Mariage à l’indienne de Kavita Daswani

Mariage à l'indienneTitre  : Mariage à l’indienne
Auteur : Kavita Daswani
Titre original : For matrimonial purposes
Traducteur : Pascale Michon (Américain)
Éditeur : Feryane
Date de publication : 2004
Nombre de pages : 413

*Quatrième de couverture*

Née à Bombay, devenue journaliste de mode à New York, Anju est écartelée entre son envie de vivre à l’américaine, célibataire et libre, et son désir de rester fidèle à ses racines indiennes pour ne pas décevoir sa nombreuse famille. Mariage à l’indienne est le récit plein d’humour de ses pérégrinations amoureuses, de sa sélection rigoureuse des candidats et des choix qu’elle doit accomplir pour rester fidèle à elle-même tout en sacrifiant aux traditions.

*Mon avis*

Non-amatrices de « chick lit », mieux vaut passer votre chemin… Bien que l’héroïne se prénomme Anju et soit d’origine indienne, elle présente bien des similitudes avec une Bridget bien connue. Mais l’une cherche l’amour tandis que l’autre désire avant tout un mari.

La quête d’Anju pour dénicher la perle rare, non seulement pour elle mais également pour sa famille, aurait pu être drôle ou même seulement divertissante mais non ! Rien ne suscite la moindre émotion dans ce roman, on ne parvient pas à s’identifier à cette trentenaire qui n’arrive pas à se faire passer la bague au doigt, ni à se prendre au jeu de sa supposée quête identitaire qui ne l’éloignera au final pas une seconde du droit chemin. Tout le roman s’organise autour de ce schéma : rencontre d’un prétendant potentiel – intérêt de l’une des deux parties mais pas de l’autre – échec – retour à zéro. Au final, on s’ennuie à mourir d’autant qu’il faut composer avec les digressions sur le métier de mademoiselle dont le seul but est de souligner ô combien sa vie professionnelle est réussie.

Le seul intérêt de ce roman selon moi est d’introduire le lecteur au monde des mariages arrangés tels qu’ils sont toujours pratiqués en Inde. Bien sûr, l’auteure en a grossi les traits, au point de rendre certaines situations peu crédibles ; toutefois il n’est pas inintéressant de se laisser entraîner dans les coulisses des négociations pré-maritales et de mesurer l’ampleur de la pression sociale et familiale concernant le mariage.

En conclusion, n’emmenez pas Mariage à l’indienne sur une île déserte, gardez-le-vous sous le coude pour occuper une froide journée d’hiver (pas deux, ça se lit tellement vite…) où vous n’aurez rien, mais alors rien, de mieux à faire…

L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage de Haruki Murakami

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinageL’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage est le dernier livre de Haruki Murakami, paru en septembre dernier et présenté par de nombreuses critiques comme une œuvre moins sombre, flottant dans une sorte de mélancolie apaisée.

Cela ne correspond pas exactement à mon sentiment de lectrice. A mon sens, la particularité de ce roman tient surtout dans le caractère volontariste du protagoniste, qui à un moment donné, parvient à définir ses priorités pour agir en conséquence. Souvent, dans les livres de Murakami, les protagonistes sont spectateurs de leur propre existence. Ils acceptent ce qui leur arrive sans vraiment se poser de question, c’est d’ailleurs le mécanisme par lequel le surnaturel, la fantaisie, finit par advenir et par se confondre avec la réalité, ou plutôt, par devenir une réalité parmi d’autres et perméable à d’autres.

Tsukuru Tazaki se trouve dans cette position au début du roman. Il a accepté l’idée qu’il était, d’une certaine manière dépourvu d’identité à la suite d’événements qui l’ont amené à réprimer ses affects. Puis, il sort de sa torpeur, prend sa vie en main en explorant son passé. En cherchant à comprendre ce qui est advenu il y a plus de quinze ans, il rassemble les pièces de son propre puzzle pour redécouvrir sa propre identité et prendre les décisions qui s’imposent compte tenu de ses propres priorités.

Mais pour cela, il doit passer par la tourmente du reflet offert par le miroir des autres et par ce à quoi il est forcé d’admettre qu’il n’a pas pu/voulu s’y confronter. C’est dans ce sens que ce roman me paraît plus violent que les autres écrits de cet auteur, parce que Tsukuru Tazaki vit sa cruauté de l’intérieur, parce qu’il est ébranlé dans les fondements de son être et non simplement plongé dans une intrigue qui le dépasse ou un monde qu’il ne comprend pas. C’est de lui, dont il doute, pas métaphoriquement mais explicitement.

Sortir de l’immobilisme, établir ses priorités, prendre sa vie en main, autant d’épreuves dont la réussite repose sur la capacité de chacun à être soi, à s’éprouver et à s’assumer, cette petite chose toute simple qui pour certains est pourtant la tâche la plus difficile à accomplir. Et c’est avec maestria que Murakami décrit le miracle d’un éveil à la vie vraie et à l’amour véritable, dans un cadre qu’il met brillamment en place au moyen des ingrédients qu’on lui connaît : références musicales, retours sur le passé, récits d’amitiés, multiplicité des lieux publics, des lieux de passage où l’on peut s’épier en train d’observer les autres pour mieux pénétrer sa propre intimité.

