L’île perdue d’Eric Sivry

île perdueRésumé:

Alex prétend avoir trouvé par hasard le récit à la troisième personne d’Alexandre, un naufragé du XVIIIe siècle. Le manuscrit le bouleverse au point qu’il décide de suivre les traces de ce jeune homme et de retrouver l’île perdue de l’Océan Indien où celui-ci a vécu la pire des solitudes. Peu à peu, le naufragé a sombré en effet dans la folie, hallucinations et souvenirs se mêlant dans son esprit. Mais au moment de quitter l’île, son petit avion s’écrase sur la plage et Alex devient à son tour prisonnier.

 

Le récit d’Alex se mêle à celui d’Alexandre, au point que l’on se demande si ces deux personnages n’en forment pas qu’un seul. Qu?est-ce qui a donc poussé Alex à tout abandonner, alors qu’il était un diplomate reconnu ? La solution de cette énigme se trouve-t-elle dans son histoire, où dans celle d’Alexandre ?

Mon avis:

 

Quand on lit la 4éme de couverture, on pense tout de suite qu’on suivra plus Alex que Alexandre alors que non. En écriture italique c’est Alex et en normal c’est Alexandre.
Pour ma part, je me suis très vite sentis à la place d’Alexandre et je ressentais la même chose que lui par moment. Au début, il se pose beaucoup de questions sur ce qui lui est arrivé ou qu’est-ce qu’il va bien pouvoir faire sur cette île paradisiaque en seul et unique naufragé. Il se souvient d’une énorme tempête et bizarrement, 1 an après son naufrage, une tempête énorme et un cyclone revient tout décimé. Mais Alexandre ne se laisse pas faire et va tout faire pour survivre. C’est un vrai combat qu’il va mené alors qu’il ne fait plus la différence entre folie et réalité.
J’ai bien aimé aussi les retours en arrière. On passe facilement du présent au passé sans se perdre.
Le seul point négatif que je trouve dans ce livre, c’est que l’on n’a pas assez d’explication sur l’histoire d’Alex. C’est du rapide et j’aurais aimé plus d’explications. J’ai pas vraiment ressenti la ressemblance entre ces deux personnages. Je trouve ça dommage.

 

J’ai reçu ce livre en Partenariat, je tiens à remercier la maison d’édition pour m’avoir donné l’occasion de lire ce livre

Le cahier de Maya d’Isabel Allende

Le cahier de Maya

Maya Vidal a fui les autorités américaines ainsi que les trafiquants lancés à ses trousses et s’est réfugiée sur la petite île de Chiloé, au bord du Chili, chez Manuel Arias, un ami de sa grand-mère Nini. La jeune fille de 19 ans va alors découvrir un nouveau monde, celui de ses ancêtres, bien éloigné de celui dans lequel elle a grandi… Un monde fait de croyances, de lenteur et de tranquillité. Peu à peu, Maya va s’ouvrir et s’adapter à ce rythme de vie simple et ainsi tenter d’apaiser la colère, la solitude et la rancœur qui la rongent depuis la perte de Popo, son grand-père adoré. Mais le danger rôde et ces dernières années faites d’excès, de drogues, d’alcool et de mauvaises rencontres menacent de la rattraper… Heureusement que la jeune fille peut compter sur le soutien de ses proches et sur celui, toujours très présent, du défunt Popo. Mais cela suffira-t-il pour trouver la paix ?

« Le cahier de Maya » est le premier roman que je lis d’Isabel Allende et certainement pas le dernier, tant j’ai aimé la beauté et l’émotion libérées par sa plume. Ces cahiers nous permettent de naviguer entre deux époques. D’un côté, le passé de la jeune fille, qui n’a pas toujours été dissolu et tumultueux puisque celle-ci, abandonnée par sa mère et délaissée par un père steward, a été élevée par ses grands-parents, dont l’amour et la bienveillance l’ont protégée jusqu’à ce que la maladie emporte son grand-père. C’est à ce moment-là que la famille a implosé, incapable de surmonter le chagrin lié à cette perte, et que les choses se sont gâtées… En parallèle, on suit Maya dans sa nouvelle vie, coupée du monde et immergée dans un lieu magnifique, où la nature règne en souveraine. Une île dénuée d’artifices et de faux semblants, propice à la méditation, qui va permettre à la jeune femme de faire des rencontres essentielles qui l’aideront à se sortir de ses névroses et à trouver sa voie.

