Quand soufflera le vent de l’aube d’Emma Fraser

Quand soufflera le vent de l'aube« Quand soufflera le vent de l’aube », Amma Fraser, France Loisirs.
Historique
617 pages.

Résumé :

Début du XXe siècle, Isabel, fille de médecin et Jessie, fille de Métayer se rencontrent sur l’île de Skye en Ecosse. Une passion les unit, la médecine : une profession entièrement masculine. Isabel va se lier d’amitié et plus si affinités avec le frère de Jessie, Archie. Cependant, la disparition du Lord Maxwell va les séparer brutalement. Archie et Isabel vont quitter l’île chacun de leur côté alors que Jessie restera sur l’île jusqu’à la mort de sa mère.

Isabel et Jessie vont tout faire pour réaliser leur rêve d’adolescente. Elles vont d’abord se retrouver plus de cinq plus tard à Edimbourg, ayant réalisé leur rêve, devenue médecin et infirmière puis elles se retrouvent sur le front de la Première Guerre mondiale dans les hôpitaux militaires en France (Royaumont) et en Serbie.

Ainsi, elles vont y retrouver Archie venu porter main-forte à la Croix-Rouge Française en tant que brancardier. Pendant que tous trois donnes leur temps pour sauver la vie des soldats, l’affaire sur la disparition du Lord Maxwell va prend forme et se dévoiler.

Mon avis :

Ce livre m’a été conseillée même si au départ il ne m’a pas vraiment attiré. Mais, je ne regrette pas mon choix de l’avoir en ma possession.
Au premier abord, on découvre une fiction sur les landes écossaises du XXe siècle mais au fur et à mesure nous avançons vers un mélange fiction/réalité de la Première Guerre Mondiale.

L’intrigue n’a pas réellement une place très importante dans l’histoire, elle passe à la limite au second plan. J’ai surtout été attirée par la force de caractère et l’évolution des personnages de Jessie et Isabel tout au long du récit. Leurs retrouvailles et savoir ce qu’elles traversent. Le faite de tenir tête à la gent masculine alors qu’à cette époque la place de la femme était uniquement auprès du foyer familiale en tant qu’épouse et mère de famille. Mais, les deux jeunes femmes ne voient pas le déroulement de leur vie de cette façon.

J’ai découvert un roman très touchant et émouvant, jusqu’à pousser une petite larme sur les dures épreuves endurées par les personnages tout au long de ce roman. C’est une lecture simple et facile à comprendre.
J’y ai découvert le rôle important qu’ont joué les femmes médecins, les infirmières, les aides-soignantes ou encore les femmes chauffeurs venues d’Ecosse. Surnommer les Dames Ecossaises, elles sont venues aux portes du front en France et en Serbie pour soigner et sauver les soldats.
Les Dames Ecossaisses étaient aussi entourées de femmes médecins et infirmières de tout le Commonwealth ou des Etats-Unis.
Le rôle des femmes, lors des deux Guerres Mondiales, a très peu été mis en avant pendant plusieurs années.
C’est le début de la reconnaissance des premières femmes médecins, 1916.

Je recommande fortement ce roman à tous.

Si vous voulez en savoir plus sur Les Dames Ecossaises : « Royaumont… Si loin des landes écossaises », Isabelle Joz-Roland, Val-d’Oise éditions.

Noces indiennes de Sharon Maas

Noces indiennesQuatrième de couverture

A Madras, Savitri, la fille du cuisinier et David, le fils du maître, jurent de s’aimer toujours en dépit de leurs parents qui veulent les séparer. Dans le Tamil Nadu, Nat quitte l’orphelinat, adopté par un médecin blanc qui l’aime et le protège de ses propres démons. En Guyane britannique, Saroj, une jeune fille rebelle, se révolte contre un père violent qui entend lui imposer un mari dont elle ne veut pas. En faisant se rencontrer ces personnages en quête d’identité, Sharon Mass tisse un magnifique et émouvant canevas dans lequel se mêlent trois époques, trois continents et trois histoires d’amour. Un grand roman indien plein de flamme et de couleurs.