Moment d’un couple de Nelly Alard

Moment d'un  coupleMerci aux éditions Folio et à Livraddict pour la découverte de Moment d’un couple.

Présentation de l’éditeur :

Juliette, ingénieur dans l’informatique, et Olivier, journaliste, ont deux enfants et une vie de couple moderne. Lorsque Olivier avoue à sa femme avoir une liaison, l’univers de Juliette vacille. Comment survivre à la trahison ? C’est à cette question que ce roman, écrit au scalpel, sans concession mais non sans humour, entend répondre. Rien n’y échappe, ni les risques de la vie à deux et les glissements du désir ni les contradictions d’un certain féminisme et la difficulté d’être un homme aujourd’hui.

Mon avis :

Olivier téléphone à Juliette, son épouse et la mère de ses deux enfants. Il lui annonce qu’il ne pourra pas la rejoindre pour aller ensemble au cinéma comme prévu, il a une liaison depuis trois semaines avec une femme qui est en train de faire une crise d’épilepsie. Il ne peut pas la laisser seule dans cet était.
Voici le point de départ de Moment d’un couple, récit qui narre l’épreuve que traversent Juliette et Olivier suite à l’apparition de Victoire dans leur vie. Je dis bien dans LEUR vie, car Olivier, quarante-six ans n’est ni responsable, ni coupable. Lorsqu’il s’aperçoit qu’il rendra Victoire malheureuse en ne quittant pas sa femme, et qu’il aura du mal à se débarrasser de cette maîtresse encombrante, il demande à Juliette de lui venir en aide. C’est bien normal, puisque s’il a pris une maîtresse, c’est parce que sa femme le rabaisse.

Vous êtes perplexe ? Moi aussi. Et pourtant, on a tous dans notre entourage des couples qui ont des modes de fonctionnement qui nous paraisse surprenant, et qui malgré cela traversent les tempêtes et les années. Vu de l’extérieur, personne ne peut comprendre comment cela fonctionne.

C’est raconté essentiellement du point de vue de Juliette. C’est fluide et réaliste, la preuve en est : l’identification est possible. A plusieurs reprises, je me suis demandé ce que j’aurais fait à la place de cette femme. Mais encore une fois, apporter une réponse est irréaliste. Juliette ne prend pas ses décisions en tant que femme, mais aussi en tant que membre d’un binôme Juliette/Olivier, dont le fonctionnement est bien rôdé.

Ce qui est bien fait dans ce livre, et qui m’a plu, c’est justement cela : le fait que l’auteure parvienne à nous faire entrer dans l’intimité du couple. Peu à peu, on comprend comment s’articule cette machine complexe. Les comportements de Juliette et d’Olivier deviennent prévisibles. En revanche, ce livre ne séduira je pense que les personnes intéressées par les récits psychologiques. Il y a des rebondissements, mais qui ne sortent pas du cadre de l’intrigue amoureuse. C’est vraiment au niveau du ressenti des personnages que tout se passe.

Un bon livre, mais s’adressant  à un public particulier. Le titre est particulièrement bien choisi.

ALE 2100 de Sophie G. Winner

couverture_ALE1Lola vit en Belgique, elle a une maman plutôt sympa mais protectrice, un beau-père cool qui l’a initié aux jeux vidéos, deux petits-frères, un père qui a choisi d’aller explorer et photographier le monde plutôt que de mener une petite vie bien tranquille et qui n’a plus donné signe de vie depuis 8 mois. Lola vit surtout en 2025. Les technologies ont évolué et les jeux virtuels se pratiquent avec un casque, un peu comme dans une réalité augmentée mais toujours plus fade et/ou insipide que la réalité. Sauf avec ALE 2100, un nouveau jeu que Lola est invitée à essayer en avant-première par Eo, pseudo d’un gamer avec qui elle a lié amitié.

ALE 2100 propose deux choses innovantes : d’une part une vision du futur basée sur les pires scénarios écologico-politico-environnementaux et d’autre part l’idée d’une interface (« Sensation ») qui permet aux joueurs de ressentir ce que vivent leurs avatars avec des degrés plus ou moins forts d’intensité. A la clef de ce test, pour l’équipe gagnante, composée de 3 joueurs, un chèque de 300.000 € que Lola compte bien remporter pour partir à la recherche de son père.

Après des débuts poussifs, l’histoire s’emballe admirablement au fil des missions réalisées par Lola (dont l’avatar s’appelle Waverider), Erik-Oliver (sont l’avatar est donc Eo) et un illustre inconnu (dont l’avatar est L’Emissaire), un grand black baraqué américain dont les réseaux d’influence dans la vraie vie sont mystérieux.

