En toute confiance d’Ann Rule

4e de couverture

Dany et Joanne Lindstrom partent camper sur la côte ouest, mais l’escapade romantique tourne au cauchemar. Dany disparaît dans des circonstances mystérieuses et Joanne se retrouve livrée à elle-même, perdue dans une nature hostile. Son seul espoir réside dans un autre randonneur, qui lui propose de la guider jusqu’à la ville la plus proche. il semble bien connaître la forêt et ses dangers. La jeune femme n’a pas le choix : pour survivre, elle doit lui faire confiance…

Avis

Ann Rule, en plus d’être écrivain, collabore avec le FBI pour traquer des tueurs en série. Je m’attendais donc à un thriller très poussé et haletant. Hélas, En toute confiance est un thriller psychologique qui s’attache principalement aux liens entre un agresseur et sa victime. Il y a donc peu d’action, de suspence et j’ai été très déçue de cette lecture.

La quatrième de couverture en dit à la fois trop et pas assez. Ce n’est qu’une fois à la moitié du roman que, comme l’annonce le résumé, « Dany disparaît dans des circonstances mystérieuses » lors d’une escapade en forêt avec sa femme. Les 200 premières pages sont destinées à la présentation de « l’autre randonneur » qui, on le découvre tout au début, est un tueur en série déséquilibré. Ainsi, on sait à l’avance ce qui va arriver à Joanne et Dany avant même de les rencontrer, car le tueur a déjà échafaudé son plan. Il n’y a donc aucun suspence.
La suite du roman est trop axée sur le comportement de Joanne face à ce mystérieux randonneur, comportement que je n’ai jamais réussi à comprendre. Je n’ai dès lors pas eu d’empathie pour cette femme, selon moi un peu trop faible, sans réelle personnalité. Une proie facile.
La lecture est fluide malgré le manque d’action mais j’ai tout de même trouvé la relation entre Joanne et Dany un peu fade. C’est peut-être dû au fait que l’histoire se déroule en 1980. Par contre, le personnage de Sam, le coéquipier de Dany a une vraie profondeur et est très attachant. Pour moi, c’est lui le véritable héros de cette intrigue.

Ann Rule écrit en général des thrillers authentiques. Je ne sais pas si c’est le cas de En toute confiance, mais je n’accroche pas à ce genre de romans. Je préfère des histoires hors du commun, empreintes d’un peu plus de fantaisie. Je pense donc que ce livre plaira à d’autres, notamment à ceux qui s’intéressent à la psychologie, au syndrome de Stockholm et aux séquelles mentales qu’une agression peut entraîner.

Merci à Livraddict et aux éditions Michel Lafon pour ce partenariat.


Terrain de Chasse de Patricia Briggs

Quatrième de couverture :

Anna et Charles assistent à un conseil sur la proposition controversée de Bran : révéler l’existence des loups-garous. Mais l’Alpha le plus redouté d’Europe, la Bête du Gévaudan, est contre ce projet… et il n’est pas le seul. Les vampires, eux non plus, ne considèrent pas ce coming out d’un très bon œil. Et lorsqu’ils attaquent Anna, Charles entre dans une rage folle. Anna et lui doivent alors découvrir au plus vite qui se cache derrière tout ça… avant de perdre tous ceux qu’ils aiment.

Ma Chronique :

Voici donc le deuxième tome de la nouvelle série de Patricia Briggs. Nous retrouvons nos héros là où nous les avions laissés dans le tome1, chez Charles en train de « jouer ». Replaçons un peu l’histoire. Anna est un Omega, un loup qui n’est ni soumis, ni dominant, elle a sa pensée propre, et peu tenir tête à un Alpha. Sa position d’Omega lui confère la protection de tous les Alpha, mais cela peut aussi poser quelques problèmes. Charles l’a délivrée de son ancienne meute, et il l’a ramenée chez lui. Quand à lui, il est un le fils de Bran, le Marrok (comprenez l’alpha de tous les alphas des Etats-Unis), mais il est également son bras armé, son exécuteur. Dés sa première vision d’Anna, il tombe sous son charme. Ils forment à présent un couple unis, mais continuent de s’apprivoiser.

Dans ce second opus, nous rencontrons les meutes de différents pays, Espagne, Grande Bretagne, France… Tous se réunissent pour donner leur avis sur le projet du Marrok de révéler à la population l’existence des loups-garous. Charles ayant un mauvais pressentiment, c’est lui qui se rend à cette réunion accompagné d’Anna.

Autre rencontre importante dans ce livre, celle de Ric, l’Omega convoité de la meute Italienne. Avec Anna ils vont dompter leur qualité d’Omega, s’entraidant pour comprendre leur place et leurs pouvoirs.