Mon avis

Noces indiennes est avant tout un roman assez ambitieux, qui s’organise autour du parcours de trois personnages principaux, nés en des lieux et époques différents mais dont on comprend vite que les destins sont liés. Les premières pages sont par conséquent assez confuses, au point de m’avoir rebutée la première fois que j’ai ouvert le livre. Quelques mois plus tard, j’ai persévéré et ça en valait la peine ! Bien sûr, l’un des intérêts de la lecture est de percer le secret du lien qui les unit mais entre Nat, un petit garçon adopté par un médecin anglais au Tamil Nadu (Inde), Saroj, une fille d’employés au service des Anglais et amoureuse du fils de la maison et Saroj, une adolescente prête à tout pour étudier et donc échapper au mariage que cherche à lui imposer son père en Guyane, on ne sait plus où donner de la tête et ce sont évidemment les relations qui paraissent les plus évidentes qui se révèleront finalement être des chimères…

Tous ces personnages, en quête de leur identité et, pour certains, du bonheur, devront faire des choix face au poids des traditions, face à un Occident objet de toutes les tentations et de tous les espoirs, dans un contexte historique hostile à la mixité sociale et religieuse. On se surprend vite à se passionner pour eux, à dévorer les pages pour savoir au plus vite ce qui leur arrive, au point dans mon cas de laisser passer quelques indices permettant de résoudre le puzzle de leur histoire…

Pour qui s’intéresse à la culture indienne, on en retrouve un bon condensé avec un tableau plutôt réaliste des coutumes, de la condition féminine, des rapports familiaux. Bien sûr, cela reste un roman… On lui reprochera donc certains personnages secondaires trop caricaturaux, ou encore des situations trop alambiquées ou un trop-plein de bons sentiments ce qui porte légèrement préjudice à la crédibilité de l’histoire, mais pas trop puisque de toute façon "everything is possible" en Inde !
La fin du roman est, quant à elle, assez classique et attendue mais nous restons loin d’une fin à la "tout est bien qui finit dans le meilleur des mondes" puisque c’est un bonheur mature, fait de pertes et de concessions, qui en ressort.

En résumé, Noces indiennes est un livre où tout ou presque fonctionne à merveille, porté qu’il est par une écriture simple et agréable.

Homme sans chien d’Hakan Nesser

HommesanschienQuatrième de couverture :

Dans la petite ville de Kymlinge, la famille Hermansson est réunie pour fêter l’anniversaire du père et de la fille aînée. Seul manque Robert, le fils honteux qui s’est ridiculisé lors d’une émission de téléréalité. Suicide ? Fugue ? Plus aucune de ces hypothèses ne tient quand Henrik, son neveu, disparaît à son tour. Pour l’inspecteur Barbarotti, chargé de l’enquête, l’hiver s’annonce brumeux.

Mon avis :

Ce livre est déstabilisant.
Un nombre important des personnages est issu d’une même famille, et je dois dire, fait assez rare, que je n’ai aimé aucun d’entre eux. L’auteur les a rendus particulièrement antipathiques, peu importe leurs liens, leurs caractères, leurs passés et leurs choix de vie, ils sont tous véritablement pénibles, sans charme. Cependant, on ne peut pas dire que cela soit dérangeant, bien au contraire. J’ai apprécié ne pas les apprécier. J’ai apprécié que l’auteur donne l’impression de ne pas apprécier ses propres personnages, de ne leur prêter aucun attrait et de ne leur passer aucun travers, aucune perversion pourrait-on même dire. Leurs liens ou absence de liens sont la base d’une première partie qui m’a tenu en haleine, j’avais vraiment envie de connaître ce que l’auteur leur réservait, comment il allait faire apparaître les problèmes! Je sais c’est un sadique, mais finalement vu que je les aimais pas, je ne m’en veut même pas.