Sophie G. Winner entretient d’ailleurs plutôt bien le mystère autour des points clefs de son histoire : qui est L’émissaire et que vient-il faire dans ce test ? Qui est l’étranger Valens qui aide Lola et son équipe dans les missions ? Quel est le but d’ALE 2011 ? Qui est son créateur ? Qu’est-il arrivé à son père ? Est-ce ou non lié à ALE 2100, les sujets d’intérêts de l’un n’étant pas si éloignés que cela des sujets traités par l’autre ?

A travers des scénarios catastrophes bien pensés, Sophie G. Winner envisage un futur apocalyptique pour tirer une sonnette d’alarme avec des arguments qui mériteraient d’être un peu plus développés. Les réflexions socio-économiques ne sont pas le point fort de ce livre qui se lit avant tout comme un roman d’aventure avec un peu de romance alors qu’il se veut quelque chose de plus profond. Sophie G. Winner ne manque toutefois pas d’imagination pour propulser les joueurs dans un monde futuriste où les déserts africains sont devenus la fourrière mondiale, la forêt amazonienne a disparu, les gens sont ghettoïsés en fonction de leur apparence physique, la population américaine doit acheter don métier ou mourir, les populations chinoises doivent acheter leur vie au-delà de 50 ans ou mourir avant leur soixantième année,…

Roman d’anticipation aux ambitions affirmées, s’il est d’une lecture agréable et si on s’attache aux personnages et qu’on a clairement envie de connaître l’issue de cette aventure, il reste malgré tout un livre destiné à distraire, certes intelligemment, les adolescents en attirant leur attention sur les enjeux de la préservation de la planète et par là-même de notre bien-être.

Il y a un petit côté Inception dans la notion de personnes physiques qui vivent et ressentent dans leurs corps ce que leurs avatars font dans le jeu, un petit côté Lara Croft dans des missions où le combat vient se mêler à l’exploration, un petit côté Tekken dans des combats purs. Le projet bénéficie d’un site (www.ale2100.com) qui prolonge le travail de Sophie G. Winner et prouve qu’avec un peu de travail, ce livre pourrait faire un bon jeu.

Une lecture 2015 tout en douceur et facilité mais distrayante et apportant un éclairage intéressant et ludique, même s’il est parfois simpliste, sur le futur de notre planète et de nos sociétés.

Des grives aux loups de Claude Michelet

des-grives-aux-loups-89871-250-400Résumé :

Des grives aux loups est le premier tome de la saga des Vialhe. L’histoire se déroule à « Saint-Libéral sur Diamond », un petit bourg de Corrèze, près de la Dordogne. La Corrèze est un pays d’élevage et d’agriculture. Jean-Édouard vit et règne en maître sur son domaine de 10 hectares et sur sa famille. Marié à Marguerite, ils auront trois enfants : Pierre-Édouard, Louise et Berthe. L’histoire se déroule des années 1899 à 1920, à l’aube d’un nouveau siècle et des nouvelles idées techniques et révolutionnaires et de la première guerre mondiale. Ainsi, Jean-Édouard, profitera de la construction de la voie ferrée pour faire des bénéfices et s’agrandir, Pierre – Édouard partira à la guerre, Louise quittera sa famille, bannie par son père car elle voulait se marier à une personne dont son père ne voulait pas et Berthe, après des longues années passées à subir les réprimandes de son père, quittera la maison familiale au petit matin de ses 21 ans pour aller vivre à Paris.

Mon avis :

Quand la maman de mon chéri me l’a prêté, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. N’ayant pas l’habitude de lire des romans du terroir, je m’attendais à m’ennuyer. Elle m’avait dit qu’elle les avait lu quatre fois… Je me suis dit, ça doit être vraiment bien. Et effectivement ça l’est. Ce premier tome est juste merveilleux.
Cette lecture a été à la limite du coup de cœur. Les personnages sont très vraisemblables.

L’écriture de l’auteur est très belle, fluide. On tourne les pages sans s’en apercevoir. Cependant, seul petit bémol mais rien de trop grave : les chapitres sont, à la façon de Zola, immenses et quand vient le soir, et que les yeux commencent à se fermer tout seul, on est obligé de s’arrêter en plein milieu d’un chapitre. Mais ce n’est pas trop important.
De plus, l’histoire est très intéressante. Ce premier tome retrace le premier quart du XXeme siècle avec l’apparition des voies de chemin de fer et des autos dans les campagnes.

On découvre ou redécouvre le monde agricole de cette époque. C’est tellement bien raconté à travers l’histoire des Vialhe et des Dupeuch, le caractère de chacun, qu’on se prend dedans sans s’en rendre compte. On suit les différentes générations. L’auteur a très bien amené son « témoignage » sur la vie campagnarde. Etant une fille de la campagne, j’adore ce milieu et je vois mieux comment vivaient mes arrières-grands-parents.
J’adore ce concept.
Je suis à présent dans le deuxième tome.
Je le recommande fortement à toutes les personnes amoureuses de a nature, de la campagne et curieuses sur la vie au début du siècle précédent avec toutes les nouveautés et bien sûr la première guerre mondiale.

Merci M. Michelet!!