Le poids du papillon d’Erri De Luca

Le poids du papillon
Erri de Luca
Éditions Folio
96 pages
4.80 €

Le résumé

Quelque part dans les Alpes italiennes, un chamois domine sa harde depuis des années. D’une taille et d’une puissance exceptionnelles, l’animal pressent pourtant que sa dernière saison en tant que roi est arrivée, sa suprématie est désormais menacée par les plus jeunes. En face de lui, un braconnier revenu vivre en haute montagne, ses espoirs en la Révolution déçus, sait lui aussi que le temps joue contre lui. À soixante ans passés, sa dernière ambition de chasseur sera d’abattre le seul animal qui lui ait toujours échappé malgré son extrême agilité d’alpiniste, ce chamois à l’allure majestueuse. Et puis, face à ces deux forces, il y a la délicatesse tragique d’une paire d’ailes, cette « plume ajoutée au poids des ans ».

Alors, alors…

Tout d’abord merci aux Éditions Folio et à Livr’Addict de m’avoir permis de découvrir ce roman.

Je suis sûre que bon nombre d’entre vous seront surpris de me voir chroniquer ce livre, loin de mes lectures habituelles….

Je m’étais lancé le défi de choisir un ouvrage loin de mon univers et en grande amoureuse des animaux celui-ci m’a attiré.

Me voici donc entraîné dans les alpes italienne, à la suite de ce roi des chamois, qui domine sa harde sans aucune contestation possible… jusque maintenant. Son intelligence hors norme, sa puissance en ont fait un patriarche respecté mais il pressent que cela ne saurait durer au delà de cette saison.  Mais hors de question de céder sa place sans se battre. Les chamois se battent rarement jusqu’à la mort lors de ces combats pour un trône mais sous son règne, la mort sera la seule réponse possible. A la défiance de ses congénères s’ajoute une méfiance sans égale pour les hommes et plus spécialement pour celui qui a tué sa mère, celui dont l’odeur le révulse.

Et cet homme, nous le découvrons. Également sur le déclin, irascible, misogyne, blessé par la vie, il rêve avant de tirer sa révérence, de tuer ce chamois si hautain qui le défie depuis des années.

Avec une justesse et une poésie d’une grande sensibilité, Erri de Luca nous conte ces deux destins, forcément différents mais si intimement liés. Chaque mot est à sa place, travaillé, recherché et nous n’avons qu’à fermer les yeux pour nous trouver à contempler ces deux rois déchus et la bataille qui les oppose.

C’est un ouvrage qui rend hommage à la beauté de la nature, au règne animal. Il met malheureusement en exergue l’instinct bestial des hommes qui s’épanouissent en chassant, trouvant normal de faire d’un animal un trophée afin d’exister.

Un récit authentique que je vous recommande vivement pour retrouver le goût des choses simples mais belles.

Inscription au Baby Challenge Thriller 2013

Et oui, étant nouveau sur Livraddict, je me suis décidé cette année, comme bonne résolution, de me lancer des challenges et notamment sur Livraddict,

Et je me lance dans le thriller

Voici la liste (aucun de lus) 0/20, objectif entre 16 et 20.

1 ~ Gataca de Franck Thilliez
2 ~ La Trilogie du mal, tome 2 : In tenebris de Maxime Chattam
3 ~ Sérum, saison 1, tome 3 de Henri Loevenbruck
4 ~ De fièvre et de sang de Sire Cédric
5 ~ Comme ton ombre de Elizabeth Haynes
6 ~ Shutter Island de Dennis Lehane
7 ~ Vertige de Franck Thilliez
8 ~ Fractures de Franck Thilliez
9 ~ Travail soigné de Pierre Lemaitre
10 ~ Enfants de la paranoïa de Trevor Shane
11 ~ Deuils de miel de Franck Thilliez
12 ~ Les Rivières Pourpres de Jean-Christophe Grangé
13 ~ Le Jeu de l’Ombre de Sire Cédric
14 ~ Le Chuchoteur de Donato Carrisi
15 ~ Les voies de l’ombre, tome 1 : Prédation de Jérôme Camut
16 ~ Le silence des Agneaux de Thomas Harris
17 ~ Thérapie de Sebastian Fitzek
18 ~ Cette nuit-là de Linwood Barclay
19 ~ Robe de marié de Pierre Lemaitre
20 ~ A la folie de Pascal Marmet

