Book Club Livraddict – Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, tome 1 d’Emil Ferris

Book Club Graphique – Septembre 2019

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, tome 1 d’Emil Ferris pour le thème roman graphique

Compte-rendu par Ichmagbücher

L’avis global est unanimement positif. La mise en page est originale et interactive, sous forme de cahier d’école, et qui a fait penser à un journal intime pour certains, impression renforcée par les gribouillis et l’utilisation du stylo bic pour les dessins et de l’encre pour le texte. Il en ressort un côté enfantin, dû à l’âge de la protagoniste. Si, au début les couleurs sont très vives, au fil des pages, le récit s’assombrit et une noirceur s’installe. Cela dégage une atmosphère pesante et malsaine, les lecteurs n’étaient pas toujours à l’aise.

Cela provient en partie des sujets traités tels que la Seconde Guerre mondiale et le nazisme, les différences de classes sociales, l’homosexualité, la ségrégation, la prostitution, l’identité et l’acceptation de soi. Thèmes qui apportent également leur lot de violence dans le récit, mais que les lecteurs ont jugés intéressants.

Dans l’ensemble, les personnages sont vivants et attachants, ils ont plu à tous les intervenants ;  notamment le grand frère de la protagoniste, Deeze, qui s’occupe beaucoup d’elle et l’instruit en l’emmenant aux musées (on trouve d’ailleurs des reproductions de tableaux connus et de couvertures de magazines pulp). Certains lecteurs ont aussi été interpellés par Sandy, une amie de Karen, pauvre et maigre. La mère est le pilier de leur petite famille. On a tous reconnu le comportement exemplaire et courageux de Karen.

En effet, la protagoniste mène une enquête, elle n’hésite pas à fouiner pour trouver des indices, tant sur sa voisine que sur elle-même. Le suspense est de mise. En revanche, sur l’intrigue, les avis sont partagés. D’un côté, certains la trouvent maîtrisée, avec une entrée directe dans le vif du sujet. D’autres lecteurs ont été un peu perdus par les changements de direction du récit et les sauts dans le temps, les aller-retour passé-présent manquent de clarté, et le démarrage est un peu long.  Certains ont pointé le réalisme du déroulement du récit. A ceux qui ont mentionné la fin, elle a semblé brutale et a été accompagnée d’incompréhension, car l’énigme n’a pas été résolue. Mais une suite est prévue.

Enfin, le contenu est très dense et abondant, l’objet livre est très beau.

Merci aux participant(e)s : Ichmagbücher, Vandale, Celystine, sleepyhelo, Noemaus, Analena1904, Maa

Et surtout merci à Ichmagbücher pour la rédaction du compte-rendu !

Book Club Livraddict – Nils, tome 1 : Les élémentaires d’Antoine Carrion et Jerôme Hamon

Book Club Graphique - Juillet 2019
Nils, tome 1 : Les élémentaires d’Antoine Carrion et Jerôme Hamon pour le thème BD

Compte-rendu par Ichmagbücher

Parmi les cinq participantes, trois ont beaucoup aimé et deux ont passé un bon moment, mais rien d’inoubliable. Les personnages sont nombreux, mais on s’y retrouve, les élémentaires sont mystérieux. Néanmoins, une lectrice remarque que Nils est l’archétype du héros naïf. L’intrigue est certes prenante et le côté fantastique s’accorde bien à notre monde, mais le fil conducteur reste vague, manque de clarté et de détails. Le récit avance trop vite. Malgré cette abstraction de l’histoire, on perçoit facilement les sujets mis en avant autour de la nature : l’écologie et l’avenir de notre planète. De plus, pour une Livraddictienne, la trame est instructive et enrichissante, voire même philosophique. Les illustrations ont remporté des suffrages, elles sont sublimes, les couleurs sont belles, un peu fades peut-être mais en adéquation avec l’environnement. Seule une lectrice trouve les dessins banals. Les traits des personnages sont expressifs et détaillés. L’ambiance est agréable, malgré une impression d’être sur une planète alternative pour une participante. Deux lectrices ont lu la suite, sans être convaincues, une impression de brouillon persiste.

