devait raconter l’histoire d’une trentenaire presque ordinaire en quête du grand amour. J’ai donc été surprise de voir le récit s’articuler essentiellement autour de la vie sexuelle de Cléo, puis au fil des pages, j’ai perçu le mal-être (enfoui) de cette jeune femme, résultant d’une part de son éducation (il faut être casée à 30 ans) et de l’absence de communication vraie avec ses parents et d’autre part de ses « déboires » sentimentaux, qu’elle vit plutôt bien au demeurant. Ce roman est une tranche de vie, racontée en voix off, par une jeune femme qui se parle à elle-même sur un ton paternaliste. Elle se livre à nu (c’est le cas de le dire puisqu’elle est souvent dessinée nue !) et nous révèle ses pensées les plus intimes. D’un côté, elle assume complètement ses actes et de l’autre, elle se sent décalée par rapport aux personnes qui l’entourent et aux codes moraux de la société, d’où un malaise certain. Le dénouement est un grand élan d’espoir vers l’amour et le bonheur de pouvoir faire ses propres choix même s’ils sont un peu fous (partir au Japon). Le physique de l’heureux élu est secondaire, c’est tout le reste qui importe et qui donnera à Cléo ce qui lui manque.

En résumé, je dirais que c’est un roman hors du commun, riche, très bien construit et extrêmement profond, à lire plusieurs fois pour bien en apprécier toutes les subtilités.

Je remercie les éditions Robert Laffont et Livr@ddict pour ce partenariat insolite.

Une vie psychosomatique, de Carl Watson

Merci à Livraddict et aux éditions Vagabonde de m’avoir permis de lire ce livre.

Présentation de l’éditeur : « J’ai vu toutes mes relations d’autrefois devenir des hommes d’affaires, des employés, des artistes, des poivrots et des contremaîtres de l’information. Moi, je ne voulais pas. Je ne voulais pas de ce genre de mort. Mais quelle différence finalement avec ma dévotion d’esclave pour le fantasme ? Je peux penser à toutes sortes de justifications rationnelles. Je peux attaquer n’importe quelle émotion sous n’importe quel angle, mais je ne peux plus juger de la nature de ce que je ressens ou de l’intensité de mes sentiments. »
Le chemin qu’emprunte cette histoire ressemble à celui du mouvement des nuages, ou à celui d’une boule de flipper qui, une fois catapultée, parcourt un chemin indéfini : un homme erre dans les rues, prisonnier de rêves violents, durs et absolus, dérouté ici par une ombre, un souvenir, là par un étrange assemblage de façades. Et il finit par échouer dans un endroit inconnu où il ne songeait pas à se rendre.

Mon avis : Une trentaine de pages, c’est le temps qu’il m’a fallu pour pénétrer le récit douloureux et labyrinthique de Carl Watson. Une fois cette étape franchie, j’ai enfin pu apprécié la poésie trash de ce roman d’une violence rare et pure. C’est la vie et la mort qui nous parlent à travers la libération des mots et des fluides, la haine et l’amour qui jaillissent en même temps dans un mélange de sécrétions à la fois sales et inaltérées, répugnantes et sincères.
Entre élévation et nausée, le lecteur plonge dans une ambiance gluante et fétide. La saleté s’écoule dans les égouts, la violence se déverse dans l’humain à l’image des excrétions et mucosités qui parcourent son corps, les pensées courent au même rythme dans l’esprit.
Un livre dans lequel on se perd, dans lequel on oublie où l’on en est tant les images s’enchevêtrent. On est bousculé, malmené même, d’une scène à une autre. Les séquences s’enchaînent, on n’en retient que les textures et les odeurs, toujours au bord du vertige.
Un livre pour lecteur averti, cristallin et nauséabond, qui sort des sentiers battus pour mieux nous traîner dans la boue.
Carl Watson est un auteur à suivre, Vagabonde, une maison à découvrir… Et chapeau bas pour le traducteur !