On s’attache très vite à cette adolescente un peu paumée, mais très respectueuse des autres et à la tête bien remplie. J’ai été touchée par l’émotion et la force des relations qui unissent les différents personnages. Isabel Allende nous fait découvrir un pays magnifique et enchanteur mais aussi, et surtout, l’histoire chilienne, un pays longtemps malmené par les dictatures et dont le peuple a énormément souffert et garde encore des séquelles de ces années de terreur et d’oppression. Un roman sur l’adolescence, ses excès et sur le Chili extrêmement fort, porté par une écriture fluide et agréable, qui nous entraîne à l’autre bout du monde et réserve bien des surprises !

Un énorme merci à Livraddict et aux éditions Grasset pour ce partenariat qui m’a permis de faire cette bien jolie découverte !

La vie rêvée d’Ernesto G. de Jean-Michel Guenassia

La vie rêvée d'Ernesto G.Quatrième de couverture

De 1910 à 2010 et de Prague à Alger en passant par Paris. La traversée du siècle de Joseph Kaplan, médecin juif pragois. De la Bohème et ses guinguettes où l’on croisait des filles qui dansaient divinement le tango en fumant des Bastos, à l’exil dans le djebel, de la peste d’Alger aux désillusions du communisme, voici la vie d’un héros malgré lui, pris dans les tourmentes de l’Histoire. Une vie d’amours et de grandes amitiés, une vie d’espoirs et de rencontres, jusqu’à celle, un jour de 1966, d’un certain Ernesto G., guerrier magnifique et terrassé, échoué au fin fond de la campagne tchèque après sa déroute africaine.

On retrouve ici toute la puissance romanesque de Jean-Michel Guenassia qui, après Le Club des incorrigibles optimistes, nous entraine dans la délicate nostalgie des hommes ballottés par l’Histoire, les hommes qui tombent et qui font de cette chute même et de leur désenchantement une oeuvre d’art.
La vie rêvée d?Ernesto G. a reçu le Prix du Roman Historique des lecteurs de Levallois 2012.

Ma lecture
J’allais chercher UN livre défini, avec la ferme intention de ne pas me laisser happer par les ensorcèlements d’une librairie. Vraiment, CE livre recommandé ne me tentait pas, je l’ai pris, soupesé, étudié. Je l’ai reposé et je me suis enfuie avec La vie rêvée d’Ernesto G. dont l’achat était le cadet de mes soucis.
Bien sûr j’avais vu que le tout-au-fait en parlait. Bien sûr l’image était belle, ses couleurs aussi et elle comportait un « moyen-de-forme ». Bien sûr l’ébauche de nom propre était évocatrice. Bien sûr l’emballage précisait « Un grand roman du désenchantement par l’auteur du Club des Incorrigibles optimistes. » Tous ces indices tentant qui m’auraient poussé par esprit de contradiction à ne pas m’en approcher.
Ce fut peut-être un peu de ça, peut-être du besoin inavoué d’être déçue, de céder à un énième caprice en temps de pseudo-disette, à un instinct ou au hasard. Ptet, ptet pas, comme chante le seul écrivain valable depuis Victor Hugo.
J’y ai trouvé un peu de tout ça et tout autre chose.
Une envie de t’écrire à toi et une foutue émotion fainéante.

La même sensation que quand je vois un film et que je refuse obstinément de m’exprimer à son sujet. Je n’ai pas envie de répondre au « t’as aimé ? » réducteur, juste d’en exploiter les réminiscences, d’explorer mes ressentis fragiles, de les gonfler de raison ou de laisser l’empirisme subjectif les admettre. Pas de polluer avec mes mots ou pire ! ceux des autres.
Ca se voit non ? Pas la moindre pollution verbeuse à l’horizon !

Une déception
J’avais décidé d’être déçue et c’est avec ce bel état d’esprit que j’ai vaillamment parcouru les 354 dont je m’attendais à ce qu’elles ne fassent que précéder la rencontre. Ta photo-marque-page serpentait entre les pages avec paresse mais sans aménité, et nos regards se promenaient. En apparence sans rien attendre, sans juger. Affichant une décontraction qui n’avait d’égal que mes dispositions à pester contre le premier badaud qui m’en donnerait l’occasion.
Je n’ai pas senti le souffle de la formidable épopée vantée. Je n’ai pas été emportée dans le flot du siècle. J’ai lu comme le proragoniste (Joseph K.) vivait sa vie. Comme n’importe qui.
Mais aucun faux pas. Jean-Michel GUENASSIA funambule entre l’écueil d’en faire trop ou pas assez. L’écriture est sobre mais jamais dénudée, elle se fait oublier sur plus de cinq centaines de pages. Les personnages périplent au travers du siècle et des lieux. Chacun prend de la place comme si sa réalité implosait de la page alors qu’il n’est en rien le personnage principal, qui se fait si discret parfois. On s’attache, malgré le côté Harry Potter (et là c’est MOI l’élu, et là JE rencontre un mythe, et là JE parle toutes les langues et sauve les petits enfants d’Afrique), et la vie les rattrape toujours à temps pour apporter son lot de désillusions et naufrager (oui aujourd’hui j’aime les verbes) l’état de grâce. Il en est de même de l’histoire « vraie », il en est de même des ébauches d’envolées romantiques ou lyriques de cette ?uvre. Peut-être que ceux qui attendront autre chose qu’une déception seront déçue de ce manque d’ambition ; j’ai été touchée par sa justesse (bon, il aurait pu se battre en Espagne, ce con *mauvaise foi off*).