Merci aux participantes : amesheurs, Ichmagbücher, Maa, Aelia, Mimine

Et surtout merci à Ichmagbücher pour la rédaction du compte-rendu !

Poussière fantôme d’Emmanuel Chastellière

Encore un roman qui me faisait de l’œil depuis sa sortie !! Samhain approchant, l’appel des spectres et apparitions est devenu tout simplement irrésistible… C’est donc avec joie que je me suis plongée dans Poussière fantôme, un roman jeunesse d’Emmanuel Chastellière.

On y suit les pérégrinations d’Archibald, qui est un guide touristique dans un domaine bien particulier : il effectue des visites paranormales à Montréal, afin de découvrir les lieux les plus hantés du périmètre.
Il est ami avec Elisabeth McKenzie, le fantôme d’une jeune scientifique décédée dans des circonstances tragiques. Il va tenter de l’aider à résoudre les questionnements de son après-vie.
Le problème, c’est que lorsqu’il fait visiter différents lieux à ses clients, il arrive fréquemment qu’il soit confronté à un spectre ou à une apparition ; les touristes croient que cela fait partie du divertissement, alors que ce n’était pas prévu ! Les quiproquos et les situations cocasses vont pleuvoir.

En effet, l’humour est omniprésent dans ce récit, ce qui change de l’ordinaire et est vraiment fort appréciable. Les dialogues ne manquent pas de piquant, et  personne n’a la langue dans sa poche !  Les répliques fusent et ne manqueront pas de vous faire sourire, dans le domaine grivois ou autre. Nos deux héros vont découvrir l’existence d’une mythologie farfelue, comprenant certains noms totalement imprononçables ! Par moments, on a l’impression d’assister à un pastiche de Sherloch Holmes, Indiana Jones ou d’autres récits d’aventures, ou d’enquête.

On ne se sent jamais en territoire inconnu au cours de cette lecture : les références à la culture pop sont fréquentes, avec par exemple le Seigneur des anneaux ou Sweeney Todd. Il est impossible de s’y ennuyer puisqu’on y trouve une foule de péripéties, et des personnages hauts en couleurs, comme par exemple Ulysse, le chat qui parle.
J’ai particulièrement aimé tout le passage qui se déroule dans un train, il était rocambolesque à souhait et plein de rebondissements !

J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman, je vous le recommande vivement, surtout en cette période de l’année !!

Dix-sept ans de Ava Dellaira

Dix-sept ans est un roman dont le titre ne peut qu’éveiller une cascade de souvenirs en chacun de nous, doté d’une couverture flamboyante – couleurs vives, gracieux colibris, et une héroïne belle et rêveuse. Tous les ingrédients sont réunis pour nous donner envie de s’y plonger. J’ai pu lire ce livre en partenariat avec les éditions Michel Lafon, que je remercie encore chaleureusement !

Alla Dellaira s’était déjà faite remarquer avec son roman Love letters for the dead, très original puisqu’une adolescente y écrit des missives à toutes ses idoles disparues, comme Kurt Cobain  ou Janis Joplin.

Ici, l’auteur change de registre. Nous allons suivre les destins entremêlés d’une mère (Marilyn) et de sa fille (Angela), ainsi que leurs histoires d’amours respectives. Mais ne vous laissez pas abuser par les palmiers de la couverture et par la fraîcheur qui se dégage de celle-ci. Dix-sept ans n’est pas vraiment un roman léger. Vous y trouverez bien des descriptions de premières amours, la saveur des premiers baisers, les questionnements et battements de cœur des premiers émois, mais pas seulement. Il y a beaucoup plus dans l’implicite, dans le besoin de connaissance ressenti par la jeune femme.

Angie est le fruit d’un amour passionné. Mais voilà, son père est décédé, et elle commence à s’interroger sur la vie qu’il a menée, et sur les circonstances de sa mort. Elle va mener l’enquête avec son ami / petit ami, Sam, pour revenir au plus près de ce passé qu’elle n’a jamais connu.  Elle est en train de devenir adulte, et pour pouvoir se construire, elle a besoin d’en savoir plus sur ses origines. Elle n’a jamais été témoin de la relation flamboyante qui a uni ses parents, elle ne peut qu’imaginer.