Baby Challenge Bit-Lit

J’ai décidé de me lancer et de participer au Baby challenge Bit-lit. Peut-être que par la suite, je participerai à un autre. En ce moment, je suis plus attirée par ce genre-là.

Le but du « baby-challenge » est de lire le plus possible de cette sélection !

Voici la liste retenue à partir des notes dans bibliomania :
1 – Anita Blake, tome 1 de Laurell K. Hamilton
2 – Mercy Thompson, tome 1 de Patricia Briggs
3 – Deux cierges pour le diable de Laura Gallego Garcia
4 – Rachel Morgan, tome 1 : Sorcière pour l’échafaud de Kim Harrison
5 – La communauté du sud, tome 1 de Charlaine Harris
6 – Femmes de l’Autremonde, tome 1 : Morsure de Kelley Armstrong
7 – Hush, hush, tome 1 de Becca Fitzpatrick
8 – La maison de la nuit, tome 1 de P.C. Cast
9 – Les Chroniques de Mackayla Lane, tome 1 : Fièvre noire de Karen Marie Moning
10 – Twilight, tome 1 : Fascination de Stephenie Meyer
11 – La Confrérie de la dague noire, tome 1 : L’Amant ténébreux de J.R. Ward
12 – Les Vampires de Manhattan de Melissa De La Cruz
13 – Jaz Parks, tome 1 : Jaz Parks s’en mord les doigts de Jennifer Rardin
14 – Comment se débarrasser d’un vampire amoureux ? de Beth Fantaskey
15 – Chasseuse de la nuit, tome 1 : Au Bord de la Tombe de Jeaniene Frost
16 – Prémonitions de L.J. Smith
17 – Kate Daniels, tome 1 : Morsure magique de Ilona Andrews
18 – Une aventure de Vicki Nelson, tome 1 : Le prix du sang de Tanya Huff
19 – L’appel du sang, la seconde vie de Bree Tanner de Stephenie Meyer
20 – Le cercle secret, tome 1 : L’initiation de L.J. Smith

Médaille d’or : 20/20
Médaille d’argent : 16/20
Médaille de bronze : 12/20
Médaille de chocolat : 8/20

Pour l’instant, je ne commence pas très fort mais je vais me rattraper. Ce sera un vrai défi. Je pense que pour un début, c’est pas mal.

Je suis l’homme le plus beau du monde, de Cyril Massarotto

Résumé :

Cet homme est une légende.
Pourtant, il rêve de disparaître. Et quand il rencontre enfin sa raison de vivre, il est peut-être déjà trop tard… « Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été beau. Je dis beau, mais dans la bouche des gens j’entends plutôt canon, magnifique, sublime, incroyable. Plus généralement, en me voyant, les gens disent : « Waouh ! » Ces mots, je les ai entendus dans toutes les langues, sur tous les tons.
On me les a dits en pleurant, en hurlant, ou juste avant de s’évanouir. On me les a dits à voix basse, sans oser me regarder, ou en écarquillant grand les sourcils. Je suis l’homme le plus beau du monde. Bien sûr, je suis malheureux ».

Mon avis:

Il est clair qu’en voyant la couverture et le titre de ce roman, on peut s’attendre à une histoire plate et ennuyeuse. Et le résumé n’aide pas franchement, pour tout avouer ! Pourtant, au fil des pages, on se rend compte que les rebondissements ne manquent pas, bien que le suspense ne soit pas réellement à son paroxysme.

Dans son roman, Cyril Massarotto nous invite dans un monde tout à fait normal, dans notre société en réalité. Cependant, il ajoute à cela un léger soupçon d’irréel et de magie, comme dans chacun de ses romans, qui nous permet de nous détacher des défauts de cet univers, bien qu’ils soient en réalité les propres aspects de l’imperfection du genre humain – bien réels, eux. Ainsi, l’auteur critique notre société actuelle, avec, malheureusement, une écriture un peu trop simpliste bien qu’efficace, et le lecteur, s’il le souhaite, a la possibilité de s’en dérober en prétendant que lui aussi fut inventé de toute pièce. Quelle satisfaction ! Pour autant, Cyril Massarotto blâme avidement notre monde et l’importance qui est donnée à tout ce qui concerne l’apparence et la superficialité . Difficile de s’en cacher…

En résumé, c’est un roman bien divertissant, qui en plus se lit facilement et rapidement, sans pour autant être le roman du siècle.