A ce moment là l’auteur nous fait une double proposition, je ne peux tout de même pas en dire trop. Arrive alors un personnage un peu plus agréable, que j’ai bien aimé (enfin) c’est le commissaire Gunar Barbarotti. Son arrivée change la donne, puisque nous lecteur avons parfois plus d’informations que lui sur ce qui se passe au sein de cette famille et ce qu’il est advenu de certains personnages. Alors même s’il est assez sympathique on le trouve parfois un peu lent à la détente, même si on se doute qu’il n’est pas devin ce pauvre homme.

En résumé, une lecture très agréable qui m’a permis de découvrir un auteur encore inconnu pour moi il y a quelques mois. J’ai apprécié son style, précis, agréablement cynique et teinté d’un humour vraiment doux, efficace et surtout bien noir.

Je remercie Livraddict et les Éditions Points pour m’avoir permis de découvrir ce livre.

Le Cricket Club des talibans de Timeri N. Murari

Le cricket clubQuatrième de couverture

Quelques mètres de tissu, lisse, fragile et souple, d’un bleu clair métallique, devinrent notre prison… Je disparus, comme d’un coup de baguette magique. Je n’étais plus Rukhsana avec un nez bien à moi, une bouche, des yeux, un front, un menton, des cheveux, mais un linceul vivant, identique à toutes les autres femmes voilées… «Tu arrives à voir ?» demandai-je à Grand-Mère. Nous nous entraînions à porter nos burquas à la maison. «Oui, mais flou…» Elle trébucha contre un coussin et tomba sur un des divans. Elle se redressa en colère : «Je refuse de me montrer en public avec cette… cette… chose !»

En 2000, à Kaboul. Le gouvernement islamique impose sa férule à la population, pratiquement tout est interdit, journaux, distractions, jeux, etc. Mais voilà qu’il annonce vouloir promouvoir le cricket, pour prouver à ses opposants que l’Afghanistan peut aussi être une nation sportive. La meilleure équipe ira se perfectionner au Pakistan – ce que certains voient tout de suite comme une possibilité de s’enfuir.
Mais il faut d’abord connaître les règles du cricket et s’entraîner. Bien sûr, c’est strictement interdit aux femmes. Or la jolie Rukhsana a joué autrefois en Inde… Au prix d’incroyables ruses, subterfuges et déguisements, elle va mettre sur pied une équipe composée de son frère et de leurs cousins, tous bien décidés à se libérer du joug des talibans. Y parviendront-ils et que risque-t-il d’arriver à Rukhsana l’intrépide, la rebelle ?

Mon avis

En 2000, les talibans, déterminés à prouver au monde que l’Afghanistan est une nation sportive, décident de faire une demande d’affiliation à l’International Cricket Council… C’est autour de cette anecdote méconnue mais véridique que Timeri N. Murari, auteur indien que je ne connaissais jusqu’alors pas, a bâti l’intrigue de son roman.

De l’Afghanistan et de ses talibans, nous avons tous entendu parler. Mais à travers l’histoire de Rukhsana, une jeune Afghane de 24 ans, c’est le quotidien d’un peuple dans un pays brisé que l’on découvre. Par la guerre contre l’URSS, par la guerre civile qui a suivi, puis par l’arrivée au pouvoir des talibans. L’Afghanistan s’est peu à peu vidé de ses rires, de ses jeux, de ses divertissements. Ne restent que ces tristes silhouettes vêtues de bleu, pâles ombres de femmes, et ces hommes désoeuvrés, impuissants, tous survivant dans la peur et la méfiance.