Le ton est parfois grave, et pour cause : les thèmes du deuil et de la construction de soi sont au cœur du récit. Angie est une jeune femme métisse, et ses recherches vont même donner lieu à une réflexion politique (elle ne sera pas livrée en ces pages, mais incitera le lecteur à la réflexion… ).

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. A mes yeux, il traverse avec simplicité et efficacité les évènements les plus riches et les plus marquants de l’existence : l’amour (notamment le premier amour), la mort, le deuil, les origines, la nécessité de grandir. Il montre comment, génération après génération, nous continuons à tomber follement, désespérément amoureux ; comment une passion telle que celle qui a uni Marilyn et James peut changer des vies à jamais, continuer à vous hanter à travers les décennies. C’est ce qui fait sa beauté tragique.

Bref, je ne peux que vous recommander cette lecture chaudement. J’ai passé un excellent moment à tenter de comprendre ce qui s’était passé. Le récit vous tiendra en haleine tout en vous permettant de vous évader dans la chaleur de la Californie.

Le Pull-over de Buchenwald de Bertrand Herz

Ce récit est le bouleversant témoignage d’un adolescent déporté dans les camps de la mort pour la seule raison qu’il était juif. « Je suis un miraculé. J’aurais dû être déporté à Auschwitz et gazé comme la quasi-totalité des 76 000 juifs de France arrêtés. Mais j’ai été interné à Buchenwald. J’aurais pu être battu ou même tué parce que j’avais un jour donné un coup de pied à un Stubendienst. Mais il ne m’est rien arrivé. J’aurais dû, pendant l’évacuation forcée pour fuir les Américains, traînard épuisé au bord de la route, recevoir une balle de SS dans la nuque. Mais cette balle, je ne l’ai pas reçue. En 1945, après mon retour, j’ai voulu effacer de ma mémoire le souvenir de ma déportation. N’était-ce pas injuste vis-à-vis des hommes qui étaient à mes côtés, notamment mon père, un homme d’un courage et d’un optimisme extraordinaires, qui n’a cessé de me protéger jusqu’à sa mort ? »

Je tiens tout d’abord à remercier les éditions Tallandier de m’avoir envoyé ce livre que j’ai eu la chance de lire. Je n’aurais pas pu espérer meilleur dernier partenariat par le biais de Livraddict.

Ce témoignage de Bertrand Herz, rescapé du camp de concentration de Buchenwald, est absolument bouleversant. Il retrace, à travers ce livre, tout son parcours. Il commence par décrire son enfance au sein d’une famille juive bourgeoise et la montée progressive du nazisme et de l’antisémitisme en France. L’insouciance première sera alors rapidement remplacée par l’horreur. Le jeune Bertrand est déporté, à l’âge de 15 ans, avec ses parents, sa sœur et le fiancé de cette dernière, Claude. Son frère Jean-Claude sera le seul qui parviendra à échapper à l’arrestation. Les hommes sont alors conduits à Buchenwald, tandis que Françoise et sa mère partent pour Ravensbrück, camp de concentration réservée aux femmes et aux enfants.

L’auteur décrit, dans ce livre, le calvaire de la vie concentrationnaire, l’horreur de la maladie, de la sous-nutrition, du manque d’hygiène, de la mort. Pendant son emprisonnement, il perd ses deux parents. Malgré toutes ces épreuves, il tient le coup et vit la libération des camps. Il retrouve ainsi sa famille, sa sœur rescapée, et son frère notamment. Il reprend des études à Polytechnique, devient ingénieur et reprend peu à peu le cours de sa vie. Il décrit son évolution jusqu’au moment où il écrit ce témoignage, expliquant par exemple comment il est devenu président du Comité international Buchenwald-Dora et Kommandos.

Plus qu’un témoignage, ce livre est un manifeste. Il rappelle le devoir de mémoire et insiste sur des valeurs démocratiques fondamentales. Ayant personnellement visité le camp de Buchenwald à deux reprises, ce témoignage de Bertrand Herz a eu une résonnance toute particulière en moi. C’est pour ça que je conseille ce livre, pour ne jamais oublier.

Voici un lien sur lequel vous pourrez trouver le livre : https://www.tallandier.com/livre-9791021026872.htm"