Hex de Thomas Olde Heuvelt

Hex est un petit bijou de la littérature horrifique, probablement un chef-d’œuvre même, qui ne trouvera pas de concurrent de sitôt. Je le classerais sans hésiter dans le top 5 des livres qui m’ont le plus terrifiée de ma vie. Peut-être même en 2eme place, juste après Simetierre de Stephen King. Sérieusement, je n’osais plus tourner la tête ni me déplacer dans le noir ! J’avais peur que continuer la lecture de ce livre m’empêche de dormir !

Dans ce roman totalement novateur, on découvre le mode de vie d’une communauté repliée sur elle-même et vivant selon ses propres règles : celle de Black Spring. Les habitants y vivent sous la menace d’une sorcière qui a été brûlée au XVIIème siècle, Katherine Van Wyler. On raconte qu’elle peut ramener les morts à la vie. De son vivant, elle a été traitée en bouc émissaire et torturée psychologiquement avant son exécution.
A présent, elle continue à être présente, à se déplacer. Si elle est provoquée, elle peut provoquer des décès (tels que des suicides ou des crises cardiaques). Pour l’empêcher de répandre ses malédictions et de mettre le mauvais œil sur tout ce qui bouge, on lui a cousu les yeux et la bouche, il y a bien longtemps, et dans des circonstances méconnues.

Il est interdit de lui parler, interdit de la toucher, sous peine de sanctions dont personne n’a envie de connaître le détail. Une organisation nommée Hex surveille ses allées et venues, par le biais de caméras de surveillance. Une application rend compte de tout évènement concernant la sorcière.

La narration se concentre sur la famille Grant, composée du docteur Steve Grant, de sa femme Jocelyn, et de leurs deux enfants : Tyler et Matt ; sans oublier leur chien Fletcher. Tyler recense sur le net les plus petits évènements concernant la sorcière. Tous sont très attachants, des personnages qui essaient de jongler entre vie de famille et stoïcisme face au surnaturel.
Il y a un peu de Sa majesté des mouches dans cette histoire. Probablement quelques clins d’oeils à Simetierre également.
On y voit une communauté faire preuve ponctuellement de sauvagerie par simple peur des représailles d’une force surnaturelle. Ca vous rappelle quelque chose ? Ce n’est pas surprenant. C’est exactement ce qui se passe avec toutes les religions.
Ce récit soulève une foule de questions, et nous invite à réfléchir sur nos dérives et sur nous –mêmes. Sur notre humanité, sur nos spiritualités.

Qu’est-ce que nous a appris la Bible ? Que nous apprennent les drames de notre époque moderne, à chaque attentat et à chaque crime commis au nom de Dieu ? Exactement la même chose : l’esprit humain est prêt à justifier toutes les horreurs pourvu que la menace au-dessus de sa tête, réelle ou factice, soit suffisamment terrifiante.
Nous nous croyons évolués, nous nous croyons civilisés, mais le sommes-nous vraiment ?
Dès que les individus se rassemblent en une foule, qu’un phénomène de masse peut se produire, nous avons la capacité de basculer dans la folie – décuplée si elle est collective.
Thomas Olde Heuvelt fait explicitement le parallèle entre le comportement de ces personnes terrifiées par la sorcière, et celui de ceux qui appliquent la charia. La peur est comme un mal rampant, un virus susceptible de faire remonter à la surface tous nos penchants les plus abjects.

Ici, le mal est en nous, en Black Spring, en l’humain. La sorcière n’est qu’un catalyseur, un déclencheur.
J’ai été ravie d’apprendre en lisant les remerciements que l’auteur avait été fortement inspiré par Sacrées sorcières de Roald Dahl, qui l’a durablement traumatisé durant son enfance ( bienvenue au club ! Je me sens moins seule !). Roald Dahl est un écrivain extrêmement brillant et talentueux, qui a beaucoup d’esprit,  et je le recommande chaudement ! Il aurait certainement été très fier de voir son influence sur une telle œuvre, dommage qu’il ne soit plus là pour voir ça !

