In Tenebris de Maxime Chattam

In tenebrisQuatrième de couverture

Des ténèbres, nul ne sort indemne. Les propos de Julia, retrouvée scalpée, errant dans les rues de Brooklyn, n’ont de sens que pour elle. Elle affirme sortir de l’Enfer, avoir échappé au Diable lui-même. Et n’être pas la seule…

Sous la neige new-yorkaise, couvre un feu de tourments – un bûcher d’innocents. Le profileur Joshua Brolin sait qu’il lui faudra y plonger.
Sans espoir de salut…

Mon avis

Deuxième tome de la Trilogie du Mal, in Tenebris est un très bon thriller captivant le lecteur jusqu’au bout. Sans non plus être en apnée pendant toute la lecture, Maxime Chattam nous fait à nouveau frissonner dans un univers glauque à souhait.

On retrouve dans ce thriller les décors froids et sombres caractéristiques de l’auteur tout comme les chapitres courts qui font tourner les pages à un rythme soutenu. Les souterrains de New-York, découverts dans La Promesse des Ténèbres refont leur apparition, mais leur place est cette fois-ci minime.

L’intrigue est plutôt bien menée et les connaissances en criminologie de Maxime Chattam se font ressentir tout au long du récit. Malheureusement, les détails techniques, qui avaient sûrement leur intérêt il y a dix ans, sont désormais dépassés et on ne peut que sourire lorsque l’auteur nous décrit très exactement, pour ne citer qu’un exemple, le modèle de gilet pare-balles utilisé par les agents du FBI pour appréhender un suspect.

Côté personnages, nous retrouvons Joshua Brolin, devenu détective privé depuis l’affaire du Fantôme de Portland, et Annabel O’Donnel, se remettant petit à petit de la disparition de son mari. Fort heureusement pour nous, Chattam nous épargne cette fois la romance à l’eau de rose.

Au niveau du dénouement, le lecteur suspecte rapidement l’un des personnages d’être la tête pensante du gang sévissant dans ce tome et tombe dans le panneau de la fausse piste à quelques chapitres de la fin ce qui lui permet d’apprécier les dernières pages à leur juste valeur.

Je recommande vivement ce thriller, qui à mon goût était bien meilleur que L’Âme du Mal. Si le style de Chattam s’améliore au fil des tomes de cette trilogie, mes attentes envers Maléfices risquent d’être très hautes…

La 3è Guerre de Stephanie Aten

La 3ème guerre

Critiquer ou chroniquer les œuvres déjà bien ancrées dans le paysage littéraire m’ennuie. En revanche, parler des petites perles qui se cachent dans les profondeurs de l’océan, ça, j’adore. J’ai l’impression de participer à la pêche et de contribuer à leur découverte.

« La 3e guerre » fait partie de ces nacres, qu’on peut passer des heures à contempler. Pourquoi ?

D’abord, il s’agit d’un roman d’espionnage, genre très délaissé depuis quelques décennies, et qui gagnerait pourtant à être redécouvert par les temps qui courent ! Plonger dans les rouages de notre monde, même si c’est « pour de faux », apporte un recul et une base de réflexion que je juge vital à l’heure actuelle. Nous remettre à nous mêler de ce qui nous regarde (politique, économie, pouvoirs, démocratie…), devient urgent, et ce type de livre nous y aide énormément, parce qu’il nous réconcilie doucement et de façon ludique, avec notre statut de citoyen. C’est donc fort intéressant, voire d’utilité publique par moments !

Ensuite, il s’agit d’un roman d’espionnage écrit par une femme ! Et là, attention : ça change beaucoup de choses. L’action fusionne avec la finesse psychologique, ce qui enfante des personnages fascinants, attachants pour certains, abjects pour d’autres. Tous sont bien campés, tous ont une identité, et ce petit plus dote l’intrigue d’une saveur complexe et supplémentaire, digne des meilleures épices ! Par ailleurs, l’envergure du propos, son « message » prend une tout autre ampleur. On y parle d’autre chose que d’armes ou d’assassinats, de stratégies ou de missions avortées : on y parle des ondes de choc générées par les actes. On y parle du monde, des émotions, de l’humanité, de son devenir… Dans ce livre, tout est  prenant, parce que le propos touche à l’universalité.