La liste des jokers

1 ~ L’Appel de l’ange de Guillaume Musso
2 ~ L’Oeil de la Lune de Anonyme
3 ~ L’anneau de Moebius de Franck Thilliez
4 ~ Le Livre sans nom de Anonyme
5 ~ Les Étrangers du temps, tome 1 : Destins Obscurs de Corinne Gatel-Chol

Lawrence d’arabie par Michel Renouard

Lawrence d’Arabie
Michel Renouard
Editions Folio (Biographies) 2012, 320 pages

4e de couverture :
« Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit s’éveillent le jour et découvrent que leur rêve n’était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en œuvre leur rêve afin de pouvoir le réaliser. C’est ce que je fis. »

Derrière le héros mythique, joué par Peter O’Toole dans le célèbre film de David Lean, se cache un personnage complexe, non exempt de zones d’ombre. Archéologue et agent de renseignement, homme d’action et auteur des Sept Piliers de la sagesse, Thomas Edward Lawrence (1888-1935) se disait « à moitié poète », se voulait « intouchable », et mourut prématurément dans un accident de moto. Ce livre retrace la vie et les aventures de l’insaisissable Lawrence d’Arabie, dont Winston Churchill affirmait qu’il était « un des êtres les plus extraordinaires de son temps ».

Mon avis
Tout le monde connaît Lawrence d’Arabie… Le grand Peter O’Toole juché sur son méhari au sommet d’une dune, contemplant le sable à perte de vue ou lançant ses guerriers arabes à l’attaque. Même moi, alors que je n’ai jamais vu le film !
Au-delà du cliché universel, ce partenariat Folio-L@ était pour moi l’occasion idéale de remettre les pendules à l’heure et de faire le tri entre la légende et la réalité.

Pour moi, cette biographie a parfaitement rempli son rôle. De sa naissance à sa mort, l’auteur y dépeint l’histoire d’un homme imbriquée dans l’Histoire majuscule en cadrant parfaitement le contexte géopolitique dans lequel T.E. Lawrence s’est transformé en Lawrence d’Arabie. Les notes renvoyées en fin d’ouvrage permettent de lire ce livre comme un roman, en se laissant emporter dans le sillage d’un héros atteint de bougeotte chronique, parmi d’autres originalités. J’en garde l’image d’un personnage météorique, d’une comète qui a traversé une partie du monde et un pan d’histoire en réussissant l’exploit, par petites touches et par puissants interposés, de changer durablement l’avenir.

J’en retiens aussi l’impossibilité de définir vraiment toutes les motivations et le caractère profond d’un individu à part qui a visiblement suscité beaucoup d’interrogations. Ce livre m’a évidemment donné envie de lire les Sept Piliers de la sagesse, pour mieux comprendre Lawrence, mais j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir au passage un aspect déterminant de l’histoire mondiale – dont les conséquences sont toujours d’actualité, si l’on examine bien la géopolitique du Moyen-Orient actuel. Merci Folio et Livr@ddict !

Bal de Givre à New York de Fabrice Colin

Résumé: Anna Claramond ne se souvient plus de rien.
Seul son nom lui est familier. La ville autour d’elle est blanche, belle, irréelle. Presque malgré elle, la jeune fille accepte les assiduités du beau Wynter, l’héritier d’une puissante dynastie. Bal de rêve et cadeaux somptueux se succèdent avec lui mais Anna sent que quelque chose ne va pas. Qu’elle est en danger. De plus, des indices et des messages sont semés à son attention par l’insaisissable Masque, un fugitif recherché.
Qui est son ennemi, qui est son ami ? Anna sait qu’elle doit se souvenir. Mais que lui réservera sa mémoire une fois retrouvée ?