En conclusion, Hex est un livre fascinant, addictif et terrifiant. Je pourrais le relire juste après l’avoir terminé, si je m’écoutais. Je l’ai adoré, vraiment adoré, je ne pourrais vous le recommander assez.

Lune de sang : la meute de Riverside Creek de Chloé Wilkow

* Titre : Lune de sang – La meute de Riverside Creek
* Auteure : Chloé Wilkow

Chronique :

À l’instant même où j’ai vu cette magnifique page de couverture et ce titre assez explicite qui indique clairement qu’on aura affaire dans ce roman à des loups-garous j’ai tout de suite voulu découvrir ce roman. Et je dois dire que j’ai bien fait car cette Bit-lit est vraiment top ! Je suis ravie d’avoir eu l’occasion de lire ce roman.

Tout commence lorsque notre héroïne Nikkie apprend le jour de ses 21 ans qu’elle est depuis toujours une sorcière et que son père adoptif lui restitue les pouvoirs qui lui ont été retirer. Elle est complètement désarçonnée par ce qui lui vient d’être révélé, d’ailleurs elle n’y croit pas. À partir de ce moment précis sa vie va être mise sans dessus de sou, d’autant plus que son père se fait assassiner le soir même. Pas eut le temps de digérer la nouvelle, ni même de poser des questions sur qui elle est et d’où elle vient… Tant de questions sans réponses qu’elle va devoir trouver toute seule.

Lune de Sang – La meute de Riverside Creek est une bit-lit qui commence si puis-je dire avec un début « classique », mais petit à petit le mystère sur les dons de sorcière de Nikkie va s’intensifier. Des questions nous assaillent autant qu’à elle, Qui est-elle réellement ? Qui sont ses parents biologiques ? Ce mystère autour de notre héroïne, nous titille, nous pousse à en savoir davantage sur elle et sur l’avancement de ses recherches. On compatit à sa situation puisque du jour au lendemain elle devient orpheline.

Il faut dire que dès les premières lignes j’ai accroché à l’histoire, il m’en a pas fallu plus pour y adhérer complètement. Tout m’a conquis que ce soit l’histoire, les personnages, l’univers tous est très bien mené, l’auteure prend son temps de tout poser et les événements viennent à point nommé sans aucune précipitation. Lune de sang est le premier livre que je lis de Chloé Wilkox et je constate que j’aime beaucoup sa plume et ce qu’elle inspire dans ce récit c’est-à-dire l’amour, le mystère, la vengeance, la sorcellerie et tous les autres phénomènes qui touche le surnaturel, franchement le mélange de ce cocktail est très bien dosé, du moins assez pour nous rendre addict. On ne peut pas ne pas apprécier cet univers, perso ce genre d’univers me fascine toujours même si la encore on retrouve plus ou moins les caractéristiques d’une bit-lit typique, mais Chloé Wilkox a su les utiliser à sa sauce et je trouve que le résultat est plus que réussi.

De mon point de vue il n’y a que des points positifs à ce livre puisque premièrement j’ai beaucoup aimé la romance entre Nikkie et Tyee, en même temps comment ne pas succombé à notre beau loup-garou parce qu’il faut le dire il est … irrésistible. Leur « incompatibilité » les rend beaux lorsqu’ils sont ensemble. En ce qui concerne les personnages secondaires je les ai trouvés vraiment top même si on retrouve nos inéluctables « méchants »/ »pestes » qu’on a souvent envie d’étrangler ou qu’il leur arrive du mal mais bon mis à part ces nuisibles nos protagonistes secondaires sont très appréciables et d’ailleurs on se réjouit de leurs différentes interventions au fil de la lecture. le petit truc que j’aurais voulu voir davantage mis en avant dans ce roman c’est l’utilisation de la magie certes il y a mais pas encore assez.