Enfin, il s’agit d’un roman d’espionnage dont l’intrigue est aussi solide que la documentation sur laquelle elle repose. L’histoire est très bien conçue, pleine de rebondissements, d’action, d’émotions et de conflits entre camps, mais dans le même temps, on apprend ! On découvre, on s’interroge, on a l’impression de se voir dans les pages, et on ne peut plus rester indifférent. Notre monde s’étend là, sous nos yeux, terriblement « vrai », et on se demande où s’arrête la fiction et où commence la réalité. Je trouve que c’est une valeur ajoutée pour un livre. C’est valable pour tous les genres, mais à fortiori avec ce type de roman.

En conclusion, »La 3e guerre » est une pépite. C’est très bien écrit (apparemment l’auteure est scénariste, c’est donc une professionnelle de l’écriture), c’est palpitant comme un film, et ça vous prend aux tripes… Que demander de plus ?… Moi je suis en train de le relire, parce que j’ai besoin de retrouver ses personnages, et de mieux décrypter les infos que l’auteure nous donne… J’encourage vivement ceux qui cherchent une lecture riche à plonger dans ce roman !

D’ailleurs, je suis heureuse d’avoir été confortée dans mon opinion par cette critique publiée par un spécialiste des polars sur Mediapart :
http://blogs.mediapart.fr/edition/la-cr … triomphait

Bonne découverte amis bookivores ! dft009

Traque blanche de Sally Green

Half Bad 1Half Bad, Sally Green, édition Milan

Dans une Angleterre actuelle, les sorciers blancs et sorciers noirs s’affrontent. D’un côté les gentils, les Blancs ceux qui détiennent le pouvoir et organise la vie de la communauté. De l’autre, les Noirs, mauvais qui sont pourchassés par le conseil.
Il n’y a pas d’alliance entre eux, et pourtant. Nathan est un sang mêlé, issu d’une famille de sorcières blanches du côté de sa mère et fils unique du plus grand sorcier noir ! Rejeté dès la naissance, son enfance va être une suite interminable de restrictions, interdictions, sans compter les brimades, puis les tortures.

Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu un récit sur le monde de sorcier aussi bien construit. Aux Etats-Unis, Sally Green est déjà comparée à JK Rowling, mais qu’on ne se trompe pas Half Bad ne ressemble pas à Harry Potter. Et pourtant, on peut comprendre l’engouement qui se cache derrière le premier tome de cette trilogie.

Le plus : L’auteur nous offre ici un merveilleux univers d’une incroyable crédibilité, riche de détails, de coutumes… Les personnages sont décrits de manière succincte et pourtant les dialogues ainsi que le déroulement du récit leur donne une réelle profondeur dans leur caractère, mais aussi dans leurs gestes.
Ce qui frappe c’est la nuance qui est tout de suite mise à jour entre d’un côté les gentils sorciers blancs et de l’autre les horribles sorciers noirs. Alors que dans les faits la frontière est loin d’être aussi nette ; le jeune Nathan va rapidement apprendre, à ses dépens, que tous sont capables du pire.

Ce que va traverser Nathan, de son enfance jusqu’à ses 17 ans, est une suite de tortures, souvent d’une brutalité frappante (oui même en anglais!) est dure à accepter. Cela forge son caractère très tôt sans qu’il tombe dans une fatalité. Il se devra s’endurcir mais cela ne sera jamais assez pour accepter de telles choses ; il ne comprendra pas ce qu’il a pu faire de mal car son seul tort est en réalité d’être un sang mêlé blanc noir.

Pour conclure, je commence à comprendre l’enthousiasme qui se cache derrière l’arrivée de ce bijou dans les librairies françaises.
Oui ce premier tome est d’une exceptionnelle imagination, un récit haletant et l’on dévore les pages sans s’en rendre compte.
N’ayant pas vraiment l’habitude de lire en anglais, je pense être certainement passée à côté de certains détails (raison pour laquelle je compte bien le relire en français) mais cela n’enlève rien à mon sentiment.

Ce livre est une pure merveille, juste exceptionnel!

Nummer de Frédéric Staniland

NummerNummer est un livre que je n’aurai pas lu sans le partenariat avec Livraddict et Scrineo, que je remercie. Le sujet, la seconde guerre mondiale, m’intéresse beaucoup mais la couverture ne me donnait pas forcément très envie au début sans trop savoir pourquoi, peut-être une crainte de replonger dans les atrocités de la guerre, et pourtant la lecture de ce livre a été passionnante.

La deuxième guerre mondiale est ici abordée de manière différente des romans pour adultes. On suit le parcours de deux groupes à deux époques différentes. On est à la fois plongés dans les atrocités de la guerre et également dans les secrets de celle-ci avec l’enquête menée par Séraphin, à notre époque.