Biographie de l’auteur: Né le 6 juillet 1972, Fabrice Colin est un écrivain français qui s’est d’abord fait connaître par ses textes relevant des littératures de l’imaginaire, fantasy et science-fiction. Il est l’auteur de romans pour adultes, de romans pour la jeunesse et de nouvelles.

D’abord rédacteur de jeux de rôle, pigiste puis collaborateur de la revue Casus Belli, il publie son premier roman Neuvième cercle en 1997 sous l’impulsion de Stéphane Marsan. Il s’est depuis illustré dans de nombreux domaines des littératures de l’imaginaire (quatre fois lauréat du Grand prix de l’Imaginaire), écrivant pour la jeunesse (Les enfants de la lune, Projet oXatan, La Malédiction d’Old Haven) aussi bien que pour les adultes (Dreamericana, Or not to be, Kathleen, etc.). Il est également scénariste de BD et auteur de pièces radiophoniques. Blue Jay Way, paru en 2012 aux éditions Sonatine, marque la première incursion de l’auteur dans le genre du polar, et un tournant dans sa carrière.

Mon avis: C’est mon premier de Fabrice Colin et j’ai été transportée!! Au commencement, j’ai eu peu que ce ne soit trop à l’eau de rose, mais pas du tout!! Il y a effectivement une histoire d’amour mais on se demande si elle est bénéfique pour notre héroïne ou non !
Un personnage mystérieux nommé le Masque enlève les jeunes demoiselles !! On se perd en même temps que Anna dans toute cette histoire !!
Un final digne de ce nom et je dirais même un bouquet final, totalement inattendu pour ma part, triste et émouvant!!
J’ai adoré ce livre !! Fabrice Colin est un fabuleux conteur qui nous amène petit à petit dans son récit à des choses vraies et dures de la vie !!
J’ai hâte de lire un autre de ces livres pour retrouver sa plume fluide et sans fioritures!!

La Dame en blanc de W. Wilkie Collins

Titre : La Dame en blanc
Auteur : W.Wilkie Collins
Edition Phébus
Genre : Thriller
Parution :année 1860,  époque ? Angleterre victorienne[/b]

Résumé:
Walter Hartright, professeur de dessin, porte secours une nuit à une mystérieuse « dame en blanc » qui apparait soudainement à sa suite sur une route déserte. La jeune femme terrifiée lui tient des propos confus mais au cours de cet échange, il apprend avec stupeur qu’elle connait une demeure du Cumberland , « Limmeridge House », où il doit justement se rendre le lendemain afin d’y enseigner l’aquarelle pendant quelques mois à deux jeunes filles de bonne famille.

Mon commentaire :
Nous avons affaire ici à un scénario diabolique, palpitant feuilleton qui maintient le suspense jusqu’aux dernières pages.
L’auteur choisi de relater les faits au moyen du témoignage successif des différents protagonistes. Il s’agit de reconstituer l’enchainement des circonstances qui ont participées à un certain « évènement » dont le lecteur ne sait rien pendant longtemps mais qui se dévoile peu à peu au fil de ces témoignages.
C’est sans doute cette particularité du récit qui en fait un grand roman à suspense car elle recrée l’ambiance d’une enquête policière, voire de la salle d’un tribunal où se succèderaient tour à tour les témoins.

Les témoignages sont écrits et revêtent diverses formes : du simple rapport de circonstance, en passant par des échanges épistolaires jusqu’ aux extraits de journaux intimes.

Les personnages se répartissent en différentes catégories rapidement bien identifiables grâce aux descriptions  savoureuses : les savants (médecins, avocats, professeurs), les innocents (cocher, servantes, jardinier, vieilles nourrices), les diaboliques.

Le personnage de la dame en blanc semble détenir la clé. Mais, bien que certaines réponses émergent face aux questions que le lecteur se pose : Qui  sont les protagonistes? Que s’est-il passé? Quand cela a-t-il eu lieu? Où ont-ils commis leur forfait? Comment sont ils parvenus à leur fin? Pourquoi l’ont-ils fait ?, ce n’est qu’à la fin du roman que le secret  s’éclaircit totalement. Personnellement, je n’ai pas cherché à bâtir des hypothèses en fonction des indices laissés par l’auteur.

