Les Anecdotiers de Carl Bessette

Les anecdotiersTitre : Les Anecdotiers
Auteur : Carl Bessette
Éditeur : La Mèche, 2015
Genre : contemporain
368 pages

De retour de voyage, François Falaise reçoit un colis qui s’était perdu pendant les 17 mois qu’a durée son absence. Il n’en faut pas plus pour qu’il se lance à la conquête de la belle Corinne Périgny, l’expéditrice, qu’il avait rencontrée quelques jours avant son départ, et qu’il déclenche dans la foulée le mouvement mondial des Anecdotiers, créateurs d’anecdotes et d’art au quotidien. Dans sa quête de l’amour éternellement jeune et pétillant, François vit de multiples péripéties sur fond d’improvisation et de magie renouvelée.

Il y a de bonnes idées dans ces Anecdotiers. Une passion planétaire pour la création d’anecdotes qui font sourire (ex. : une fausse demande en mariage magistrale; une distribution de ballons de baudruche sur des antennes de voitures; un air d’opéra chanté en pleine heure de pointe, dans le métro…), c’est rafraîchissant. On se dit que notre monde bien gris et sérieux aurait vraiment besoin d’un peu de folie, d’une bouffée de joie, de surprises souriantes. Il y a de la magie aussi dans l’amour naissant et émerveillé de François et Corinne – l’extase de découvrir l’autre et de le voir habiter chaque facette du quotidien, le bonheur de se trouver enfin. Mais…

Il y a un mais. Pour moi, du moins. Je suis peut-être trop vieille – elle est révolue dans mon cas, l’époque Fanfan –, mais, pour moi, le retour à mes 20 ans n’est pas un idéal de vie. C’était une période bénie que je revivrais avec plaisir, si j’en avais la chance, mais ce n’est pas un état où on peut perpétuellement se maintenir : on change, et ça s’appelle l’évolution, du moins dans mon petit monde à moi. Je ne dis pas qu’on ne peut pas cultiver les petits gestes d’attention au quotidien à 30 balais passés – on le peut et on gagne à le faire à mon avis –, mais il y a une différence entre mettre un mot doux dans la boîte à lunch de son chum et, disons, lui faire gagner un prix international… C’est un idéal un peu puéril, de penser que rien n’est plus beau que de tout larguer pour aller vendre des fleurs sur l’océan! Cela dit, je suis peut-être aigrie et encroûtée dans ma routine et mon « élevage » de marmaille! N’empêche, cet aspect un peu fleur bleue m’a agacée. Je n’aime pas avoir l’impression que le narrateur a « tout compris » et sait comment il faut mener sa vie. Mais ça, c’est moi. Alors plongez-y tout de même, et dites-moi ce que vous en pensez!

Posologie : remède à la grisaille du monde quotidien, à utiliser au besoin pour rêver un peu. Mise en garde : si l’idée selon laquelle on ne peut être vrai et heureux qu’en étant absolument poétique, spontané et « artiste d’amour » vous irrite, ce livre pourrait provoquer chez vous exactement l’effet contraire à celui escompté…

Promenez-vous dans les bois … pendant que vous êtes encore en vie de Ruth Ware

promenez-vous dans les boisPromenons-nous dans les bois…tant qu’on est encore en vie. a été une découverte un peu par hasard grâce à la chaîne « Le livre Ouvert » qui m’a tout de suite donné envie de découvrir ce roman de Ruth Ware.

Résumé:

Dans la nuit noire du Northumberland, derrière la façade de verre d’une maison isolée, l’enterrement de vie de jeune fille bat son plein. Ils sont cinq autour de la table basse, imbibés d’alcool.

Mais derrière les sourires convenus, Nora peine à cacher son malaise, tandis qu’une cascade de questions lui torture le cerveau. Que fait-elle là ? Pourquoi a-t-elle été invitée ? Voilà dix ans qu’elle n’a pas vu Clare, la reine de la fête, son ex-meilleure amie du lycée.