Lorsque je suis arrivé à la fin de ce roman et qu’il a fallu que je referme ce livre, j’étais énervé, excité … ou plus exactement déchaîné. Oui, apparemment je me suis un petit peu trop laissé envahir par l’histoire et j’étais plus trop dans mon état normal. Je voulais me trouver un loup-garou … No comment a cet aveu.

Bref, vous l’aurez compris ce roman est top ! Et est-ce que je le conseille ? Carrément que oui !!! Il me reste plus qu’à vous dire bonne lecture icon_smile

La ménagerie de papier de Ken Liu

Merci à Folio SF et à Livraddict pour ce partenariat. Ce livre me faisait envie depuis sa sortie en grand format chez les éditions Le Bélial’.

L’auteur, Ken Liu, nous livre ici un recueil de nouvelles toutes différentes les unes des autres avec parfois un fil rouge entre certaines histoires. Les genres sont mélangés pour nous montrer que peu importe l’étiquette que certains attribuent (science-fiction, fantasy ou fantastique) c’est d’abord les histoires et les personnages qui priment.

Ken Liu est à l’aise avec tous les genres, mais également avec toutes les longueurs, les nouvelles allant de 3 pages « Avant et après » à plusieurs dizaines. De qualités égales, j’ai été plus sensible à certaines nouvelles, notamment celle qui donne son nom au recueil « La ménagerie de papier », c’est l’histoire émouvante d’une mère chinoise qui part vivre aux États-Unis et qui est rejetée par son fils. La famille est également importante dans ce recueil. Les couples, les parents, les enfants sont toujours clairement identifiés et leurs liens font parties intégrantes de l’histoire. L’auteur développe à chaque fois des histoires sensibles, comiques ou graves, qui nous font parfois regretter que ce ne soit « que » des nouvelles.

Ken Liu est né en Chine et émigre aux États-Unis à l’âge de 11 ans. Cette enfance en Asie a laissé une empreinte à sa plume, les descriptions sont très visuelles, les univers pleins de couleurs et de textures.

Tout dans ce recueil est une ode à la tolérance, à l’acceptation de soi et d’autrui, en dépit des différences. Mais l’auteur dénonce également la folie des Hommes envers la nature. Beaucoup de ses nouvelles nous présente une Terre surpeuplée, en proie à la guerre et à la pauvreté, une Terre qui étouffe et qui pousse les Hommes à se tourner vers l’espace pour survivre.

En bref : un auteur à suivre et dont il me tarde de lire à nouveau sa plume.

The first love melt in ultramarine de Yuki Ringo

Suite à une grave blessure à l’épaule, Kengo se voit contraint d’arrêter le baseball. Alors qu’il est totalement déprimé et perdu depuis la perte de sa passion, il fait la rencontre d’un étrange élève dans la salle de musique de son lycée. Yoshioka est en fait un camarade de classe de Kengo, mais pour une mystérieuse raison, il ne suit plus les cours depuis un an. La musique semble être sa seule échappatoire face aux démons de son passé. De son côté, Kengo ne peut rester impassible et décide de rester près de lui. Une lueur d’espoir vient d’apparaître…

Je tiens tout d’abord à remercier les éditions Taïfu Comics de m’avoir envoyé ce yaoi que j’ai eu la chance de lire. Ce n’est pas le premier partenariat que j’ai fait avec cette maison d’édition par le biais de Livraddict, car je n’ai jamais été déçue. Et c’est encore le cas, cette fois-ci, avec The first love melt in ultramarine.

J’ai trouvé que ce yaoi était très beau, bien qu’assez dur dans la thématique qu’il traite : le harcèlement scolaire. J’ai ressenti beaucoup d’empathie à l’égard de Yoshioka et le personnage de Kengo est lui aussi très attendrissant. La psychologie des personnages est travaillée et complexe. Même le harceleur, Andô, n’est pas simplement une personne mauvaise dans le fond. Ce qui est dommage, c’est que l’auteure ne dépeint pas trop le caractère d’Andô, ne développe pas assez son ressenti, ses émotions ou encore son point de vue, mais comme elle l’explique, c’est parfaitement intentionnel, puisqu’elle souhaitait avant tout se concentrer sur le couple Kengo/Yoshioka.