Loups, troll, fae, vampires, sorcières… toutes ces créatures se retrouvent au sein de cette histoire riche en rebondissements ! Venez à la rencontre de la bête du Gévaudan, et du Roi Arthur… Mais qui en veut à Anna ? Qui tue et pourquoi ? Une enquête qui vous tiendra en haleine !

On retrouve l’écriture riche de Patricia Briggs, point de vulgarités, point de sexe. L’auteure a le don de nous faire découvrir et aimer tous ces personnages, vous ne pourrez pas rester insensible au charme de Charles, à la force de Jean Chastel, aux tribulations de Ric. On prend plaisir à voir se renforcer le lien entre Charles et Anna, l’auteure évite avec succès les clichés bit-littiens et on aime.

Un deuxième tome qui vous donne envie de lire la suite. Mais que va-t-elle encore imaginer ? Quoi qu’il en soit les lecteurs vont vite devenir addictes de ce couple, et avoir envie d’en savoir toujours plus sur les Omega. Patricia Briggs nous offre là une histoire qui vous fera passer par tous les stades, colère, tendresse, espérance, peur, peine… Prenez garde, c’est une vraie drogue !

Inscription au Baby Challenge Livraddict

Après de multiples hésitations, je me suis finalement décidée à participer au challenge Livraddict. Je dois avouer que j’ai visé petit : en effet, je compte m’occuper du Baby Challenge Classique. 20 livres à lire et bizarrement, je n’en ai déjà pas lu tant que cela. Tant mieux, ça ne fait que pimenter le défi !

La liste des titres est la suivante (en gras, les livres déjà lus):

1 – Les raisins de la colère de John Steinbeck
2 – Orgueil et Préjugés de Jane Austen
3 – Cyrano de Bergerac de Edmond Rostand
4 – Autant en emporte le vent, tome 1 de Margaret Mitchell
5 – Boule de Suif et autres nouvelles de Guy de Maupassant
6 – Jane Eyre de Charlotte Brontë
7 – Macbeth de William Shakespeare
8 – Huis clos suivi de Les Mouches de Jean-Paul Sartre
9 – Des souris et des hommes de John Steinbeck
10 – Les Hauts de Hurle-Vent de Emily Brontë
11 – Le joueur d’échecs de Stefan Zweig
12 – Les Liaisons Dangereuses de Pierre Choderlos De Laclos
13 – Nana de Emile Zola
14 – Peter Pan de James Matthew Barrie
15 – Roméo et Juliette de William Shakespeare
16 – Hamlet de William Shakespeare
17 – Oedipe roi de Sophocle
18 – Les Malheurs de Sophie de Comtesse de Ségur
19 – Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare
20 – Au bonheur des dames de Emile Zola

Je commence donc à 5/20. Plus que 15 pour viser la médaille d’or !

Histoires Sanglantes / Bloody Tales de E.Wharton, H.P.Lovecraft et F.Brown

De prime abord, en découvrant ce qu’est un partenariat, j’ai tout de suite voulu essayer. Plus qu’un partenariat, c’est un échange dans lequel on reçoit un livre puis on s’engage en contrepartie à concevoir une critique. Je tiens avant tout à remercier les éditions Gallimard et le site internet Livraddict.

D’emblée, comme la majorité des lycéens, j’apprends l’anglais. C’est pourquoi j’ai sélectionné cette édition qui vise à rendre accessible des textes anglophones à ceux qui souhaitent apprendre la langue. A vrai dire, je ne me suis que peu intéressé aux différents sujets abordés dans cette anthologie, l’optique de lire en anglais primait.
Cette oeuvre est donc, comme je viens de le dire, une anthologie de trois textes de tailles très variables.

Éditions Folio Bilingue n°171 (2011) – 219 pages
La couverture, bien choisie, représente  Bela Lugosi et Carroll Borland dans le film « La marque du vampire » (1935)

QUATRIÈME DE COUVERTURE

Un homme hagard, devenu l’ombre de lui-même, est déboussolé, par la visite quotidienne d’une morte-vivante… Une maison maudite, à l’aspect lugubre, où le nombre de morts croît dans des proportions inquiétantes… Un couple de vampires affamés, en quête de sang frais…

Vampires, vous avez dit vampires ?

Trois histoires de vampires, trois nouvelles sanglantes de trois grands maîtres de la littérature fantastique et de la science-fiction

QU’EST-CE QUE LES EDITIONS FOLIO BILINGUE ?