On pourra reprocher à l’auteur de ne pas avoir lésiné en coïncidences, d’avoir créé une héroïne somme toute assez improbable, ou encore de s’être laissé aller à une fin « facile » mais cela n’enlève rien à la force de ce roman : nous plonger dans la misère et l’oppression subie par les Afghans sous le règne de terreur imposé par les talibans.
La condition féminine est au coeur du roman, avec ces femmes dont la place est « dans la maison ou dans la tombe ». Sous la plume de Murari, la parole est donnée à ces fillettes interdites d’école pour avoir eu le malheur de naitre femmes, de ces femmes enfermées chez elles, punies pour avoir osé lever les yeux ou répondre à un homme, de ces travailleuses brutalement privées de leurs gagne-pain et indépendance… Impossible, à la lecture, de ne pas s’imaginer ce que serait notre vie si, du jour au lendemain, il nous fallait renoncer à toute liberté. Le désespoir du peuple afghan, de ceux qui sont prêts à apprendre un sport de A à Z en quelques semaines pour pouvoir espérer quitter ce pays où ils n’ont plus d’avenir, transparait à chaque page.

Le cricket, issue de secours de cette jeunesse kaboulienne, reste pour moi le grand mystère de ce roman : rien à faire, je n’y comprends toujours rien ! Néanmoins, il suffit de se laisser entraîner par l’écriture plaisante et percutante de Timeri N. Murari pour oublier le côté sportif de l’histoire…

En résumé, Le Cricket Club des Talibans est un très beau livre, dérangeant et bouleversant, qui mérite grandement d’être découvert, mais peut-être en prenant ses distances par rapport à l’histoire principale, pour n’en retenir que le témoignage de ce que furent ces années sous la férule des talibans.

Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale de Caryl Férey

Carryl FéreyMerci à l’équipe Livraddict et à Points pour la découverte de cette autobiographie de Caryl Férey.

Présentation de l’éditeur :

Comment devenir écrivain quand on habite Montfort-sur-Meu et qu’on excelle exclusivement dans les batailles de crachats ? Depuis les après-midi avec mémé Marthe qui lui racontait des histoires, jusqu’à Gallimard, il y aura quelques marches à gravir, des déboires et des détours, il y aura les petits boulots, les voyages au bout du monde, le RMI, les potes, les éditeurs qui promettent et ne tiennent pas, et puis la bonne étoile. La bonne étoile d’un écrivain hors normes, doté d’une détermination et d’un humour à toute épreuve.

Mon avis :

Avec Comment devenir écrivain… Caryl Férey signe une drôle d’œuvre (et une œuvre drôle) qui renseigne le lecteur sur la manière dont l’auteur perçoit sa trajectoire. Il y a un mythe fondateur dans l’enfance, l’histoire de sa relation avec un frère aîné tyrannique et perpétuellement en colère, qui exprimait physiquement des émotions que son cadet met en scène dans ses livres. Il y a un parcours, celui d’une boule de flipper qui rebondit de bumper en bumper, trajectoire chaotique dont le point d’arrivée, le score maximal, n’est jamais perdu de vue. Ce n’était pas gagné, et pas vraiment bien parti non plus, mais l’humour, qui est plus acerbe que cynique, et l’obstination (il y en a vraiment qui ne doutent de rien) parviennent finalement en surmonter les obstacles.

J’ai particulièrement apprécié la première partie, relatant l’enfance du narrateur. Le ton, la syntaxe font vibrer un discours en apparence juvénile mais pas si naïf que cela, dans lequel le cadet se montre moins soumis à son aîné qu’il n’y paraît.

La seconde partie, qui raconte les années de galère du jeune écrivain, heureusement entourés de potes fidèles, est moins surprenante. Les boulots ingrats, le RMI, les coups fourrés de certains éditeurs, le travail sur commande, frustrant, sont autant d’anecdotes que l’on peut presque considérer comme banales. Restent le ton mordant,  l’humour cru et l’opiniâtreté du narrateur, qui font de cette suite de péripéties un récit tout à fait amusant.