Le harcèlement scolaire est ici abordé avec beaucoup de dureté. La dénonciation est ainsi encore plus violente à mon sens. De plus, ce qui est assez remarquable, c’est que l’on ne verse pas, dans ce manga, dans la violence gratuite et ostentatoire. Tout est suggéré et c’est peut-être en cela que c’est d’autant plus fort et marquant pour le lecteur. J’ai également beaucoup aimé le fait que Yoshioka se soit réfugié dans la musique, ce qui lui a permis de rencontrer monsieur Tamada et, par la suite, Kengo.

La manière dont le sport et la musique se retrouvent est par ailleurs elle aussi très intéressante, puisque la musique fonctionne comme un défouloir pour Yoshioka. Si l’on pousse l’analogie un peu plus loin, on peut considérer que la rencontre entre les deux « blessés » était évidente : les deux jeunes hommes peuvent soigner les plaies de l’un comme de l’autre. D’un côté, celles de Kengo sont physiques, alors que celles de Yoshioka sont psychologiques.

Finalement, ces deux personnages, qui n’ont a priori rien en commun, qui ne partagent pas les mêmes hobbies, qui n’ont pas le même âge et qui ne sont pas intégrés de la même manière au sein de leur école, parviennent à se retrouver et à s’entraider. Kengo aide Yoshioka à surmonter son traumatisme et Yoshioka apporte à Kengo une plus grande ouverture d’esprit et lui redonne le moral suite à sa blessure à l’épaule. Pour ne rien gâcher, la fin est toute mignonne. C’est un grand plus que j’ai apprécié.

Voici un lien sur lequel vous pourrez trouver le manga : http://www.taifu-comics.com/Serie-257-T … "

Peur primale et autres récits de Lancelot Cannissié

En tant qu’adepte de textes fantastiques et horrifiques en tous genres, j’étais très curieuse de découvrir Peur Primale et autres récits, le recueil de Lancelot Cannissié. Merci encore à lui pour ce partenariat !

Dans la forme, il y a de nombreux petits défauts, qui parfois gênent la lecture : tournures malheureuses, erreurs de syntaxe, petites coquilles… Sans que ce soit dramatique, rassurez-vous.
Dans le fond, on peut saluer la diversité des sujets traités, de bonnes idées, des thématiques intéressantes. L’auteur a certainement été abreuvé d’excellentes influences – je pense notamment à Stephen King avec, entre autres, son Joyland. Par moments, j’ai trouvé que les passages du réel au fantastique étaient trop rapides, trop précipités. Certains dénouements n’étaient pas non plus tous très clairs pour moi.

J’aurais aimé que les récits prennent davantage leur temps, en termes de descriptions, d’ambiance, de connaissance des personnages. Que l’ensemble soit davantage étoffé. Je pense que la nouvelle qui m’a plu le plus est sans surprise Carnival massacre (c’est la plus longue, et de loin puisqu’elle culmine à environ 40 pages). L’univers des fêtes foraines  est toujours agréable à retrouver en littérature, et le passage dans la galerie des miroirs était particulièrement bien trouvé.

J’ai aussi apprécié l’idée du loup-garou, avec tout le mystère sur son identité, ainsi que celle du grenier interdit dans lequel le petit garçon n’ a pas le droit de se rendre (celle-ci réveille instantanément nos peurs d’enfance).

Dans l’ensemble, je dirais que de petites choses pourraient être peaufinées, mais il y a un petit quelque chose qui se dégage de ces histoires, un charme propre. Cela tient sans doute au fait que l’auteur doit les chérir sincèrement, je pense, et avoir mis tout son cœur dans leur écriture. Je suivrai les prochaines publications de Lancelot Cannissié avec plaisir et intérêt !