Le schéma de ces éditions est simple: on trouve le texte original, en anglais, sur la page de gauche, et sa traduction sur celle de droite. Même si ce concept peut paraître novateur, il est finalement un labyrinthe presque incompréhensible: on s’y perd réellement. En effet, vous n’êtes aucunement guidé dans cette démarche d’apprentissage de la langue, on ne sait pas vraiment comment lire le texte. Tandis que les histoires sont assez intéressantes, on perd tout le suspense à chercher quel mot correspond à tel autre jusqu’à s’emmêler dans les passages.

Notez donc qu’on ne lit pas ce texte comme on lit un livre: il faut réellement effectuer un travail de page en page, travail que nous devons faire en toute autonomie, sans aucun appui.

CES EDITIONS SONT-ELLES EFFICACES POUR APPRENDRE UNE LANGUE ÉTRANGÈRE ?
En tant que lycéen, je ne pense pas que ce soit l’outil rêvé pour s’immerger dans la langue. Alterner anglais et français n’est pas la meilleure solution, cela est même déstabilisant. Selon moi, l’intérêt pédagogique n’est pas présent dans cette anthologie, du moins pour ceux qui souhaitent apprendre l’anglais. Pour se perfectionner en anglais, cet outil peut cependant être intéressant. Sinon, tournez-vous vers d’autres ouvrages qui suivent une réelle démarche d’apprentissage de la langue.
Pourquoi les éditions Folio Bilingue n’investissent-elles pas dans des professeurs de langue ?
CETTE ANTHOLOGIE EST-ELLE INTÉRESSANTE ?
Dans Histoires Sanglantes sont présentes trois courtes histoires ne faisant couler que peu de sang, sur le thème du surnaturel et du mystérieux.
Cet univers particulier ne m’est que peu connu. Même si j’accroche peu à ce genre de récit, j’ai aimé l’écriture des auteurs, et le léger suspense qui y est présent.
Comme les quelques internautes ayant émis une critique au sujet de cette anthologie, je vais présenter chaque texte séparément.
  • L’ensorcelé / Bewitched de Edith Wharton
Saul Rutledge est effrayé par une jeune défunte, revenante des ténèbres. Inquiète, sa femme fait appel à un diacre, au père de la défunte et à un certain Brand afin de mettre un terme à ce cauchemar. C’est une histoire légère, agréable, sans trace de sang mais riche en suspense et en interrogations. Une issue conçue en toute finesse par Wharton éveillera notre attention. C’est un texte dépaysant, bien choisi.
  • La maison maudite / The Shunned House de Howard Philips Lovecraft
Nous sommes invités à entrer dans une maison hantée (parfois stéréotypée). Des surprises nous y attendent. L’histoire est riche en suspense, voire effrayante à certains moments. Cependant, le style de l’auteur est particulier, cela m’a parfois déconcerté. Les personnages sont nombreux, les dates également. Est-ce un bon choix d’avoir sélectionné ce texte ? Je n’en suis pas certain, car lorsque l’on apprend l’anglais, il est préférable de travailler sur des textes plus traditionnels. Mais l’originalité est toujours quelque chose d’intéressant à découvrir.
  • Du sang / Blood de Frederic Brown
Très courte histoire, elle se révèle tout autant efficace. Face à l’anéantissement, nous suivons un couple de vampires. Histoire intéressante, à découvrir.
Un petit dossier de quelques pages, riche en couleurs, est présent au centre du livre. Des photographies de films, des citations et peintures y sont représentées.
En somme, même si cet outil présente des défauts, les histoires sont attractives. Les traductions, revues et corrigées, sont sans reproches. Je pense que, pour apprendre l’anglais, travailler sur de très courtes histoires est meilleur.
Good Reading !

J’ai aimé Les histoires sélectionnées, le dossier intérieur

Moins aimé Le schéma des Folio Bilingue, qui ne facilite pas l’apprentissage de la langue
Ma note | ★★★★★ 2 à 3 sur 5


Le faiseur d’histoire de Stephen Fry

4e de couverture

Le choc frontal entre Michael Young, thésard en histoire à Cambridge, et le professeur Zuckermann, vieux physicien obsédé par l’une des périodes les plus sombres du XXe siècle, va changer l’histoire – littéralement. Mais pour cela, il faut aussi compter sur une pilule miracle, sur le rival oublié d’un petit teigneux autrichien et sur la fatale élasticité du temps. Le pire n’est jamais certain, mais le mieux ne se trouve pas forcément non plus là où on l’attendait…
Tout à la fois uchronie brillante, thriller captivant et comédie romantique gay, Le faiseur d’histoire tient de Douglas Adams et d’Armistead Maupin pour son intelligence, son humour et son politiquement incorrect.