Quelques heures plus tard, Nora émerge du coma à l’hôpital, couverte d’ecchymoses et de sang. Un policier, devant sa porte, parle de meurtre à voix basse. Quel meurtre ? Elle a beau faire appel à sa mémoire, aucun souvenir ne lui revient, c’est le néant. Mais que s’est-il passé ?

Critique:

Le livre nous fait voyager entre l’enterrement de vie de JF et l’hôpital. L’auteur met tranquillement l’atmosphère pendant le début du roman pendant qu’on attend les premières événement de la fête qui va s’empire d’heure en heures.

Mais tenez-vous bien ça quand ça commence, plus rien ne s’arrête jusqu’à la conclusion de cette fête qui va virer au drame.

Pour les personnages, il en a très peu, mais nous sommes quasiment en huis clos dans une petite maison en verre ou à l’hôpital. Ils sont très développés et ont tous un rôle un joué à un moment ou un autre.

Promenons-nous dans les bois…est un bon thriller avec son ambiance unique et un scénario vraiment original avec ces rebondissements qui s’achèveront qu’on est final du livre.

Les talons hauts rapprochent les filles du ciel d’Olivier Gay

Les talons hauts rapprochent les filles du cielRésumé :

Fitz est un night-clubber invétéré, dragueur et également dealer à la petite semaine. Rien ne le prédisposait à mener une enquête policière. C’est sans compter son ex, commissaire de police, en difficulté face à un serial-killer et qui a besoin de son expertise de la nuit parisienne.

Les cadavres de jeunes femmes, affreusement torturées s’accumulent. Elles n’ont pour unique lien que de fréquenter les boîtes de nuits parisiennes. Il faudra quelqu’un de ce monde pour débrouiller les fils de l’enquête.

Citation :

– Bon, tu m’as dit que tu avais des ennuis, et c’est vrai que tu n’as pas l’air dans ton assiette. Qu’est-ce qu’il se passe ?
— C’est une histoire de drogue ? T’as les flics aux trousses ? Des trafiquants ? T’as pas honoré un deal ? renchérit Moussah avec sa belle voix de basse.
— T’as baisé la mauvaise fille ? T’es tombé sur une femme mariée ? Tu t’es embrouillé avec un videur ?
— Tu t’es chopé une MST ? Le virus maudit ?
Je secouai la tête devant toutes leurs hypothèses. À les entendre, c’était un miracle que je sois encore en vie avec tous les risques qui me pendaient au nez.

Avis :

L’auteur est amoureux de Paris et nous communique sa passion. Au travers de son anti-héros, parisien jusqu’au bout des ongles, on se promène dans les rues de Paname (surtout la nuit), la ville lumière prend vit sous nos yeux, entre les lignes. Un livre qui nous plonge dans l’ambiance des folles nuits parisiennes.

Le livre est aussi plaisant à lire par l’humour décalé de son personnage principal, plus anti-héros que héros. « Gentil » dealer, amateur de femmes et de jeux vidéos, ayant horreur de la violence, le voilà enquêteur malgré lui. On rit de ses frasques, de ses remarques sur le monde qui l’entoure.

Mais, les Talons Haut est d’abord à mi-chemin entre le roman policier et le thriller. L’intrigue est peut-être un poil linéaire, mais on s’y trouve néanmoins emporté. On frisonne avec le héros, lorsqu’il comprend qu’il a quitté le gentil monde « bisounours » de ses nuits de clubbers et que sa vie, celle de ses amis est en danger. Jusqu’au final, glaçant, surprenant…

Joyland de Stephen King

JoylandStephen King s’attaque au monde des parcs d’attractions

Résumé:

Les clowns vous ont toujours fait un peu peur .
L’atmosphère des fêtes foraines vous angoisse .
Alors, un petit conseil : ne vous aventurez pas sur une grande roue un soir d’orage…

Mon avis:

King s’essaye avec ce nouveau livre a un tout nouveau monde et s’essaye au genre du thriller avec Joyland. Je vous préviens tout de suite, le résumé ne correspond pas vraiment à l’histoire.