Un spoil, mais je ne résiste pas, fallait pas lire jusqu’au bout cette fois
« Je recommande au voyageur sensible, s’il va à Alger, d’aller déjeuner au restaurant Padovani qui est une sorte de dancing sur pilotis au bord de la mer où la vie est toujours facile… »
L’Eté, Albert Camus
Voilà la citation qui clôt l’ouvrage. Evidemment la référence à Camus, et par ce biais, m’a rendue toute chose et vous vous sentirez sans doute très peu concernés !
Disons qu’il reste à sentir l’empreinte de toute la littérature du siècle, et pas seulement le poids de son histoire, dans le romanesque discret -ou désuet- de l’écriture de Jean-Michel Guenassia.

World war Z de Max Brooks

World war z

J’ai envie de soumettre pour commencer une critique d’un roman qui a été pour moi le coup de coeur de ces dernières semaines, même si cela fait longtemps déjà qu’il est paru. C’est en fait par REACTION à la sortie du film, que je me suis empressée de lire le livre (encore une oeuvre littéraire portée facilement et trop simplement à  l’écran),  « World War Z ».

 

Ce livre est  le lieu de ma toute première rencontre avec les » Zombies »(thème que jusqu’à présent j’avais superbement – au sens premier, c’est mal- ignoré) ; rencontre jubilatoire !

Alors que la guerre contre les Zombies, qui a mis la planète à feu et à sang pendant plusieurs années, a été gagnée par les vivants et que ceux-ci essaient tant bien que mal  de s’en remettre, un journaliste collecte les témoignages de ceux qui en ont  été les principaux acteurs, depuis le « patient zéro » jusqu’aux décideurs politiques, en passant par les soldats ayant participé aux combats décisifs.

 

Si ce roman est si captivant, c’est d’abord parce qu’il offre à l’esprit humain moderne et occidental, sous la forme d’un docu-fiction captivant, l’idée d’une race d’ennemis totalement déstabilisante par rapport aux conflits dont il est abreuvé quotidiennement : imaginez un peu des ennemis qui ne sont pas corruptibles -pas de collaboration possible pour un zombie- mais encore qui, en détruisant un homme vivant de votre bord, s’en font immédiatement un soldat  ! (pardon, mais mon enthousiasme est à la mesure de mon noviciat en la matière).

 

Si ce roman m’a captivée, c’est aussi et surtout parce que la guerre contre les zombies n’est qu’un arrière-plan décrit avec suffisamment de flou pour ne pas être ridicule ; la vraie raison d’être de ce roman est en fait est de tenter de répondre à la question suivante : « Qu’est-ce que nos sociétés occidentales actuelles sont en mesure de nous proposer comme perspectives politiques et idéologiques ? » Les références constantes, documentées et pertinentes aux guerres qui ont secoué le monde depuis 1939, ainsi que la forme choisie (suite de témoignages écrits à la première personne qui servent véritablement l’intrigue) en font un roman véritablement marquant dans une vie de lecteur.

Compte-rendu du Book-club du mois de juillet 2013 : Nos étoiles contraires de John Green

Nos étoiles contraires

Nous étions une quinzaine à participer à ce Bookclub, consacré au thème des « Best-sellers américains jeunesse. »

L’appréciation globale.