Mon avis

J’avoue, je n’ai pas immédiatement fait le lien entre Stephen Fry, auteur de romans, et Stephen Fry, comédien au savoureux humour britannique, qui a fait la paire avec un certain Hugh Laurie et que j’adore en psy cordon-bleu dans une « osseuse » série américaine. Merci donc aux éditions Folio et à Livr@ddict de m’avoir fait découvrir cette autre facette du personnage.

Plus que le nom de l’auteur, deux éléments m’ont donné envie de découvrir ce livre : le mot « uchronie », qui promet un joli télescopage d’ingrédients historiques, et une comparaison flatteuse avec Douglas Adams, dont le Guide du voyageur galactique est un de mes monuments préférés d’humour décalé.

Je me suis donc lancée sur les traces de Michael Young, jeune thésard passablement surdoué et légèrement décalé, dont le cerveau virevolte d’une idée à l’autre (et là, on pourrait croire qu’il s’agit de l’auteur lui-même). Son parcours alterne avec un récit historique ? romancé ? à la limite du sordide, dont les personnages évoluent quelque part à la frontière entre l’Autriche et la Bavière, à la fin du XIXe siècle. Une rencontre-choc, un projet fou né entre une tasse de café et un chocolat chaud, enfin, l’univers déraille. Enfin, un minuscule détail suffit pour que le destin de l’humanité s’imprime différemment dans les livres d’histoire. Le responsable de tant d’horreurs n’a pas existé, tout va donc pour le mieux. Vraiment ? Mais pourquoi s’imagine-t-on qu’en supprimant UNE variable d’une équation à quelques milliards d’inconnu(e)s, le résultat sera forcément meilleur ? Alors il faut pour les protagonistes tenter de rétablir la situation d’origine, boucler la boucle des petits détails qui changent l’histoire – mais est-on vraiment revenu à la situation de départ, d’ailleurs ? Et peut-on sereinement envisager que notre histoire, celle que nous avons vécue ou apprise à l’école, soit en fin de compte un mal pour un bien ?

Pire, meilleur… des jugements très subjectifs. À l’échelle des individus, dans l’immédiat, oui, les choses peuvent s’arranger, ou s’aggraver. Mais à l’échelle d’une civilisation, de l’humanité, à long terme, impossible de se prononcer. La seule conclusion indéniable, c’est que l’espèce humaine dispose globalement d’une capacité de nuisance envers elle-même impressionnante d’implacabilité, par le biais d’individus détenant le pouvoir de décider qui vivra ou mourra selon des critères totalement personnels.
J’ai beaucoup aimé cette démonstration de la futilité qu’il y a à se dire : « Et si untel n’avait pas existé, il n’aurait pas pu faire ceci ou cela ». Certes non, mais qui peut dire que personne n’aurait pris sa place et commis des actes aux conséquences tout aussi désagréables ? Une fois « entrée » dans l’œuvre, j’ai bien aimé l’humour grinçant, les chapitres en écho où tout semble se répéter jusqu’à ce qu’un grain de sable emporte le récit dans une direction toute différente, les clins d’œil sur les mérites respectifs des cultures britannique et américaine.

Par contre, le côté caricatural de l’ensemble m’a parfois dérangé. Michael ballotté par une Jane plus âgée, presque incestueuse dans son aspect maternel/maternant, un couple de copains qui se comportent comme les folles de la cage du même nom, un Alois cruel à l’excès avec une Klara si soumise : en fait, tous les sentiments sont poussés à l’extrême. Volonté d’enfoncer le clou sur les imperfections de l’humanité ? Mais j’avoue que j’ai adoré la pirouette du happy-end où Michael trouve l’amour pour de bon.
Surtout, le style de l’ouvrage a été un sacré frein pour moi. Comme son héros, l’auteur part dans toutes les directions. Récit à la première personne, chapitre historique, script de film, ce kaléidoscope agité m’a un peu donné la même impression que ces fichues séries télévisées où l’œil n’a pas le temps de se poser sur une image qu’elle vole en éclats. J’ai dévoré ce livre parce que je voulais connaître le fin mot de l’histoire, parce que je voulais me débarrasser d’une sensation de frénésie éparpillée, de l’impatience née d’avoir mis 260 pages, presque la moitié du livre, avant de comprendre comment s’emboîtaient les multiples pièces du puzzle étalé devant moi. Dévoré, pas vraiment savouré, et je reste un peu sur ma faim. Contrairement à mes habitudes, l’idée de relire ce livre ne m’est pas encore venue : la fin explique tellement le début que j’aurais l’impression de tricher en recommençant. Cette histoire est un cercle, c’est l’auteur qui le dit.

Stephen Fry
Le faiseur d’histoire
Folio S-F, 645 p, 2011
Traduit par Patrick Marcel