Le livre bien que moins imposant que d’habitude ( 400 pages pour celui-ci, normalement c’est le double) nous fait vivre l’histoire d’un jeune collégien Devin Jones cherchant un travail pour l’été et va se présenter au parc d’attractions « Joyland ». Il sera engagé par le gérant et apprendra le métier et découvrira lors de ce premier jour de l’histoire tragique qui se passa dans l’attraction du train fantôme…

Dans ce livre, ce n’est pas une atmosphère de terreur, pas de monstre ou d’autres que King a l’habitude d’écrire. c’est bien une histoire policière que nous suivons.

En nous faisant découvrir le monde des forains et leur quotidien de tous les jours en nous cachant pas les cotes dérangeant du métier.

Le seul bémol, certains personnages qu’on n’arrive pas a s’attache et qu’on oublie assez vite jusqu’à leur retour dans l’histoire. Seuls les personnages du parc retient notre attention aux causes de l’enquête et nous fait oublie les personnages secondaires qui sont parfois importants.

Je vous recommande ce livre même si n’est pas le meilleur que King a écrit. Il arrive à nous faire voyage dans son petit parc d’attractions qu’il a sues créé en nous montrer le meilleur comme le pire tout en intégrant une histoire de meurtre qui nous tient en haleine jusqu’au bout avec un final surprenant.

Last Exit to Brooklyn d’Hubert Selby Jr.

Last exit to BrooklynTitre : Last Exit to Brooklyn
Auteur : Hubert Selby Jr.
Éditeur : Albin Michel, « 10/18 », 2014 (pour la traduction française)
Traducteurs : Jean-Pierre Carasso et Jacqueline Huet
Genre : contemporain
378 pages

Difficile de résumer l’histoire de Last Exit to Brooklyn, sinon qu’en disant de cet ouvrage déculottant qu’il s’agit d’une collection de récits plutôt sordides mettant en scène divers personnages archétypaux des bas-fonds de Brooklyn – Harry le salaud, Vinny le truand, Georgette la folle et leurs comparses, réunis chez le Grec ou chacun chez soi, y (sur)vivent dans un univers halluciné où les espoirs sont déçus plus souvent qu’autrement.

Je dois dire que j’ai d’abord été un peu heurtée par cette lecture – la misère qui se dégage de ces lignes et les personnages pour la plupart complètement antipathiques ne sont pas d’un abord facile. Au début, la traduction très franco-française ne manquera pas non plus de fatiguer un peu le lecteur non hexagonal – pourtant, je dois dire qu’il était nécessaire de rendre le caractère argotique du texte original, ce que les traducteurs ont bien réussi. Et même une non-Française finit par s’y faire! La typographique particulière adoptée par Selby Jr. a même été rendue de façon non pas fidèle, mais adaptée à la langue française – laquelle comporte beaucoup plus d’élisions que l’anglais. Bref, le texte n’est pas « physiquement » facile pour tout le monde, mais il est bien fait – et on s’y laisse entraîner.

C’est la narration qui finit par l’emporter. Dans un tourbillon de paroles que n’organisent ni tirets ni guillemets, le lecteur se trouve plongé dans la misère de Tralala, les espoirs amoureux déçus de Georgette, les engueulades de Vinny et Mary… Les personnages prennent littéralement vie dans une série de tableaux sans complaisance du Brooklyn du milieu du XXe siècle. Pour ma part, je n’ai mis que peu de temps à y sombrer, ne m’en extrayant qu’avec peine. Ce n’est pas une lecture qui charme ou qui illumine la journée, mais elle n’en est pas moins marquante et nourrissante. On en ressort la tête pleine d’émotions – souvent violentes, mais ô combien humaines.

Ce roman est atypique, c’est un classique moderne s’il en est un. Considérant les thèmes abordés et l’originalité de l’écriture, il n’en est que plus remarquable de souligner que ces récits ont été publiés pour la première fois en 1964!

Posologie : doses petites ou plus fortes, prises avec régularité pour ne pas perdre le fil. Peut être segmenté selon les parties du roman, pour faire durer le plaisir. À lire absolument pour s’émerveiller du caractère innovateur de ce récit!