Les Radley, de Matt Haig

Résumé (4e de couverture) :
Ils n’ont qu’une addiction : le sang. Mais depuis plus de vingt ans, ils ont décidé de renoncer à leur pêché mignon et de se désintoxiquer. Pas facile d’être un vampire urbain au XXIe siècle ! Dans une banlieue british tout ce qu’il y a de plus respectable, la famille Radley essaye désespérément de se comporter comme « des gens normaux ». Mais des vampires de souche peuvent-ils définitivement refouler leurs désirs et leurs instincts ? Pas sûr…

À contre-courant de toutes les histoires de vampires d’hier et d’aujourd’hui, Matt Haig renouvelle le genre avec ce roman qui est autant une féroce et brillante satire de notre société qu’un pur plaisir de lecture… et d’angoisse.

Mon avis :
J’ai lu ce livre après l’avoir gagné sur le site vampire-toujours que je remercie infiniment.

L’action se déroule pendant un temps très court : 4 jours, du vendredi au lundi, 4 jours durant lesquels les 17 ans de mensonges sur lesquels les Radley ont bâti leur vie vont s’écrouler. Ce qui confère au livre un rythme très rapide, le rendant très agréable à lire.

La couverture est énigmatique. Une clôture dont on comprend qu’elle est ouverte. Mais ouverte sur quoi, sur qui?
Le graphisme du titre est intéressant également: le nom des Radley est écrit en lettres de sang. Le sang d’ailleurs est tellement frais qu’il dégouline sur la clôture située juste en dessous.

Et pourtant…les Radley sont des vampires abstinents. Les enfants de la famille ne savent même pas qu’ils sont des vampires. Ils sont atteints de maux divers qui sont précisément dus à ce régime si difficile à vivre pour les parents: insomnies, maux de têtes, problèmes de peau….

Les personnages sont très attachants :
Rowan, le fils des Radley, est timide, réservé, effacé. Il est poète et doit faire face aux autres garçons du lycée qui ne voient en lui que leur souffre-douleur.
Clara, sa sœur, est une fervente partisane de la cause animale. Bizarrement, les animaux s’enfuient à son approche, ce qu’elle ne comprend évidemment pas. Elle change dès le début du livre son régime végétarien pour un régime végétalien. Ce sera d’ailleurs cette modification alimentaire qui va engendrer des répercussions inattendues dans son existence.
Peter, vampire abstinent, le père Radley, toujours aussi amoureux de sa femme Helen. Cet amour l’a poussé à travestir sa vie pendant 17 ans. Il avoue lui-même qu’« il se contient depuis 17 ans ». Il est devenu médecin dans le petit centre de Bishopthorpe, « une ville dortoir…qui n’est qu’une grande boutique de déguisements où les costumes sont justes plus sophistiqués ». On comprend que le choix qu’il a fait est précisément dû à l’amour qu’il porte à Helen.
Helen, la mère Radley, l’instigatrice des mensonges de la famille. Quel est le poids qu’elle porte sur ses épaules? Elle fait tout pour s’intégrer dans ce village anglais. Peintre, elle a commencé par peindre des femmes nues, puis elle s’est tourné vers la représentation de pommiers entourés d’une clôture.
Un jour elle va devoir ouvrir cette clôture pour protéger une fois de plus sa famille.

J’ai vraiment apprécié cette famille. Elle pourrait d’ailleurs ressembler à beaucoup de familles humaines, pleines de faux-semblants, de non-dits. C’est ce côté tellement humain qui m’a convaincu et qui fait, je trouve, la différence avec d’autres romans décrivant les vampires.

Bilan :
Une lecture détente très positive, qui confirme les très bons échos que j’ai pu trouver ici ou là sur le net.

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