La somme des notes attribuées par les participants au roman Les Etoiles contraires donne une moyenne de 8,8/10. On dénombre quelques coups de cœur et beaucoup de larmes, notamment à cause de la fin du récit. D’autres personnes ont déclaré qu’il s’agit d’une bonne découverte, mais que c’est une histoire parfois trop pleine de bons sentiments et que le langage est trop adolescent et léger par rapport à la gravité des choses. On regrette aussi que le personnage de Hazel soit parfois froid et manque d’émotions. Il faut avant tout retenir que ce serait dommage de passer à côté, car c’est un livre qui ne parle pas uniquement de maladie. Il est imprégné d’humour, d’intelligence, de poésie et surtout d’amour.
C’est donc un sujet abordé d’un ton léger pour le rendre accessible à la jeunesse. Mais qu’en sera-t-il de l’adaptation cinématographique ? On espère de bons acteurs pour faire passer la palette de sentiments transmise par John Green. Certains lecteurs pensent que ce n’était pas nécessaire et qu’il est préférable de privilégier « les mots aux images ». Plusieurs personnes sont d’accord sur le fait « qu’il y a des livres qui n’ont pas besoin d’être vus mais seulement d’être lus. » Néanmoins, peut-être que quelques curieux iront voir l’adaptation, puisque la production se déchaîne pour que ça plaise aux fans. Et l’auteur John Green assiste à tout.
Plusieurs lecteurs sont touchés de près ou de loin par le cancer. Ils ont apprécié lire un roman parlant de cette maladie qui touche, ici, les jeunes. En effet, le cancer étant de plus en plus présent, certains retiennent qu’il faut profiter de la vie. Alors que certains lecteurs ont réussi à se détacher du thème qu’ils appréhendaient quelque peu, d’autres estiment que cette lecture ne les a pas amenée à réfléchir sur la maladie puisqu’ils y avaient déjà réfléchi avant.

L’intrigue.

Les parents laissent voyager leurs deux enfants. Cela est peu crédible et fait un peu « conte de fées », mais cela leur permet de réaliser un rêve et d’oublier leur maladie. Ils ont le droit de vivre leur vie et de s’aimer, même s’ils sont malades. Il faut vivre de l’instant présent et ne pas tout calculer. Hazel et Augustus ont ainsi donné un sens à leur vie.
Concernant le groupe de soutien, plusieurs personnes l’ont trouvé « déprimant » et « glauque ». Certaines pensent qu’il est présent pour faire en sorte que les gens ne se sentent pas seuls face à leur maladie, d’autres qu’il est seulement une excuse pour que les personnages principaux se rencontrent. Au fond, les personnages ont-ils été réunis par leurs loisirs communs ou leur maladie ? Celle-ci est un point de départ, qui permet leur rencontre, car c’est un combat quotidien pour eux deux.
On s’intéresse aussi à l’évolution de l’attitude de Peter Van Houten, personnage antipathique qui représente une façon différente de réagir face à la maladie. Il choisit la solution la plus facile en s’apitoyant sur son sort et en buvant. Sa rencontre avec les deux jeunes a été plus profitable pour lui que pour ces derniers. Les lecteurs, qui le détestaient au début, l’ont mieux compris à la fin du roman, même si certains ont trouvé ce revirement un peu surréaliste. On peut aussi dire qu’il apporte un certain équilibre à l’histoire qui n’est ainsi pas trop mielleuse.

Les personnages.

La plupart des lecteurs se sont attachés aux deux personnages, l’un prenant le cancer plutôt à la légère, avec humour, l’autre de façon plus sérieuse. Ils sont différents car l’un est en rémission tandis que l’autre sait qu’il va mourir. Augustus est un personnage très apprécié car, bien que malade, il continue de vivre comme si de rien n’était, tandis qu’Hazel est plutôt solitaire. Ce sont des personnages complémentaires et inséparables.
Les parents ne sont pas très présents dans le livre. Ils sont avant tout un support qui montre que l’entourage d’une personne malade vit aussi à sa façon la maladie. La mère d’Hazel ne vit que pour sa fille, mais peut paraître étouffante et envahissante.

Le style et l’auteur.

L’écriture de John Green a charmé nombre de lecteurs. Elle est légère et parsemée de touches humoristiques pour dédramatiser la situation et ne pas brusquer le lecteur. D’ailleurs, certains lecteurs auraient aimé un peu moins de positif et de poésie pour avoir un peu plus d’humour noir. La plupart des lecteurs étaient d’abord réticents par rapport au thème abordé car ils avaient peur que ce soit pathétique et larmoyant, mais beaucoup ont aimé le rythme du récit, la force des mots employés par l’auteur et sa manière de présenter l’intrigue et les personnages.
Finalement, le thème abordé est universel et permet de mieux se rendre compte de la chance que l’on a d’être en bonne santé. John Green a raison de cibler un public jeune car il faut aussi sensibiliser les jeunes face à une dure réalité de la vie.

Compte-rendu écrit par Phebusa