Nos actes, nos choix, nos opinions nous guident et font souvent de nous ce que nous sommes. C’est le cas pour les différents personnages auxquels nous nous attachons dans ce roman. Ils vivent au final une expérience commune mais à plusieurs époques.

Nummer est remarquablement bien écrit car il n’est ni trop historique, ni trop romancé et je pense qu’ainsi il touche un public large, que ce soient des adolescents ou des adultes. On oscille entre les différentes périodes avec facilité car à chaque fois il s’agit d’un nouveau chapitre. On se prend très vite à l’enquête et on a envie de venir en aide aux protagonistes.

Frédéric  Staniland a un style qui me plaît beaucoup, ses chapitres sont dynamiques et on ne s’ennuie donc jamais, au contraire on souhaiterait que le livre continue encore un peu plus. J’ai appris ce qu’était le kindertransport. Cet événement m’était jusqu’alors inconnu.

Les notes de fin d’ouvrage aident ou aideront justement à la compréhension de passages de la guerre. Pour les adolescents je pense qu’il s’agit d’un roman intéressant et très complémentaire à ce qu’ils peuvent apprendre dans les livres d’école. Pour les adultes je crois qu’il est tout aussi intéressant car il permet de remettre en mémoire ce qu’on a pu apprendre sur cette guerre. Nous devons faire ce devoir de mémoire pour que les atrocités de la guerre ne se reproduisent jamais. C’est encore plus important à notre époque où notre société est en pleine évolution.

C’est une lecture que je recommande vivement car ce livre est juste et nécessaire à la mémoire collective.

Trois éclats toutes les vingt secondes de Françoise Kerymer

Trois éclats toutes les vingt secondesMerci aux éditions JC Lattès et à Livraddict pour la lecture de Trois éclats toutes les vingt secondes

Présentation de l’éditeur :

Au large du Finistère, là où la terre finit, où le plus grand cimetière marin du monde murmure ses légendes, une île : l’île de Sein.
Emma et son fils, Camille, sept ans, y débarquent pour passer les deux mois d’été.
La jeune mère est désespérée : contrainte à cet exil par son mari, elle éprouve les plus grandes difficultés à comprendre son fils, à l’intelligence aiguë et au caractère imprévisible. Et si le jeune garçon s’enthousiasme immédiatement pour l’île, Emma résiste malgré le soutien d’Armelle, la restauratrice au grand coeur, de Ronan, marin de la navette quotidienne avec la grande terre, et de Louis-Camille, compositeur solitaire.
Entre ciel et mer un drame se joue. La magie de l’île bretonne réussira-t-elle à sauver la mère et son enfant ?
Un récit lumineux, qui mêle finement psychologie et suspense.

Mon avis :

Trois éclats toutes les vingt secondes est un récit prenant et facile à lire, que l’on traverse comme on ferait une promenade au bord de l’eau. L’auteure y met en œuvre une syntaxe simple. Pas d’exploit littéraire, mais une ambiance de bout du monde efficacement installée par l’omniprésence du vocabulaire maritime. On se laisse rapidement bercer par le ressac.

C’est d’ailleurs un récit d’apaisement, dans lequel des personnages coincés à l’intérieur d’eux-mêmes vont profiter de la bouffée d’air pur offerte par l’Ile de Sein et ses quelques deux-cents habitants pour s’aérer et se reconstruire sur cette terre qui guérit ceux qui la foulent. Emma vit une crise profonde dans sa relation à son fils surdoué Camille et son mari tyrannique Boris. Elle s’ennuyait, elle a perdu pied. La voici punie, parisienne de mœurs et d’adoption coincée parmi les pécheurs deux mois durant. Camille, quant à lui, apprend auprès d’autres adultes que l’amour qu’il croit ne pas recevoir de sa mère peut prendre des visages inattendus. Louis-Camille, compositeur et chef d’orchestre exilé, cherche la mélodie du bonheur. Sans être particulièrement complexes, les personnages sont crédibles même s’ils sont peut-être parfois un peu trop bons pour être réalistes. Quoi qu’il en soit, on attend avec eux la résolution de leurs drames personnels, on espère qu’ils parviendront à combler leur vide intérieur.

Trois éclats toutes les vingt secondes, titre qui réfère, on l’aura deviné, à l’activité d’un phare, est une lecture sereine, agréable.