L’ambiance du livre est tout de suite poignante grâce à la description des lieux et m’a d’ailleurs beaucoup rappelé le livre « Jane Eyre » de Charlotte Brontë (1847). Ce qui me rassure c’est que je ne suis pas la seule apparemment à avoir ce sentiment. Le manoir de Blackwater Park est inquiétant car, outre son nom sinistre, il est très ancien. Le corps du bâtiment date du XIVe, ses ailes latérales de l’époque élisabéthaine (XVIe) et de George II  (XVIIIe ). Certaines galeries sont « sinistres et sombres », de «hideux » portraits de famille y sont accrochés. L’une des ailes du château non refaite est « presque en ruine », il vaut mieux éviter de la visiter tant elle est « obscure et humide ». Même l’horloge devient « sévère et fantomatique ». De plus, certaines scènes se déroulent dans ou à proximité d’un cimetière. La description du lac est glaçante. Ses eaux y sont noires, un « brouillard blanchâtre » y plane et un silence « tragique » l’entoure, « pas un oiseau ne chante, même les grenouilles se taisent ». Brrr, J’en ai encore des frissons…

Dans une moindre mesure, le rythme soutenu et inquiétant du scénario m’a rappelé également le « Comte de Monté Cristo » d’Alexandre Dumas (1844) car il y est question d’un honneur perdu à reconquérir. Je ne vais pas plus loin afin de ne pas spoiler.

Parmi les personnages, le truculent et charismatique Comte Fosco est bien trop obséquieux et aimable pour être sincère, il en devient sournois. Ses envolées lyriques et sa haute estime de lui-même en font un personnage insupportable. La dernière scène qu’il nous joue est exceptionnelle. J’ai retenu ci-dessous un court passage qui le résume:
« Il portait ses soixante ans comme s’il en eût vingt de moins. Le chapeau un peu sur l’oreille, il marchait allègrement en faisant tournoyer son énorme canne et en chantonnant; de temps en temps il jetait un œil protecteur vers les maisons et les jardins qu’il dépassait. Eût on dit à un étranger de passage que tout le voisinage lui appartenait, il n’en eût pas été autrement surpris. A peine regardait-il, en revanche, les passants qu’il croisait, excepté les nurses et les enfants, auxquels il envoyait un paternel sourire.  (…) Le comte s’arrêta devant une pâtisserie, sans doute pour y passer une commande ; il entra et ressortit aussitôt, un gâteau à la main. Non loin de là, un Italien jouait de l’orgue de barbarie et un pauvre petit singe tout maigre attendait tristement, assis sur l’instrument. Le comte s’arrêta, mordit une fois dans le gâteau, puis tendit le reste au singe. « Tenez, mon petit homme, fit-il, vous paraissez affamé ! Au nom de l’humanité, je vous donne à déjeuner ! » Alors le joueur d’orgue demanda au généreux passant l’aumône d’un penny; le comte haussa les épaules en signe de mépris et poursuivit son chemin.  » – p 499 de mon édition, extrait du chapitre IV de la troisième époque.
Le livre d’Hector Malot « Sans famille » est paru en 1878 bien après la publication de ce livre, et pourtant cette scène rappelle curieusement le personnage de  Vitalis le joueur d’orgue et son petit singe Joli-cœur? Les personnages comme lui devaient probablement être courants à l’époque.

Pour conclure, ce livre bénéficie d’une intrigue en or, un scénario construit avec minutie. Au delà des 70 premières pages où j’ai failli stopper ma lecture, j’ai été littéralement happée par le mystère de l’intrigue et j’ai cherché à assouvir ma curiosité. Cela s’appelle le suspense.
Je conseille  cette lecture aux amateurs de suspense et de récits du XIXe. J’ai passé un excellent moment de lecture grâce à Stellade qui est à l’origine de cette lecture commune et que je remercie ici chaleureusement.